LA MADRE.

FILM FAVORI - La dolce vita de Federico Fellini. Ce film la fait pleurer, lui rappelle sa belle Italie, et lui rappelle sa vie.
LIVRE FAVORI - Gatsby le magnifique de F. Scott Fitzgerald. Elle ne peut s'empêcher de s'identifier au personnage principal, cet homme mystérieux qui n'avait rien et qui a tout bâti de ses propres mains.
CHANSON DU MOMENT - La maison où j'ai grandi de Françoise Hardy. Elle fredonnait cette chanson à ses enfants quand ils n'arrivaient pas à dormir. Elle lui apporte paix et la ramène dans le passé.
COULEUR PRÉFÉRÉE - Violet. Ne portant pourtant jamais de violet, c'est pourtant le violet foncé qui attire le plus Chiara, ayant d'ailleurs conçu une collection entière qu'avec cette couleur.
SAISON PRÉFÉRÉE - Printemps. Elle aime le printemps parce que tout s'éveil ; les fleurs bourgeonnent, les oiseaux chantent à nouveau, c'est une saison où tout semble revivre.
HOBBIES - La mode, la couture, la fine cuisine, le cinéma, la décoration intérieure.
ANIMAL TOTEM - La panthère noire. Chiara adore les félins, mais c'est la panthère noire qu'elle admire par dessus tout. Elle s'identifie à cet animal, bien qu'elle ne connait pas les raisons de cette identification.

(1) C’était une idée folle de lancer une maison de haute couture. Mais elle avait le bon goût, le sens des affaires, les contacts et lui, Monsieur Peillard, son mari à la bourse grossissant un peu plus chaque jour, des pièces tombant sur le sol tellement elle était pleine. Il l’encourageait dans ce projet et la supportait financièrement, désireux de voir à nouveau un sourire apparaître sur ce visage devenu si rigide depuis qu’elle était femme au foyer à plein temps. La prenait-elle au sérieux ? Chiara l’ignorait, mais il partageait les mêmes doutes et peurs qu’elle ; et si cette compagnie les ruinait ? Le couple ne s’attendait pas à ce qu’Amaro devienne une vraie mine d’or, propulsant Chiara au niveau de Chanel et de Dior. (2) Depuis plusieurs années, la relation qu’elle entretient avec son mari n’est plus la même et la passion qui les habitait à laisser place à une indifférence totale. Ils sont devenus deux inconnus vivant ensemble et partageant le même lit, liés l’un à l’autre par des documents officiels qu’ils ont signés alors qu’ils étaient aveuglés par l’amour. Chiara soupçonne son mari de coucher avec ses clientes, mais elle ne pourrait pas le blâmer puisqu’elle fait la même chose ; son appétit pour les mannequins de sa compagnie est vorace, ces relations adultérines et sans attaches la faisant sentir jeune et désirable à nouveau.
(3) Chiara n’a jamais connu la richesse avant de se marier. Venant d’une famille de classe moyenne où la persévérance et le travail étaient plus importants que tout le reste, cette attitude oisive adoptée par ses enfants ne lui plaît pas du tout. Elle accuse leur rang social de rendre leur descendance lâche et sans ambition, préférant profiter du compte en banque de papa et maman au lieu de se trouver de réelles vocations. Chiara les pousse constamment à se dépasser, à devenir de meilleures versions d’eux-mêmes, et elle a peur d’être parfois trop dure avec eux. Elle ne veut que leur bien et est fière de leurs accomplissements, mais elle n’arrive pas à le montrer. (4) Chiara regrette l’éducation qu’elle a donnée à ses enfants, trouvant que — sauf pour Samuel, à qui elle pouvait se consacrer nuit et jour — elle n’était pas assez présente pour eux, se concentrant sur sa compagnie. Elle constate les conséquences de son comportement en voyant où ils sont aujourd’hui, leurs problèmes, leur attitude, et elle se dit que beaucoup auraient pu être évités si elle avait été une mère plus présente. Elle essaie progressivement de se rapprocher d’eux, mais réalise qu’il est trop tard pour réparer ses erreurs. (5) La vie à Bordeaux commence à l’ennuyer. Elle en a marre de toujours voir les mêmes endroits habités par les mêmes visages, en a marre d’habiter la même maison décorée de la même façon depuis des années. Pour pallier son ennui, elle se trouve des activités qui réussissent à capter son attention pendant quelques heures, ou parfois plusieurs mois. S’improvisant décoratrice intérieure, elle planifie de changer l’apparence complète de la maison familiale, jetant de vieux meubles aux poubelles et en achetant de nouveau, peignant les murs d’autres couleurs, trouvant de nouvelles œuvres à exhiber. Quand elle en a assez, elle s’improvise cuisinière et invente des recettes tournant bien souvent aux désastres. Son mari l’a accusé de vivre sa crise de la cinquantaine, ce que Chiara n’a pas dénié, abattue par la réalisation qu’elle a bel et bien dépassée les cinquante ans.