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poison and wine (sinbad).

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MessageSujet: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptySam 16 Sep - 23:51

and i went tumbling down trying to reach your height
but i scream too loud if i speak my mind

Clope entre les lèvres. Nicotine niquant ses poumons. Il étouffe à chaque inspiration. Ça brûle le creux de sa cage thoracique. Sa bouche à le goût du tabac quand il passe le bout de sa langue dessus. C'est une sensation âpre et délicieuse à la fois. Ça fait longtemps qu'il s'en tape de sa santé, des conséquences de ses excès et de la suite. Faut bien crever de quelque chose qu'il a tendance à penser avec son regard qui est vide. Vide depuis trop longtemps maintenant. Son dos frappe le mur de briques. C'est froid. Ça glace son échine. Mais même ça, ça le fait pas réagir. Ses yeux ne perdent pas de vue la brasserie en face. Putain d'entreprise dont il brûlerait bien l'enseigne. Pas à cause de la concurrence. Pas à cause du succès quand on voit les gens qui entrent et sortent. Ceux qui précipitent pour une place. Ceux qui y vont et qui rentreront accompagnés à cause d'un trop plein d'alcool.Il déteste cet endroit à cause du connard qui s'y trouve. Ce connard qui le rend dingue. À chaque rencontre. À chaque regard. Ce connard dont il rêve trop souvent. Les paupières scellées pour s'imaginer un peau à peau aussi échaudé que puissant. Sentir la saveur de ses lèvres au contact des siennes. Langue valsant avec la sienne sur un air de tango. Il en rêve putain. Et plus il en rêve – plus il en crève. Ce mec, il le déteste. Il le déteste de toutes ses forces. Alors comme un pauvre demeuré, il est là – pourtant. Les poings serrés. Les poings si serrés que sa circulation se coupe presque. Son souffle est en suspend. Il observe. Il attend. Et quand la brasserie se vide enfin, son cœur rate un battement. Le vieux con voudrait faire demi-tour. Rentrer dans sa baraque, se servir un verre de bourbon et écrire. Balancer des mots sur une feuille blanche pour cracher sa haine. Pour décrire ce désir qui le rend fou. Qui prend d'assaut le bas de son ventre pour l'enivrer d'un besoin maladif. Il écrase sa clope sous sa godasse et en sort une autre immédiatement. Puis, il se met en marche. Quelques pas. Quelques mètres à peine. Juste pour se stopper devant la baie vitrée. Il inspecte l'intérieur d'un œil avisé. Plus personne. L'endroit en quelques minutes a fini par devenir désert de tout client. Il reste une silhouette bien trop connue pour son regard. Là, debout. Bien fringué comme d'habitude. Il doit s'affairer à compter la recette du jour – prêt à tout pour que son putain d'établissement continue à prospérer. L'anglais fume si vite, si fort, que ça en devient douloureux. Quelques secondes d'un masochisme qu'il s'inflige sans soucis. Le simple fait de le regarder – réveille ses sens. Tous ses sens. Ça crépite comme un feu à peine allumé. Un feu pas prêt de s'éteindre. Rage devenant désir. Colère devenant envie. Il termine sa clope et pose sa main sur la poignée. Il a envie de reculer mais impossible maintenant. L'anglais traîne des pieds – rappant le sol avec cette nonchalance capable d'agacer n'importe qui. Il s'avance vers le bar et l'autre con ne semble rien déceler de sa présence. Trop concentré. Trop ailleurs. Temps en suspend que le vigneron voudrait encore stopper. Juste un peu. Juste pour lui. Juste pour eux. L'observer et se souvenir de ses traits. De ce charisme qu'il dégage. De sa gueule de gosse de riche qu'il voudrait étouffer d'un baiser violent. De corps qu'il voudrait capturer – même un instant. Le tenir, le repousser, l'attirer, le repousser encore, le reprendre et le faire prisonnier de sa poigne et de ses caresses. Quand le temps revient frapper au creux de sa boîte crânienne – il secoue la tête en lâchant un soupir. « Une bière m'sieur le brasseur » qu'il dit d'une voix pleine de dédain. Quand l'intéressé lui fait fasse, c'est un sourire de salopard qui étire la bouche de l'anglais. Un sourcil arqué, une bouche plissée et un regard qui en dit long. Et pas assez à la fois.  Jamais assez avec lui. Il parle sans rien dire. Il regarde sans rien avouer. Y a que son âme qui grogne de désir et de paroles qui ne quitteront pas ses lèvres. « Quoi ? C'est pas ici qu'on sert la meilleure de cette ville ? » Ce fameux liquide amer et parfois sucré dont les gens semblent raffoler. Son truc à lui, c'est l'alcool fort. C'est le bourbon sec. C'est les choses qui font partir loin. Qui l'enivre et qui l'empêche de trop penser. Sinon, il serait bon pour se tirer une balle entre les deux yeux. Métaphore du mec désabusé par cette chienne de vie. « J'étais plus persuadé qu'elle avait le goût de pisse moi. » Il se paie littéralement sa tête. Comparer sa chère bière à de la pisse. De la pisse de chien en plus. C'est ce qu'il pense. Sans même y avoir goûté. Sans même y avoir touché. Il en a pas spécialement envie. Mais il reste. Il s'assoit sur une chaise haute et pose sa main sur le dessus du bar. Ses doigts tapent dessus un rythme aléatoire alors que ses prunelles accrochent celles du brun. « Mais autant se faire une idée » Toujours le même ton détaché. Toujours le même regard moqueur. Deux connards incapables de se traiter avec respect. Ils se cherchent, s'insultent, en viendront bientôt en mains. Mais est ce que ça lui importe vraiment ? Non. Il pourrait le frapper, lui détruire le visage de ses poings. Le sang pourrait couler. Devenir témoin de cette relation du diable. Devenir témoin de la hargne entre eux. Parce que Clay s'en fiche des coups. Il en a pris. Tellement. Surtout depuis un an. Souillé par une putain de garce. Vie écrasée par le poids de la rumeur. Alors maintenant, il est vide. Y a que son regard qui en témoigne et la façon dont il attend une réponse du principal intéressé.


Dernière édition par Clayton Lynch le Dim 17 Sep - 12:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptyDim 17 Sep - 10:46

Les rires qui résonnent dans la salle, les discussions qui vont bon train, les verres qui claquent entre eux, le brouhaha constant qui remplit l’espace ambiant n’est qu’une preuve de la bonne ambiance qui règne entre les quatre – et plus – murs de la brasserie. Si le petit prince observe son bébé prendre vie, il participe aussi au climat qui se veut plus que chaleureux, entre tout le monde, dans l’air environnant. Les bières fusent de partout, et il ne se fait pas prier pour attraper une pinte au passage et taper dedans. Après tout, il est le patron et n’a aucun compte à rendre. Et puis c’est l’éthique de la maison qu’il y ait justement assez peu d’éthiques. Les gens viennent à la Soulacaise pour passer un bon moment, c’est la règle d’or, celle réellement important, et les employés sont tout autant des gens. Certes, cela le ferait moyen si les serveurs et barmans étaient tout aussi ivres que les clients au moment de les servir, cependant s’ils savent se tenir, lui-même n’y voit aucun inconvénient. De plus, tout le monde sait que le jeune et beau Sinbad n’est pas en reste au niveau fête et alcool, et ce n’est probablement pas aujourd’hui qu’il va se restreindre. Il rit tout autant que ses clients, il discute tout autant que ses clients, il claque son verre tout autant que ses clients, si ce n’est plus. Le problème avec Sinbad, c’est qu’il est toujours dans l’abus, et ce soir probablement, un soir parmi tant d’autres, il va très probablement finir saoul comme un coin à divertir ses clients, ses amis, qui rient de ses blagues, qui rient de son état improbable. Oui, le pirate des sept mers s’amuse tellement, emporté par la douce et chaude tornade qu’est l’atmosphère à l’intérieur de la brasserie, qu’il ne remarque pas une seule seconde qu’il y a un homme qui attend et qui observe dehors, dans la rue et la nuit qui se fait de plus en plus noire à mesure que les minutes s’écoulent. Il pourrait très bien être un pervers sexuel ou un homme entrain d’espionner la brasserie pour pouvoir la cambrioler – seconde option quand même plus probable que la première –, mais le jeune homme n’en a que faire sur le moment, et bien évidemment qu’il n’en est rien. Et, d’une certaine manière, peut-être qu’il préférerait qu’il soit un voyou que l’homme qui attend réellement son heure, à l’extérieur. À ses yeux, il est bien pire qu’une vermine venue voler ses biens matériels, il est ce vaurien qui lui fait se tordre ses tripes, un mélange entre colère et désir retenus à grande peine.

Contre toute attente, le petit prince n’a pas bu tout son saoul cette soirée, et son état est plus respectable au moment de la fermeture, alors que tout le monde s’active dans un dernier effort pour pouvoir rentrer plus vite chez eux. Heureusement ils n’ont pas eu de client un peu trop insistant ce soir, qui veut rester toujours pour un dernier verre. Cela a été un départ groupé, et il a la sensation que le personnel va rapidement les imiter. Ménage fait, guéridons rangés dans les coins stratégiques de la salle pour qu’il puisse après sauter par dessus et fermer la porte à clef derrière lui, Sinbad se fait gentil et les congédie d’un petit sourire, d’une dernière blague à l’humour douteux, et d’un petit clin d’œil qui restera à jamais sa marque de fabrique de draguer invétéré, parfois même à son insu. Aussi agile de ses pieds qu’il l’est de ses mains, il étend sa jambe pour choper un tabouret de son habile patte qu’il tire vers lui, s’asseyant sans plus attendre sur le siège précaire mais confortable, se resservant une dernière pinte de fin de boulot, de calme, alors qu’il commence à faire la caisse de la journée. Il espère fortement que Debb ne s’est pas trompée, les trous de caisse c’est toujours une prise de tête inutile, et si Sinbad se met à la tâche sans rouspéter, il n’a jamais été la personne la plus studieuse de Bordeaux. C’est peut-être ainsi qu’il ne réagit alors qu’il entend la porte se pousser et s’ouvrir quelques minutes à peine après que Thomas soit parti avec les autres. Il ne lève même pas la tête, parce que sa concentration est profondément enfouie dans tous ces numéros qui lui donnent le tournis. Il ne se pose aucune question, puisqu’il se dit, en toute logique et innocence, que c’est un des employés qui revient chercher quelque chose qu’il a oublié. Mais son cœur saute dans sa poitrine, sa respiration se coince dans ses poumons, et tout son corps crie à l’agonie lorsqu’il entend cette voix, cette voix reconnaissable entre mille, cette voix grave qu’il exècre, cette voix grave qu’il a envie de faire taire à l’aide de coups de poing, cette voix grave qu’il a envie de faire taire de sa propre bouche. Peut-être un peu trop rapidement, sa tête se relève et son regard brun se pose sur cet homme qui le fout dans tous ses états. Pendant quelques secondes, il est dans un état similaire à celui du coma. Son cerveau a court-circuité, son cœur a cessé de battre, il ne sait plus comment respirer, jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il est vivant, et qu’il relâche tout, au risque que cela se voit, le fonctionnement de son organisme reprenant son court normal. Il hésite sur l’attitude à adopter. Il est perdu, le petit con. Il n’est jamais perdu, le petit con, normalement, sauf devant cet homme qui le met réellement dans tous ses états. Il ne sait pas s’il doit lui envoyer son poing dans la gueule, et lui refaire son portrait pour que son sourire goguenard lui donne un peu moins envie dans le bas ventre. Il ne sait pas s’il doit lui sortir une réponse sarcastique, qui ne fera probablement agrandir son putain de sourire pour découvrir sa dentition parfaite mais jaunit par le tabac. Il ne sait pas s’il doit plutôt l’ignorer et retourner à ses comptes, mais il sait que le vieil homme ne va pas s’arrêter en si bon chemin, et que sa voix de téléphone rose va résonner un peu trop longtemps à l’intérieur de son esprit, et qu’il va probablement rêver de lui entrain de lui susurrer des paroles obscènes à l’oreille. Connerie. Alors il sert les dents. « Va t’faire foutre. C’est effectivement la meilleure de la ville, et un vieux con comme toi ne mérite pas d’y déposer ses lèvres. » Les mots sont mal choisi, et il cache tant bien que mal un frisson qui parcourt tout son corps à l’image qui s’impose d’elle-même sans qu’il puisse contrôler. Non, il ne va certainement pas le servir. Et puis quoi encore ? Et comme un air de défi, il plante ses yeux dans les siens, pour mener sa propre pinte à sa bouche et d’en boire une bonne gorgée, la mousse restant accrochée à sa lèvre. Reposant le grand verre, il récupéra la mousse d’un coup de langue expert. Mais il voit rouge, le prince. Le prince est un branleur, mais la Soulacaise est son bébé, le seul truc qu’il n’a jamais aimé à foutre son cœur et son âme dedans, et il ne supporte pas qu’on puisse le dénigrer. Alors il serre les poings, les ongles s’enfonçant dans la paume de sa main, créant un fin et discret filet de sang. « Qu’est-ce qu’une sous-merde d’anglais peut en savoir ? » Sinbad est à court de mots. Les insultes sont l’arme des pauvres d’esprit, et putain il n’arrive pas à penser quand l’autre est dans les parages. Alors il l’attaque sur ce qu’il est, son âge, ses origines, alors qu’il ne peut pas nier que son putain d’accent est terriblement séduisant, et qu’il essaie de l’ignorer. « Casse toi, putain. Tu t’emmerdes tellement que tu viens me faire chier jusque chez moi ? Y en a qui bossent, merde. M’oblige pas à t’foutre dehors, t’es plus tout jeune pour ces conneries. » Sauf qu’il n’est pas au bout de sa vie, il est seulement quadragénaire – quoique ça paraît loin pour un gamin comme Sinbad –, et qu’il est assez imposant. Le jeune homme s’avance, mais le jeune homme, bagarreur comme il est, n’hésitera vraiment pas à en venir à la force pour le faire repasser par la porte d’entrée, mais dans l’autre sans cette fois-ci. Ils pourraient casser des choses au passage, mais il n’en rien à foutre. Tant qu’il peut casser sa jolie gueule. Fierté mal placée, il joue à son propre jeu, le défie du regard, se perdant dans ses opales lagons, bien trop bleus, bien trop clairs, une lumière d’arrogance dans le fond de ses yeux, qui l’hypnotisent et lui foutent les nerfs. Il tremble le gamin, il tremble de toute cette fureur qu’il contient tant qu’il peut. « Je le répéterai pas : casse toi. » D’un souffle saccadé, il vient prendre sa pinte une nouvelle, l’apportant à ses lèvres, comme si l’alcool allait aider à la calmer.
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MessageSujet: Re: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptyDim 17 Sep - 12:23

La luxure. La séduction. La passion. Il en a connu Clay. Des femmes. Des hommes. Il a caressé les courbes scandaleuses. Il a effleuré les corps virils. Il a bouffé des lèvres au sang pour avoir l'impression de crever d'un simple baiser. Il a couché avec un grand nombre de personnes. Sans se soucier de rien. Et surtout pas du lendemain. Profiter de l'instant. Réagir à l'ivresse du moment présent. Sentir sa peau frissonner. Sentir son cœur battre à s'en rompre. Laisser des râles rauques s'échapper de sa bouche. Séducteur dans l'âme – même sans le vouloir parfois, il a su obtenir gain de cause bien souvent. Un bar. Un verre. Deux verres. Et on ne les compte plus. Puis un regard qui accroche l'autre. Rictus sur ses lèvres. Une approche. Des phalanges qui se cherchent, qui se trouvent. Puis la même scène à chaque fois. Corps claquant contre un mur d'abord. Baisers s'arrachant dans une passion des cieux. Lui s'infiltrant entre les cuisses des nymphes qu'il a tant désiré. Lui prenant d'assaut la virilité de ces hommes qui ont su le séduire. Le séduire dans une certaine retenue. À chaque fois. Contrairement aux femmes. Jamais, il n'a réellement pu ressentir quelque chose de fort, de bouleversant, d'irréel avec un mec. Sans l'expliquer. Sans le comprendre. Question de goût avait-il finit par penser d'un regard sceptique. Puis, y a eu ce connard. Il est venu chercher à la paix dans cette ville française. Il a trouvé le feu au creux de ses reins. Putain, qu'il cracherait bien entre deux soupirs. Il est venu ici pour s'éloigner de son quotidien merdique. Des conneries qu'il a enchaîné – pensant que ça lui ferait oublier les rumeurs. Les petites voix qui se taisaient quand il passait et qui reprenaient ensuite. S'enfermer dans ce vignoble sans se soucier de rien. Boire son bourbon, écrire, cultiver ce fruit sacré pour son vin. Sans se faire d'amis, sans côtoyer qui quoique ce soit. Puis tout ses plans ont été chamboulés. Connard de brasseur qui a débarqué pour foutre un bordel monstre. Remuer son existence. Le secouer comme il ne pensait pas l'être un jour. Cette rage au creux des tripes. Ce désir dans chaque pore de sa peau. Clay le déteste sûrement autant qu'il le désire. C'est là toute la métaphore de la passion. Celle qu'il voit s'extasier dans tous les romans qui ont accroché ses yeux brillants. Voilà que son propre quotidien en devenait une pâle copie. Ça l'énerve. Ça le fait vriller. Trop à son goût. Maître du contrôle – qui ne contrôle plus grand chose à présent.

Alors il est là le vieux. Comme le roi des cons dans cette brasserie qu'il a en horreur. Idées en vrac. Idées décousues. Pas un sens ne se donne à ses actions. Et pourtant. Le feu est là. Le feu brûle. Le feu consume. Même refrain quand les deux sont dans les parages. Regards qui se défient. Regards qui se cherchent. Regards qui se trouvent et appellent aux flammes des enfers. Clayton a ce contrôle de soi. Celui dont ne dispose pas le français. Le vieux, il arrive à rester de marbre même quand la colère gronde dans sa chaire. Quand la colère devient impératrice au sein de ses veines. Veines qui palpitent si fort, qu'il pourrait les entendre. Lui, il arrive à sourire quand l'envie d'écraser son poing dans sa gueule est là. Lui, il arrive à parler d'une voix énigmatique et calme quand l'envie de tout foutre en l'air ici arrive. Rien ne transparaît sur son visage. Ni la colère, ni l'envie. Rien. Son visage est vide de toute émotion comme son âme. Les années, l'expérience, cette année de solitude. Facteurs ayant entraînés chez lui cette capacité à agir ainsi. Et c'est le cas maintenant. Encore plus face à lui. Assis sur ce tabouret. Paroles claquées dans le simple but d'énerver le brasseur. De le pousser dans ses retranchements. Comme lui le fait sans s'en rendre compte. Le même rythme s'impose. Clay – observateur et silencieux. Sin colérique et instable. Il l'écoute. Puis il se marre à sa remarque. Rire gras. Rire cynique. Comme si ce gamin était le connaisseur en la matière. L'expert du liquide qu'il croît maîtriser de tout son être. « Ouai, pardon m'sieur. On sait tous que ce sont ces chers frenchies qui ont tout inventé de la bière » qu'il siffle d'une voix mielleuse et fausse à souhait. Sourcil arqué alors qu'il le regarde avec toute la haine du monde. Ses pupilles brillent. Elles dessinent cette colère, cette rage. Elle dessinent ce désir, ce besoin. Quand sa bouche ne fait que le chercher. Il a envie de les attraper. De le pousser à même ce bar. De capturer la chaleur de sa peau et de le faire sien. Il le veut, putain. Il le veut tellement fort que son fort intérieur doit contrôler l’allure de sa respiration. À nouveau, c'est le silence qui devient roi. Il écoute le gamin rager, le gamin tenter de faire bonne figure, le gamin tenter de rester maître de la situation. Et ça le fait marrer. Parce qu'il voit la manière dans son corps tremble. La marque des frissons sur sa peau. Le fils à papa qui se laisse démonter par quelques paroles du hasard. Ça devient presque comique pour le vieux. Alors il bouge pas. Il l'écoute. Se casser ? Lui ? Non. Pas maintenant. Pas quand ça devient intéressant. Puis Clay, il fait pas ce que les autres disent. Esprit libre qui n'a jamais eu besoin de personne pour agir. Esprit libre qui a toujours vécu ce qu'il voulait – quand il voulait. Sauf peut-être maintenant quand l'envie de le prendre à même le sol viennent cogner contre ses tempes. Il perd la tête. Il en deviendrait fou. Alors par dépit, il allume sa clope au moment où le silence revient. La fumée envahie la brasserie. Mais il s'en tape l'anglais. Quelques secondes de suspend et il se lève. Il contourne le grand bar et rejoint le brun. D'un geste pas trop assuré, il se sert lui même un verre de bière. Pour l'énerver. Pour jouer au con – comme lui le fait si bien. « Le service laisse vraiment à désirer ici » siffle-t-il en se mettant à sourire. C'est pas un sourire cordial. C'est ce sourire qui foudroie. Ce sourire qui donne envie de répondre par un coup de poing. Ce que le brasseur veut au fond. Éclater sa belle gueule et voir un filet de sang couler. Le rouge de la passion. Le rouge de la colère. « Faudrait sérieusement travailler dessus si tu veux pas perdre des clients t'sais. » dit-il d'un air faussement compatissant. Comme si ça l'intéressait. Il en a rien à foutre de ses affaires. Encore moins du fric qu'il doit gagner ici. Fils à papa qui aura un autre jouet quand celui-ci prendra l'eau. C'est tout le temps comme ça. Il le sait. Il a grandi dans le luxe. Il a vu son père tout faire pour le faire agir comme lui. Tenter d'acheter son amour avec des montres, des bagnoles, avec des biens immobiliers. Ça lui file la gerbe d'y repenser. L'anglais tire alors sur sa clope. Les arabesques grisâtres s'extirpent de sa bouche et il se rapproche d'un pas vers le brasseur. « Ah. Et je vais pas me casser. Sauf si tu réussis à me foutre dehors » Même sourire de connard sur ses lèvres. Vague hochement des épaules quand il l'observe. Cette simple proximité suffit à allumer le feu. Ça devient douloureux. Partout. Sa tête. Sa bouche. Son bas-ventre. Tout son corps est paralysé par l'envie qu'il fait naître. Le verre entre les mains, la clope entre ses lèvres. Il s'approche pour lui faire face. Ils sont si proches que leurs souffles rythmés par la colère se croisent et s'unissent. Il pose son verre et regarde le brasseur. L'échange est puissant. Les mots n'ont pas besoin de claquer dans l'air pour signifier son état. Il se rapproche encore et sa bouche n'est plus qu'à quelques millimètres de la sienne. Il la frôle sans la frôler. Il la dévore de son imaginaire. Il frissonne le con. Ça arrache son échine claire. Ça vient lui donner cette sensation de vie. Sensation perdue depuis longtemps maintenant. Rien que pour ça, il voudrait recommencer, continuer, tenter, réussir à l'avoir. Pour vivre. Quelques heures au moins et crever demain. Nouveau. « Mais en as-tu seulement envie ? » La question vient danser contre les lèvres pincées du français. Tentation des abysses. Tentation qui fait souffrir. Ça crame. Ça dévore. Alors par instinct de survie, Clay recule, avale une gorge de bière, tire sur sa clope. Les gestes se suivent par mécanisme. Sans réflexion. Sans émotion. Il devient ce robot. Aseptisé de tout ressenti. Aseptisé de toute émotion. Mensonge éhonté vu ce qui gronde dans son bide. « C'est bien ce que je disais : de la pisse. De la putain de pisse. » Qu'il dit, amer. Amer de pas avoir arraché un baiser au brasseur. Amer de jouer au gamin du haut de ses quarante-six ans. Amer d'être un connard comme l'est celui en face. Amer de ne pas l'avoir pour lui. Rien qu'un peu. Rien qu'un moment. Salope de passion qui le hante.
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MessageSujet: Re: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptyDim 17 Sep - 17:19

Sinbad, il ne comprend pas. Les opales du brun fixent le vieil homme en face de lui, l’observent sous toutes les coutures, mémorisent les moindres de ses traits, de ses rides, comme si la vérité était écrite sur sa putain de gueule. Ses prunelles hypnotisées par son visage marqué par le temps, l’expérience, chose qu’il n’a pas du haut de ses vingt-cinq petites années même s’il se prend pour le roi du monde, et ses pensées voguent au gré de son esprit. Il est furieux, le gosse. Il est furieux à cause de ce vieux con qui arrive à le mettre hors de lui rien que par sa présence, rien que par son sourire arrogant, rien que par quelques petits mots tranchants bien placés. C’est bien que Sinbad ne comprend pas. S’il n’a jamais autant vu rouge qu’en présence de ce mec, cet inconnu qui a pris une bien trop grosse place dans sa vie, il sait que le sentiment de haine palpable est réciproque. Il sait très bien qu’il a autant envie de lui foutre un poing dans sa belle gueule que lui. Alors il ne comprend pas. Il ne comprend pas ce qu’il fout à venir lui rendre visite chez lui. Parce que s’il vient à la Soulacaise, c’est loin d’être anodin. Parce que s’il vient à la Soulacaise, c’est qu’il a une idée derrière la tête. Parce que s’il vient à la Soulacaise, c’est pour le voir lui. C’est très prétentieux de sa part de penser ainsi, mais il ne voit pas d’autres explications. Le vieux n’aime pas les bières, c’est bien ce qu’il dit, et il n’a rien à foutre dans un tel endroit. Non. Il vient pour lui foutre les nerfs. Et Sinbad, il ne comprend pas. Lui, il essaie plutôt d’éviter l’homme. Lui, qui habituellement, est toujours dans la provocation, qui aime jouer son petit prince qui piétine le monde, c’est la première fois qu’il ressent le besoin de ne pas être dans le sillon de l’un de ses ennemis. Oui, parce qu’il est immature au point de considérer qu’il a des ennemis. Il ne comprend pas, parce que ce Clayton devrait faire la même chose que lui, et pourtant il est en face de lui ce soir, assis sur un tabouret à son bar, à demander à goûter sa bière. Sa bière. La sienne. Et il tremble de tout son corps pour contenir ses pulsions les plus sombres, cette fureur, cette rage, cette colère qui devient confuse à cause de fantasmes qu’il fait naître bien malgré lui, bien malgré eux, dans son esprit, et dans son bas ventre. Ça le fait chier, putain. Il le fait chier, putain. Il n’arrive pas à penser lorsqu’il pointe le bout de son nez, et il se sent con face à ses piques. Répartie qui lui manque fatalement. L’homme est peut-être venu le trouver, mais il est clairement maître de lui-même, alors que toutes ses émotions peuvent se lire sur tout son corps et son visage. Si les opales bleutées de l’anglais brillent d’une froideur à glacer n’importe quelle âme, celles du brun sont aussi chaudes que la braise. A son of ice and fire. Et l’évidence même lui fout encore plus les nerfs. Il sent un doux filet chaud couler de sa paume droite, une douleur diffuse parcourant chaleureusement tout son organisme, l’aidant à rester sur terre et à se calmer. Un peu. Seulement un peu. L’homme se fait cinglant, et comme cela, rien que comme cela, aussi simplement, il lui fait fermer sa gueule. Et Sinbad rage de ne rien trouver à lui redire. Est-ce que ce sont les frenchies – comme il dit – qui ont inventé la bière ? Il n’en sait rien, putain. Est-ce qu’ils ont des bonnes bières en Angleterre ? Il ne sait pas non plus. Et il a envie de se baffer pour son manque de culture flagrant, un manque dont il s’est toujours foutu, mais aujourd’hui il expérimente le retour du boomerang. Alors, il fait tout ce qu’il peut faire, fermer sa gueule et peser le pour et le contre de lui envoyer un pain dans la gueule. Il est silencieux, sa bouche est silencieuse, mais son corps ne l’est pas. Son cœur bat la chamade, les battements de son palpitant résonne dans le creux de ses oreilles, et il a presque l’impression que le monde entier peut l’entendre. Alors que ce n’est que dans sa tête, bien sûr que ce n’est que dans sa putain de tête. Il a un self contrôle qu’il ne lui ressemble pas alors qu’il lui demande de se casser, alors qu’en vérité il a envie qu’il reste pour qu’il puisse lui casser les dents. Comme s’il allait accepter si docilement sa requête. Comme s’il y avait une once de chance pour qu’il abdique si gentiment à son exigence. Même Sinbad n’y a pas cru un seul instant. Cependant, s’il s’attendait bien à ce qu’il l’envoie chier en faisant comme si la brasserie était sienne, le gamin est choqué, purement choqué, lorsqu’il le voit passer derrière le bar. L’expression neutre, placide, impassible, parce qu’il voit encore plus rouge, si c’est possible. Personne n’a le droit de passer derrière son bar, s’il n’a pas donné sa permission au préalable, ou celle de Thomas. Et lui, encore moins. Il souffle. Il respire. Inspirer, expirer, qu’il se répète en boucle. « On traite très bien nos clients, toi t’en fais vraiment pas partie. » Ce n’est pas comme s’il avait à se justifier, et pourtant Sinbad ne peut pas s’en empêcher, comme s’il avait quelque chose à prouver à ce vieux con. Il est contre ce principe de mettre quelqu’un tricard, mais lui il pense sincèrement à foutre sa fiche chez les flics pour ne pas qu’il s’approche à moins de vingt mètres de lui. Toutefois il le laisse se servir. Il le laisse se servir parce qu’il est beaucoup trop en trembler, et que tout mouvement est impossible. C’est comme s’il est paralysé, et il hait cette sensation. Un feu ardent dans les entrailles qui le consument au point qu’il a l’impression d’être entrain de mourir et de se faire traîner jusqu’en enfers. Quoique clairement il n’ira pas au paradis, et de toute manière il ne veut pas. « Me tente pas… », qu’il siffle de manière presque imperceptible, si l’homme maudit n’était pas aussi proche de lui, entre ses dents serrés, sa mâchoire devenue blanche sous la tension. Le tenter de quoi ? Le foutre dehors, c’est bien de cela dont ils parlent. C’est ce qu’il devrait faire, et pourtant il est incapable de bouger de son putain de tabouret, la fiche de caisse toujours poser sur le comptoir en face de lui, quelques liasses de billets froissées dans sa main, celle qui n’est pas entrain de s’enfoncer les ongles dans la peau. Il oublie encore de respirer lorsque l’homme entame un mouvement dont il ne s’attendait vraiment pas. Il fout quoi à se rapproche de lui comme ça ? Déjà il vient le chercher dans sa brasserie, et maintenant il vient pénétrer son espace vital. Qu’est-ce qu’il fout ? Il a compris son désir secret, cette envie interdite, et veut le provoquer toujours un peu plus, toujours plus loin ? Envie. Envie de quoi ? Il lui parle de quoi ? Envie de lui, de son corps ? Parce que oui, bordel. Et le fait de résister, de résister à ses propres pulsions, ça ne fait que le désirer un peu plus, et ça le tue, ça le brûle le fond de ses entrailles, douleur bien plus insupportable que la paume de sa main qui saigne de plus en plus sous l’effort. Il sent son souffle contre ses lèvres, il sent son haleine parfumée et enivrante contre ses lèvres, et il s’empêche de respirer. Il s’empêche de respirer pour ne pas se faire manipuler par ce putain de parfum. Mais surtout, il craque. Quelque chose disjoncte dans son esprit, dans son cerveau en bordel, envahi de pensées chaotiques qui s’entrechoquent les unes contre les autres. Il ne sait pas pourquoi il disjoncte. Peut-être est-ce de se retenir aussi longtemps alors qu’il a l’habitude d’agir selon ses impulsions. Peut-être est-ce son ultime remarque par rapport à sa bière, cette bière pour laquelle il s’est donné du mal. Peut-être est-ce cette proximité qui le trouble, alors qu’il essaie de reculer et reprendre de la distance. Mais il disjoncte complet, et sans qu’il n’ait le temps d’y penser, son poing ensanglanté vient s’écraser contre cette bouche tentatrice et colorer son visage prétentieux de sa propre hémoglobine. Le verre vient s’écraser au sol, et la bière vient éclabousser sur le sol pourtant nettoyé à fond quelques bonnes minutes auparavant. Mais il s’en fout, actuellement, Sinbad. Il ragera sur ce détail bien plus tard. Sinbad, il est fou de rage. Il saute au sol, ne tenant plus sur son tabouret, les quelques billets qu’il tenait encore s’envolant entre eux, et il vient empoigner de sa main rouge l’anglais par le col, tâchant salement son t-shirt, avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit. « J’t’ai prévenu. J’t’ai prévenu, putain. J’t’ai dit de te casser, t’as pas voulu m’écouter, parce que t’es vraiment qu’un sale con. » Sous la force de l’adrénaline de sa rage qui coule dans ses veines, il vient à le soulever légèrement, ses pieds continuant à toucher le sol malgré tout parce que l’homme n’est pas aussi frêle qu’il le voudrait, et il le plaque contre le mur derrière lui, une bouteille sur l’étagère en haut venant s’éclater au sol, trempant le parquet toujours un peu plus. Il le coince ainsi, essayant de le maintenir pour qu’il ne puisse pas bouger, ou s’échapper. C’est lui, maintenant, qui empiète sur son espace vital, mais pour des raisons apparentes différentes. « Qu’est-ce que tu cherches au juste ? T’as un sérieux problème, mon gars. J’hante tellement tes putains de pensées que tu viens me chercher des emmerdes jusque dans mon bar ? » Sinbad, il essaie tant bien que mal de se défaire de l’emprise que cet homme a sur lui, et ça le fait enrager de constater qu’à chaque fois qu’il fait un effort surhumain qui est sur le point de payer, Clayton l’anéantit en revenant le voir, le provoquer toujours un peu plus, hanter ses putains de rêves à lui.
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MessageSujet: Re: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptyLun 18 Sep - 18:19

Le vieux est là. Sombre con debout, qui attend. Il ne sait pas quoi. Il pourrait se tirer. Il devrait se tirer. C'est ce que sa conscience lui dicte. Trois pas en arrière et tourner le dos. Trois pas en arrière et rapper ses godasses sur le sol pour se barrer. Quitter ce bar. Quitter ce fléau. Quitter la noirceur qui se dessine dans ses traits quand il est dans les parages. Tout quitter, sans se retourner. Sans revenir. Rentrer dans son manoir. Avaler un bourbon d'une traite. Grimacer à cause du goût amer. En reprendre. Et rager. Rager comme un fou en griffonnant des pages blanches à l'encre noire. Maudire le prénom du brasseur. Le hurler. Le crier. Tout balancer pour laisser sa rage s'exprimer. Tempête d'émotions. Bourrasque de ressentis. Rarement mis dans un tel état. Il joue au con. Il se met à la hauteur de celui en face. C'est pas son genre au vieux. Habitué à rester silencieux. Habitué à s'enfermer dans son monde. Celui que personne ne comprend. Celui que personne ne cherche à découvrir. Ce monde où il a été enfermé durant un an. L'alcool en refuge. Le silence comme roi. Sortir dehors pour la forme. Pour sentir le froid sur sa peau. Pour ressentir quelque chose et se dire qu'il n'est vraiment mort. Puis traîner les pieds, rentrer et souffrir. Même refrain. Souffrance dépeinte de son existence. À cause des mensonges. À cause de la folie de cette gamine. Diablesse habillée sous une carapace d'ange. Il pourrait reconnaître ses traits. Sa mine d'une beauté douce, à peine éclose. Sa beauté qui ressemblait à celle d'une rose qu'on cueille – sans imaginer toucher les épines. Son regard brillant qui attendait qu'une chose. Il revoit tout. Il repense à tout. Et c'est sûrement ce qui le fait disjoncter. Il croit que c'est à cause de la gamine. Il se dit que c'est à cause de tout son passif. La vérité est ailleurs. La vérité est devant lui. Le roi du monde qui croit dompter l'univers de son regard vif et sombre. Le roi du monde qui croit disposer de tous les droits et avoir raison sur tout. Le roi du monde qui pense avoir le dernier mot – parce que c'est tellement l'habitude que les autres lui ont octroyé. Petit gamin qui a eu tout ce qu'il voulait en claquant des doigts. Parfois, à le regarder, il voit le pâle fantôme de ce qu'aurait été sa vie avec des choix différent. Dire oui, à papa. Hocher bêtement de la tête. Accepter un futur construit dès son enfance. Premiers cris d'un nouveau-né lâchés dans une salle aseptisée. Aseptisée par la froideur des émotions présentes. Un vague sourire sur le visage de la mère. Et des pupilles qui se noyaient dans le goût du pouvoir pour le père. Dès sa naissance, il a été aimé à l'envers. Il a été aimé d'une façon bancale. D'une façon qu'il n'a pas compris. Sûrement que ça explique à quel point, lui ne sait pas aimer. Il ne sait pas s'attacher. Le feu gronde dans ses reins, il baise, il détaille, il attise et il se barre. Il se barre pour ne pas avoir à rester. Pour ne pas avoir à discuter. C'est tellement plus simple. De ne pas créer de lien d'attachement. De laisser la froideur (et la peur) l'emporter sur le reste. C'est lui. C'est ce qu'il a été durant des années. C'est ce qu'il a choisi de rester. Et maintenant, il voit tout se bousculer.

Les images fusent à une vitesse folle. Le film de la vie se retrace sous ses cils qui battent. Et face à l'attente. Face à ce silence pesant entre les deux hommes. Face à la colère qui fait battre les veines de Sin. Face à tout ce qu'il rêve de faire – mais ne fait pas. Clay déraille alors que son apparence est calme. Il se revoit prêt à céder à la tentation finale. Il revoit le visage de Naomi. Il revoit le directeur de l'établissement venir le convoquer. Claquer des paroles le faisant passer pour le pire des monstres. Il se revoit mis à la porte. Debout devant les portes de l'établissement chic et catholique. Le vent et la pluie sont venus frapper son corps. Mais il n'a pas pu bougé. Paralysé. Blessé. Écoeuré. La clope entre les lèvres qui se décomposait sans même qu'il ne puisse la consumer. La silhouette pantoise. Le cœur meurtri. Les ressentiments remontent et la rage avec. Une rage égale à celle du brasseur. Quand il laisse les éclats de colère devenir coup. Un coup qui défonce la lèvre du vigneron. Décharge électrique dans son corps. Le trait de sa mâchoire tendu et contracté. Il encaisse. Il encaisse les coups. Il a tout le temps encaissé. Ça fait mal, il s'en tape. Ça saigne, tant mieux. De sa langue rosée, il rattrape une goutte de sang. Goût de fer trop écoeurant qui gagne le creux de son palet. Il ne rend pas le coup. Il ne dit rien. Il n'a pas le temps. Son corps est propulsé contre le mur. Les verres claquent au sol. Le liquide précieux se perd sur les méandres de souvenirs violents. Corps disloqué par la force de Sin. Il l'embarque dans sa rage. Il l'emporte et se plaque contre sa silhouette en jouant à l'homme. Un sourire de connard dépeint la bouche de Clay. Un putain de sourire quand il est prisonnier de l'étreinte du brasseur. Ça crame. Ça crame de partout. C'est fort, c'est puissant. Le bas de son ventre grogne d'une envie féroce. Lèvres meurtries qui ne demandent qu'à être pansées par les siennes. Il l'observe. Comme ça. Avec un mépris qui se mélange au désir. Il va finir par crever. Crever de cet effet incendiaire. De ces flammes qui commencent à le chauffer, à le brûler, à faire mal. De ces flammes qui commencent à le tuer de l'intérieur. Ils sont si proches que les souffles se cherchent, se captent. Ils sont si proches que son espace vital est bousillé. Comme lui. Clay, il est bousillé. Une vieille carcasse qu'on a abimé. Qu'on a brisé. Une carcasse lourde qu'il traîne sans réussir à trouver un vrai sens à sa vie. Y a que le connard en face qui a su s'infiltrer dans ce quotidien morne. Comme un putain de poison. Comme un féroce venin qui va finir par le buter sur place. Il déclenchera une douleur sans précédent dans sa chaire. Puis il le laissera crever comme un malpropre sur le bitume. Agonie presque nécessaire si ça lui permet de l'avoir. De le posséder pour un temps. Sans rien attendre du lendemain. Sans rien désirer ensuite. Il sent les battements de son palpitant qui s'affolent. Rythme irrégulier. Rythme en suspend. Il mord sa lèvre et ça réanime la douleur. Un éclat de rire éclate à la remarque du brasseur. Il a raison. Ouais. Il a raison. Ce connard hante ses pensées. Beaucoup trop. Même quand il ne veut pas y penser. Même quand il croit pouvoir l'oublier. Quand il se dit que c'est rien, que ça passera – comme tout le reste. Sauf que ça passe pas. Ça reste. Ça affole. Ça assassine. Il le tue. Il le tue de tout ce qu'il crée en lui. Et rien que pour ça, lui aussi le hait. « C'est ce que tu voudrais entendre hein ? T'es pas le centre du monde petit con. » Qu'il crache l'anglais, d'une voix forte et rauque. La mélodie de sa voix se casse. Comme tout le reste. Il reste suspendu à l'attache de Sin. Il le défie. De ses yeux. De cette pulsion qui naît dans sa chaire. Son regard clair devient subitement voilé par le noir du ciel. Le noir de la colère. Putain. Il sent à quel point tout capte sa chaire. Son esprit. Il devient fou. Fou de rage. Fou de lui. La gorge asséchée qui demande qu'à être imbibée d'alcool. Ses lèvres qui tirent et font mal – quand seul le brasseur pourrait les guérir. Putain qu'il se répète intérieurement. « T'es content, tu as fais ton homme, tu as frappé ? » Dit-il en le défiant du regard. Il a frappé. Il a frappé pour prouver un truc. Pour se dire que c'est un mec, un vrai mec. Qu'il parle pas comme ça dans le vent. Qu'il claque pas des paroles comme on claque des idées au hasard. Qu'il sait agir. Que c'est un violent le type. Que frapper ça doit le faire bander autant que d'imaginer les lèvres du vieux sur sa chaire, sur son torse, son dos – partout. C'est ce qu'il pense. Clay en est même convaincu. Il pourrait gagner de sa force. Reprendre le dessus sur le brasseur mais rien. Il continue de le fixer. Il continue d'être dévasté. Pas un pore de sa peau n'appelle pas le type en face. Pas un pore de sa peau ne le désire pas comme un poète désirerait conquérir le monde de ses mots. « Vas-y frappe. Frappe encore. Frappe de toute tes forces si ça te permet de porter tes couilles une seule fois dans ta petite vie dorée » Qu'il crache avec férocité. Sa voix est tremblante. Ses phalanges aussi. Et dans un mouvement, il débloque. Il vrille. Il revoit le visage du diable. Il entend les petites voix qui ont sali sa vie. Le fil de sa vie décape son esprit. Et la force gagne du terrain. Il se détache de Sin en le repoussant avec puissance.Sa main se pose au creux de son cou alors qu'il le plaque à même le bar. Son corps est contre le sien. Son souffle crée une arabesque du désir avec celui du brasseur. Il serre sa main et défonce sa gorge pour lui faire mal aussi. Une autre main sur son bras pour l'empêcher de bouger. Pour l'empêcher d'agir à nouveau. À son tour, il devient maître de la situation. Il gagne cette fois-ci. « T'es tellement au dessus de tout que tu vois rien. T'es qu'un putain d'aveugle. J'en ai rien à foutre de ta brasserie, de ta bière, de ton succès. » Il dit vrai. Grand bien lui fasse au connard d'avoir succès. De gagner encore plus de fric. De voir les petites salopes du coin minauder devant lui pour pouvoir se prendre un coup de trique bien placé. De voir les gens s'extasier devant lui comme s'il était l'empereur à vénérer. Il s'en bat les couilles de ce bordel. Il s'en bat les couilles parce qu'en vrai, la seule chose qui compte à cette seconde-ci, c'est lui. Le brasseur. Son regard ténébreux. Sa silhouette qui le rend avide de ce désir. Tout. Tout chez lui fait débloquer le vieux. « T'entends, j'en ai rien à foutre de tout ça » Qu'il vient glisser d'une voix rauque et sensuelle au creux de son oreille. l se penche sur lui. Tellement qu'ils sont torse contre torse. Souffle contre souffle. Il pourra marquer sa peau. Mordre, un peu. Juste un peu. Chercher, toujours plus. Mais rien. Il se recule à peine et sa main lâche son bras pour toucher sa taille. Il la laisse même glisser de quelques centimètres sous le tissu. Phalanges au contact de sa peau. Phalanges qui caressent sans caresser. Phalanges qui espèrent sans obtenir. Contact brûlant et électrisant. Contact qui lui fait un putain d'électrochoc dans le cœur. Un truc fort. Un truc qui fait boum boum partout. Un truc qui fait bang bang. C'est un truc qu'il a pas éprouvé. Pas une fois en quarante-six ans d'existence. Y a que ce connard qui y arrive. Il remonte un peu sa main alors qu'il vient faire buter son front vers celui du brasseur. Sa lèvre meurtrie peut maintenant frôler celle de l'homme. Contact à peine réel. Comme tout ce qui se passe. « Je te déteste » Profonde inspiration pour se nourrir de son odeur. Profonde inspiration pour pas l'étrangler de sa force. Il rouvre les yeux. Croise le regard du brasseur. Il est foudroyé sur place et c'est la meilleure des choses. Puis Clay stoppe tout mouvement. Il reste là comme un con. Un con séduit. Un con perdu.
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MessageSujet: Re: poison and wine (sinbad). poison and wine (sinbad). EmptyMar 19 Sep - 14:22

Plaqué contre le mur dont tombent les malheureuses bouteilles à moitié vides, à moitié pleines, argent perdu, bordel qu’il devra nettoyer après alors que son équipe a encore tant travaillé, travail parfait, Sinbad est trop près, bien trop près de cet homme qu’il exècre. Il peut sentir son parfum, ça l’énerve, ça l’envoûte. Ses opales bruns sont, eux, obnubilés par cette lèvre, cette lèvre qui donne déjà habituellement un peu trop envie et qui le rend furieux lorsqu’elle se transforme en sourire goguenard, cette lèvre fendue dont coule un léger filet de sang. Filet de sang qui reflète le sien, qui noie son poing et marque le t-shirt de l’homme con qu’il a toujours en boule dans sa paume pour le maintenir en place. Leur relation est une alternance entre guerre froide et troisième guerre mondiale à petite échelle. Le calme pour laisser place à la tempête, qui redevient un calme tendu, seulement pour faire exploser une tornade encore plus importante. Sinbad lui a collé son poing dans la gueule, et il ne regrette pas. Il ne regrette pas, mais alors qu’ils sont dans cette position le temps semble s’être figé entre eux. Encore une fois, il en oublierait presque comment respirer. Inspirer, expirer. Ce n’est pourtant pas compliqué, putain. Le temps s’est figé, tout comme lui, tout comme eux. Hypnotisé, presque paralysé, les paroles de l’homme coulent sur lui, sa peau qu’il voudrait imperméables à toutes ces sensations qui lui procurent alors qu’il ne l’a même pas touché proprement, et il les entend en sourdine. Il s’entend répondre aussi, comme si sa bouche agissait d’elle-même, comme s’il était présentement extérieur à sa propre enveloppe corporelle. « Qu’est-ce que tu fous là, alors ? » Question plus que sincère, plus qu’innocente en un sens. Sinbad, il ne sait pas qu’il n’est pas le centre du monde. Le petit roi fait ce qu’il veut, quand il veut, et il pense que la Terre tourne autour de lui, qu’il est le centre de la Terre, le point gravitationnel. Mais même outre que cela, il ne comprend vraiment pas ce que monsieur vient foutre à la Soulacaise alors que la brasserie est fermée, alors qu’il ne reste plus que lui. Sa question est prétentieuse, mais sa question est juste. S’il n’est pas entre ces quatre murs pour lui, alors qu’est-ce qu’il vient réellement foutre ? Une part de lui espère, une part de lui espère peut-être trop fortement – mais il met cette part en sourdine, dans un coin de sa tête trop vide, trop remplie – que c’est bien le cas, que cette obsession morbide est réciproque. Ou alors non. Il voudrait qu’il lui lâche la grappe, une bonne fois pour toute. Qu’il sorte de sa vie, de la même manière qu’il en est rentré : comme un tsunami qui emporte tout et détruit tout sur son passage. Mais son corps en redemande à chaque fois. Redemander de quoi ? Ils n’ont jamais eu de contacts corrects. Le prince est paumé, c’est probablement la première fois. Le prince ne sait pas ce qu’il veut, et ça le perturbe encore plus.

Sinbad serre les dents, et serre encore plus fort le poing, le sang coulant légèrement plus fort de sa paume abimée par ses propres soins, les gouttes qui commencent à tomber, chuter, et perler sur le parquet définitivement foutu. Non, il n’a pas fait l’homme en le frappant. Il l’a prévenu, il l’a averti. Il lui a posé un ultimatum, le choix était le sien. Mais le vieux con ne fait que le provoquer toujours plus, et Sinbad est loin d’être un homme, c’est lui-même un petit con qui se laisse envahir et posséder par ses émotions les plus forts, les plus immatures.  « Va te faire foutre. » Il articule bien chaque syllabe, insulte qu’il a déjà dit il y a quelques minutes, insulte qu’il répète comme si elle allait avoir un impact, insulte qu’il répète parce qu’il n’a décidément aucune répartie lorsqu’il est près de lui. Il doit être content, le vieux. Il doit être content de le mettre dans un tel état de rage hystérique. Il doit être content d’être le seul à réussir à lui faire fermer sa grande gueule. Mais Sinbad, il déteste ça. Il voudrait que son cœur arrête de s’emballer lorsque son regard ténébreux tombe sur la forme argentée de l’anglais, lorsque son odorat fait abstraction de tout si ce n’est son parfum unique et singulier. Il voudrait savoir si son cœur s’emballe parce qu’il a la haine, ou parce qu’il a envie. Il ne sait pas, il ne sait pas grand chose, mais d’habitude il est clair sur ses sentiments. Loup solitaire qui ne s’arrête que pour baiser. Mais pas des hommes comme lui, oh que non. C’est Sinbad qui se fait frapper par les paroles provocatrices du vieux con. Il entend parfaitement bien sa demande, et il se fige encore plus. Statue de pierre, cœur de pierre, le jeune homme n’est plus, il n’est plus présent parmi eux, bien spectateur de cette scène dont il est pourtant un des acteurs principaux. Il a envie de le frapper, c’est indéniable. Encore et encore, sans jamais s’arrêter, frapper jusqu’à épuisement, qu’ils en crèvent tous les deux. Toutefois, il pensait qu’un coup bien placé, et putain il a donné son cœur dans ce poing, suffirait. Il est décontenancé, le gamin, et il ne veut pas le frapper alors que c’est cet enfoiré qui lui demande. Alors il reste figé, réfléchissant à son prochain mouvement. Cerveau en surchauffe, cerveau est incapable d’exécuter la plus facile des tâches. Et alors que son cerveau reste court-circuité pendant ces minutes – ou plutôt secondes ? – interminables, cela cause sa perte. Le gamin se sent propulser, sa propre poigne perdant de sa fermeté sous la surprise, il se sent perdre l’équilibre pour être rattrapé avant qu’il n’ait eu le temps de faire un mouvement, il se sent férocement agripper et il se sent heurter le comptoir derrière lui. Mais c’est bien tout ce dont il est capable : ressentir, parce qu’il ne comprend vraiment rien, le gamin.

Le dos douloureux dans une telle position, le bras qui doit devenir rouge sous la pression de sa main qui ne se fait pas douce pour le maintenir en place, la gorge qui commence à le piquer et les poumons qui commencent à brûler sous le manque d’air, Sinbad est pris au piège et ne peut vraiment rien faire. Alors il subit, et il déteste cela. C’est seulement une litanie de paroles abstraites qui s’échappent des lèvres de l’homme maudit. Et Sinbad est plus concentré sur la manière dont elles bougent que sur ce qu’il dit réellement, cependant l’absurdité de ses paroles le frappe. Il répond sans répondre, à l’évidence. Il s’en fout de tout cela, il s’en fout qu’il dit. Alors qu’est-ce qu’il fout à la Soulacaise, auprès de lui, à lui faire voir des étoiles blanches à cause du manque d’air qui commence à être violent. La question est toujours en suspens, et probablement qu’elle ne sera jamais répondue. Peut-être que le prince est véritablement aveugle, tellement le comportement du vigneron est transparent. On ne retourne pas sans cesse dans les pattes de quelqu’un que l’on est censé détester s’il n’y a pas quelque chose d’autre derrière. Mais le prince est trop occupé à se regarder lui-même, à regarder son propre reflet dans un miroir, pour voir plus loin que le bout de son nez. « T’es vraiment paumé, mon vieux. » Encore une fois, il parle sans réfléchir, il parle sans vraiment savoir ce qu’il dit, il parle comme si sa bouche fonctionnait indépendamment de sa volonté. Il parle parce qu’il ne veut pas lui être soumis. Il parle, et pour une fois, sans le savoir, il ne touche pas loin de la vérité. Il ne se rend pas compte, mais ce vieux con est tout aussi paumé que lui, voire plus. Et s’il réalisait qu’il touchait un point sensible, il s’amuserait probablement à enfoncer le couteau dans la plaie, le retourner pour le faire souffrir toujours un peu plus. Alors qu’il se penche vers lui, alors qu’il se penche sur lui, Sinbad a l’impression qu’il est sur le point de défaillir, défaillir à cause de la douleur dans son dos bien trop cambré pour supporter la position, à cause de cette main qui lui broie sa trachée et empêche ses poumons de se remplir de son oxygène, à cause de ce contact inattendu – et il se rend compte, sans vouloir l’admettre, tant voulu – de ses phalanges contre la peau de son abdomen dénudée alors qu’il soulève imperceptiblement son t-shirt pour pouvoir y faire passer ses doigts. Il voit rouge, il voit blanc, une explosion de couleurs criardes qui aveuglent encore plus son cerveau déjà bien incapable. Puis il se réveille, alors que le vieux vient coller son front au sien. Le coup de boule n’est pas fort, ce n’est même pas un véritable coup, mais ses lèvres sont trop proches, ses yeux trop bleus et trop clairs, fondant les siens ténébreux, et cela lui sert d’électrochoc. Liberté de son bras, ce sont ses pieds qu’il bouge. Malgré la position, l’un vient taper dans la cheville du vieux sans ménagement, lui causant probablement une douleur brusque et aigue mais il n’en a rien à foutre, et ainsi il le balaie et le fait tomber à terre. Cependant, évidemment, avec sa main qui empoignait toujours sa gorge, qui aura des bleus pour quelques jours sans aucun doute, Sinbad tombe avec lui au sol. Le parquet est recouvert de débris de verres, et probablement qu’ils se coupent, mais le gosse est trop sous l’emprise de l’adrénaline pour ressentir quoique ce soit d’autre qu’un putain de désir et qu’une rage folle qui le contrôlent totalement depuis qu’il a poussé la porte de la brasserie. Sinbad respire enfin, Sinbad tousse comme un porc alors que sa gorge est plus que meurtrie, ses poumons criant à l’agonie sous cet afflux d’oxygène presque trop important. Il tousse, encore et encore, alors que le corps du vieux est sous le sien, un genou entre ses jambes et l’autre à l’extérieur, que ses avant-bras saignent de ses morceaux qui sont venus s’enfoncer dans sa peau bronzée. Maintenant qu’il peut respirer, il a presque l’impression de recouvrer ses esprits. Il vient planter ses deux mains sanguinolentes de part et d’autre de son visage, comme pour l’empêcher de bouger sans réellement le toucher. « Si t’es venu ici pour m’tuer, pourquoi tu vas pas droit au but ? » S’il s’en fout de sa brasserie, de sa bière, de son succès, c’est qu’il ne s’en fout pas de lui, n’est-ce pas ? Et s’il le déteste, il est venu pour le faire souffrir. Ce n’est que pure logique. C’est Sinbad qui a déclaré la guerre entre eux, qui est allé trouver le paisible et solitaire vigneron, et pourtant il en a marre. Cette histoire le fatigue, le bouffe entièrement. Il a l’impression que sa vie ne tourne plus qu’autour de cette relation malsaine et obsessionnelle, et il déteste cela. Il se considère tellement plus que le gosse colérique qu’il est en présence de cet enfoiré.

Il a envie de hurler, comme un dégénéré, que toute la ville l’entende. Mais il en est incapable. Alors il souffle, son regard fuyant, évitant de se poser sur l’homme sous lui. « Faut te faire soigner, putain. » Et malgré lui, son inconscience le contrôlant, ses yeux se posent sur le visage à quelques centimètres du sien, et pendant un bref instant, ses opales se font plus doux, plus tendre, et comme s’il ne voulait pas que l’homme voit ce moment qu’il associe à de la faiblesse, il le libère en se relevant, se remettant sur ses pieds. Ses bras et ses mains pissent le sang, des bouts de verres partout par terre et sur lui, mais il s’en fout, il ne ressent strictement rien. Il passe une main dans ses cheveux, ne se préoccupant pas s’il étale le rouge un peu plus, et va attraper deux pintes pour les remplir, et en glisser une sur le comptoir à l’attention de ce foutu anglais, alors qu’il boit la sienne. « Tiens, ta putain de bière. J’voudrais éviter que Thomas retrouve deux corps d’main matin. » Il engloutit quasiment la totalité de sa bière en à peine deux ou trois gorgées, appréciant la fraicheur de la boisson passer dans son gosier et dans son organisme bien trop chaud, avant de reposer le verre, et d’attraper un balai, commençant à nettoyer, parce qu’il va bien devoir le faire avant de rentrer, ignorant totalement l’homme pourtant toujours présent, présent pour des raisons qui lui sont toujours inconnues.
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