Printemps blanc. (Camille)

Je me fais littéralement chier, j'attends sur le canapé de ma chambre, regardant les émissions qui passent à la télé. Rien d'intéressant, devant moi, sur la petite table, je vois ce sachet blanc. C'est de la pure, j'ai arrêté, mais je garde ce sachet pour me rappeler, pour ne pas oublier l'état où j'avais été. Mes parents m'ont donné un dilemme : arrêter les drogues et continuer à vivre avec leur argent, leur protection ou alors continuer et dire au revoir à la famille Cartier. Ce n'est clairement pas possible, j'avais opté pour la première option. Déjà un an que je suis sorti du centre de désintoxication, je commence à être en manque. J'ai tout arrêter, sauf la weed. Un secret bien gardé. Jetant le sachet blanc contre la porte de ma chambre, je sors ma résine de cannabis de ma poche et commence à me rouler un petit spliff. Fumant quelques taff sur le bedo, j'ai cette envie de voir Neyla. Peut-être que c'était le fait d'être un peu défoncé qui me donne envie de la voir, puis je me fais chier autant l'inviter. Je lui envoie un petit texto, je n'ai pas de réponses. Elle doit être en soirée à michtonner d'autres mecs. La sonnette sonne, je me lève, me dirigeant vers ma porte d'entrée. Par le biais de la caméra, je peux voir ta silhouette élégante. J'ouvre la porte, spliff au bec, je te lance un regard de haut en bas. Bah alors. Tu sors de ta soirée rien que pour me voir ? Vas-y, rentre. Je finis par laisser la porte ouverte, te laissant pénétrer dans la demeure familiale. Fais comme chez toi. Ce n'est pas la première fois que tu viens ici, je t'ai déjà amené ici quelques fois. Je me dirige vers la cuisine, je sors deux verres et une bouteille de Tequila. Vêtu d'un simple short, laissant entrevoir mon corps, je sens une petite brise fraîche, faisant hérisser mes poils.

Tu me fais rire vraiment, j'ai envie de rire. Tu me dis que tu t'emmerdais, que t'espères ne pas t'emmerder en ma compagnie. Mais, je n'y crois pas, tu ne te passes plus de moi et j'avoue que ta présence ne me laisse pas indifférent. Trop fier pour l'avouer. Je préfère me couper une testicule que de te dire que j'ai envie de te voir tout les jours. D'ailleurs, ça fait déjà quelques jours qu'on s'est pas vus, j'ai eu ce petit vide. Ce soir, tu es là. Je comptes bien en profiter. Je ne réponds pas à ta pique, tu me suis jusque la cuisine où j'y sors deux verres et de la Téquila. Alors que je remplis les verres à moitié, tu refuses de boire. Tu te fous de ma gueule ? Tu vas pas me laisser boire tout seul, juste un verre, fais pas chier, Ney. Ouais, Ney, c'est comme ça que je t'appelle depuis que je te connais. Je m'en rappelle encore, tu croyais que j'étais un pote à ton grand frère, c'était loin d'être le cas, j'étais un de ses clients. Ancien client, maintenant. Tu connais mon passé, j'ai rien à te cacher. Alors que je tire une latte sur mon joint, tu me dis que je suis toujours contre les tee-shirt. Tu vas pas me faire chier, je sais que tu kiffes me voir comme ça. Je bois d'un trait le liquide ambrée de mon verre, je prends la télécommande de la chaîne hi-fi et j'allume le son. Ma musique préférée en sort, ce soir ne sors pas de maître gims. J'etais en pleine branlette. Du coup, tes mains vont remplacer les miennes, tu sais ? J'annonce la couleur tout de suite, tu n'es pas venue pour rien et tu le sais. Je te tends ton verre alors que la musique bat toujours son plein. J'aime jouer avec toi, je le montre bien.

J'aime pas quand tu me refuses des choses, j'ai envie que tu bois avec moi, j'aime pas boire seul. En fait, il n'y a pas grand chose que j'aime. Je lâche un soupire, mais je sers quand même les deux verres. Tu me lances une pique sur les tee-shirt, je réponds au tac au tac. Je sais que tu aimes voir mon corps, je sais que tu aimes le toucher. J'aime te faire languir, c'est comme ça. J'hausse les épaules, je ne veux pas rentrer dans ce jeu là. Du moins, je ne veux pas y rentrer maintenant. Il est trop tôt. Tu me demandes ce que j'ai fait avant que tu n'arrives, je veux jouer au final. Je te réponds que j'étais en train de me toucher, mais que c'est toi qui va le faire. La petite tigresse sort ses griffes, tu me plais encore plus quand tu es comme ça. Mais non. J'aime pas quand tu parles comme une racaille, quand tu dis ces petits mots de cité. Puis, tu me rembarres encore pour la Tequila. Ça m'énerve. Je bois ton verre d'un trait. Je fume ensuite une barre de mon joint avant de le poser sur le bar de la cuisine, à côté des deux verres et de la bouteille. Il ne faut pas que je l'oublie, je n'ai pas envie que mes parents trouvent ça là. Je m'approche de toi, je te saisis le bras gauche par ma main droite, mon autre main se dirige sur tes hanches. J'adore quand tu t'énerves. J'ai envie de jouer avec toi, j'ai envie de voir ce que tu as un peu dans le ventre. Mes bras se trouvent autour de ta taille. Tu t'es habillée comme ça pour aller michto encore, hein ? Ca te fait rire, ça t'amuse. Elle a voulu te michtonner aussi, profiter de ton argent. Sauf que je m'en fiche de tout ça, l'argent n'est pas un problème pour moi, elle sait que je peux lui offrir le dernier Michael Kors qui est sorti. Le dernier iPhone X. Je pose d'ailleurs ce même iPhone sur le bar, je remarque que j'ai reçu une notification de l'application Tinder. J'en souris. Mes lèvres trouvent ton cou où j'y pose deux, trois baisers. Tu veux fumer ? Je te regardes, je te défies comme toujours. Allez, j'ai envie que tu joues avec moi.

Parfois, je me demandes ce que tu peux me trouver. Je te fais du mal, mais tu reviens toujours. Qui aime bien, châtie bien. C'est ce qui ce dit, mais je ne suis pas sûr que c'est ce qui se passe entre toi et moi. Non, c'est bien plus compliqué que ça. T'es trop fière, comme moi. J'aime te chercher, j'aime te rendre folle. Notre relation n'est pas saine, loin de là, mais je sais que tu ne peux pas te passer de moi. En réalité, c'est peut-être le cas pour moi aussi. J'essaye de ne pas me poser cette question là, j'ai bien d'autres choses plus importantes à penser. Les notifications que j'ai reçu me font sourire, mais je ne me prends même pas la peine d'y répondre. J'ai bien plus important à faire. Sacrée tigresse, grr ! Je te taquines, encore et encore. Jusqu'où peux-tu aller pour moi ? Je te propose de fumer avec moi, ta réponse m'énerve. Point sensible qu'il ne faut pas toucher. Ma main monte jusqu'à sa gorge, pourtant je ne fais rien. Je ne frappe pas la femme, encore moins Neyla. Non pas elle, jamais elle. Ney... T'es sûre d'vouloir aller sur c'terrain là ? Que je te demande, j'ai pas envie de te faire du mal bêtement. Volontairement. Pas physiquement, mais plutôt moralement. J'ai envie que tu craques, que tu fasses encore le premier pas comme d'habitude. Ma main quitte ta gorge pour se trouver derrière ta nuque et jouer distraitement avec tes cheveux soyeux. Tellement doux, ton parfum m'enivre. Je commence à perdre les pieds, mais il ne faut pas. Ce n'est pas mon genre, je ne suis pas comme ça. Mon regard ne te quitte pas. Craque, c'est tout ce que je te demande.

Tu le sais que tu vaux mieux que les autres pour moi, tu es la seule que je vois plus qu'une nuit. On doit se voir bien plus souvent qu'il y a de jours dans la semaine, je ne peux pas m'empêcher. Tu es un peu cette bouée qui m'empêche de couler, ça, je ne te le dirais pas. Jamais. Trop de fierté pour avouer ce genre de choses. Je pense à notre première rencontre, tu croyais que j'étais l'ami de ton frère alors que j'étais en train de lui acheter des produits illicites. On avait tout de suite accroché. Après ce jour, nous nous sommes revus que longtemps après puisque j'étais parti en cure et à mon retour d'il y a un peu moins de deux ans, nous nous ne sommes plus jamais lâché. En effet, ça fait longtemps que je te connais maintenant. Flemme. Ouais, c'est vrai d'un certain côté. J'ai la flemme de leur envoyer un message, puis d'un autre côté, tu as raison et tu le sais. Je préfère être avec toi. Ma main se dirige vers ton cou quand tu fais allusion à mon passé, tu sais que je n'apprécie pas ce genre de choses. Spécialement ce passage à vide de ma vie. Au final, ma main continue son chemin pour se poser derrière ta nuque et je me rapproche de toi dangereusement. Tu joues avec moi, ton doigt dessine ma clavicule avant de sauter du bar. Ouais, vas-y. Je grommelle, je ne suis pas content que tu t'enfuis ainsi. J'ai besoin de me détendre, je prends donc mon pet que j'avais posé et l'allume à l'aide de mon briquet. La première longue taffe me procure un plaisir intense et je ferme les yeux pour en savourer le mieux possible. Fini le rap en fond sonore, des musiques plus chaudes et latines se font entendre depuis quelques minutes. Je prends mon téléphone, toujours des notifications inintéressantes pour le moment. Tu dors ici ou tu comptes rentrer chez toi après ? Je te demande simplement. Mais, en réalité, j'ai juste envie de passer la nuit entière avec toi.