wrong place. wrong timing. (alix&annabelle)

Des pensées confuses qui l'anime, il flotte dans son existence sans savoir où aller. Y'a des moments où il a l'impression de vivre à coté de son corps, comme si la maitrise de sa vie n'était pas sienne, comme si ses choix lui étaient imposés. Jeudi. Il se lève pour son deuxième jour d'un nouveau boulot. Il est déjà à la bourre. Incroyable, il n'apprend jamais de ses erreurs, c'est pourtant pour cette raison qu'il s'est fait viré de son dernier job. Recommencer les même boulettes, encore et toujours. Un cercle vicieux plutôt que vertueux. Parce qu'il sait faire que ça dans le fond, foutre sa vie en l'air. Nourrissant au fond de son cœur l'espoir infime qu'un jour où l'autre, il en crèvera. S'il avait su, l'embryon aurait céder sous le poids du futur. Il grimpe dans un tram, le seul moyen de transport qu'il peut prendre sans payer, ça et le vélo mais encore faudrait il qu'il soit sportif. Sans doutes qu'il pourrait piquer une voiture mais il a pas son permis alors ça servirait à rien. Les arrêts qui défilent alors qu'il guette le paysage. Puis tout arrive trop vite, elle ici. A quelques mètres de lui se trouve son nemesis, celle qu'il voudrait voir crever dans d'atroces souffrances. Celle qui parvient à le hanter après tout ce temps. Il veut mieux que ça, mieux que cette connasse.

Ca avait pourtant bien démarré entre eux, sur les chapeaux de roues, vite devenu accroc l'un à l'autre. Elle s'est insinué comme un poison, un foutue cancer. Le soucis c'est que pour guérir, faudrait faire une ablation de son myocarde, autrement dit, le tuer, alors il est là, tourmenté. Blessé. Il lui lance un regard sombre, empli d'une haine que chacun des passagers de ce tramway peut ressentir. Pourquoi a t(il fallu qu'il se laisse aller au point de dépendre de quelqu'un d'autre. Il est pourtant bien placé pour savoir que les gens ont la fâcheuse tendance à décevoir. Lui, il avait prit le plis de devenir celui qui déçoit pour ne pas subir. Quand les gens ne s'attendent à rien quand ils vous voient, vous risquez pas de blesser qui que ce soit. Il a comprit une chose quand elle s'est barré pour un autre : le bonheur, c'est une illusion merdique. Le délire est simple, ça n'existe pas, c'est une connerie qui a été inventé par les gens qui supportent pas leurs petites vies minables. Lui, il embrasse ses démons depuis, après tout, il mourra peut être demain, autant le faire en étant soi même -ou le visage qu'il montre au grand public-. Foutue connasse. Morue. Sale pute. Salope. Oups, celui là est sortie à haute et intelligible voix. D'ailleurs, les visages se sont tous tournés vers lui. T'as encore laissé trainer ton cul n'importe où. reprend il, juste parce que ça lui fait un bien fou de l'insulter.

Pour un instant, le temps devint abstrait. Sept mois c'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'il avait fait surface dans ses pensées. Sept mois qu'ils étaient de retour sur terre. Autant que lui, elle n'avait pas tendance à laissé quelqu'un entrée sous sa peau. Elle s'était attaché aux autres. Juste un peu. Juste assez pour apprécier leur compagnie. Pas trop, pour ne pas craquer son coeur fragile. Sept longs mois venaient de se dissiper et les émotions qu'elle essaie depuis ce temps d'éteindre avec de l'alcool ou des relations bidons refaisaient surface.  Annabelle ne mérite pas la compassion de personne et surtout pas lui. Annabelle ne méritait pas plus que ce qui venait de sortir de sa bouche. Cette voix, elle croyait l'avoir oublié, mais la voilà qui surprend son coeur manquer quelque battement, comme si elle avait besoin de preuve qu'elle ne rêvait pas. Elle est celle qui a terminé les choses, elle est celle qui a terriblement piétiné Alix et pourtant elle aimerait des explications pour ses paroles salles. Moins salles qu'elle.

Sa tête tournait et par chance pouvait-elle se tenir sur les poignées au centre du tramway pour rester sur les pieds. Quoi répondre. Est-ce son imagination qui lui joue des tours? Après tout, peut-être qu'il l'a complètement oublié. Peut-être qu'il aimerait mieux ne pas l'avoir vu et qu'elle s'imagine qu'il lui donnerait de l'attention. Après tout, elle ne mérite rien de moins que d'être oublié. Annabelle vit dans le regard des autres, l'ignorer serait la pire insulte. Toujours aussi pathétique. C'est en soupirant qu'elle termina la phrase. Elle se surprenait elle-même, elle aurait aimé retourner dans le temps et simplement sortir du tramway. Alors qu'elle entendue les freins et ressentie le véhicule ralentir, elle tenta de se faufiler jusqu'à la porte de sortie. Comme si les gens avaient rien d'autre à faire que saboter sa vie, un manque de coopération des autres passagers l'empêcha de s'y rentre à temps et la porte se ferma juste devant elle. Enfant de chienne. Cracha-t-elle dans le vide à l'univers, mais son regard était sur Alix. Elle l'avait un jour aimé, mais la haine qui habitait son ancien amour commençait à contaminer son coeur. Tu n'as qu'à regarder dans l'autre direction, au prochain stop, je disparais.

Sept mois sans la croiser. Sept mois à longer les murs pour faire en sorte de ne pas passer sur un chemin qu'elle pourrait emprunter. Il a même tiré une croix sur certains endroits qu'il avait l'habitude de fréquenter. Juste pour l'éviter. Il en a trouvé d'autres, la ville est relativement grande, assez pour réussir dans sa quête en tout cas. Et là voilà, devant lui, petite garce. La gueule en vrac, les cheveux qui se battent sur le haut de son crâne, le maquillage qui coule et pourtant si jolie. Putain qu'elle crève lentement cette morue. Il la déteste comme il n'a jamais hait quelqu'un avant. Il aurait préféré la rayer de la carte, prétendre qu'elle n'existe plus à ses yeux mais y'a toujours un petit quelque chose qui la ramène vers lui. Il est comme aimanter. Lui qui ne demande qu'à s'en séparer définitivement pour ne plus passer des soirées entière à picoler en pensant à eux, elle et l'autre là. Raaah. Voilà, l'image lui revient en tête et il grimace. Toujours aussi pathétique. Il ricanne nerveusement devant ses mots. c'est bien, au moins on est deux. T'a vu la sale gueule que tu te tapes, j'suis sure que si la petite vieille s'est éloigné, c'est parce que tu pues la vinasse. Il en sait rien. Il suppose. Ils en ont fait des soirées tous les deux. Boire de trop. Se laisser aller à jouer les amants maudits. Se réveiller le lendemain dans les bras l'un de l'autre, encore ivres morts mais ensemble et c'était tout ce qui comptait. Enfin pour lui. Visiblement, ce n'était pas le cas pour elle et la pilule a encore du mal à passer.

Elle détourne le regard. Elle fuit. Un truc qu'elle fait plutôt bien. Il se marre, toujours nerveusement puisque la situation n'a absolument rien de comique. Elle parvient pas à sortir, le destin qui les coince ensemble quelques minutes de plus, le temps peut être de sortir ce qu'il a jamais pu dire. Tous ces mots restés en suspend. Il ose enfin la regarder. La regarder vraiment, pas en coups de vents, pas à la volée, juste pour se remémorer ce qu'il a perdu. Enfin, perdu ou gagné ? Parce qu'il est plus heureux sans elle, c'est ce dont il a su se convaincre durant ces longs mois. Tu n'as qu'à regarder dans l'autre direction, au prochain stop, je disparais. Il lève les yeux au ciel. regarder ailleurs, un truc que tu sais faire. Il est froid, mesquin et franchement, il se retient de dire tout ce qu'il pense. Parce que si ces mots sortaient comme ils viennent dans le fond de son crâne, elle aurait envie de se tirer une balle. S'il lui expliquait qu'elle n'est qu'une chienne en manque, une meuf incapable d'aimer, de donner. Incapable de quoi que ce soit en vérité. Et pourtant, lui, c'est loin d'être un expert dans le domaine, bien au contraire. Les émotions, c'est pas ce qu'il maitrise le mieux, encore moins quand il s'agit de les exprimer.

Peut-être que c'était un signe de déshydratation, puisqu'elle avait eu une soirée bien arrosée la veille. Chaque mots qu'il disait, chaque intonation de sa voix étourdissaient le coeur d'Annabelle.  Tout ce temps passé ensemble, à crier ou à rire, à s'hair ou s'aimer à passé comme un clin d'oeil. Deux ans qu'elle vivait pour elle et pas pour l'image que ses parents voulaient qu'elle soit. Deux ans qu'elle aurait pu voir avancé en bien plus, si elle n'avait pas tout gâché. Elle pensait qu'après tout ce temps, sa voix n'aurait plus d'effets sur lui. Elle est celle qui a tout gâchée, mais elle était terrifier de le revoir. Comme si c'était possible, à leur rupture, elle a simplement éteint ses émotions. Bonnes ou mauvaises pour oublié à quel point elle lui avait fait du mal et pour ne pas s'admettre qu'elle souffrait elle aussi. Elle n'aurait pas du s'attacher, on ne s'attache pas aux âmes qu'on utilise. Cet âme lui avait servi au départ pour faire perdre la tête à ses parents. Fraîchement dix-huit ans, ils n'avaient plus un mot à dire que qui elle fréquentait. Elle ne savait pas à ce jour qu'il serait plus que cela à ses yeux. Il lui a fait découvrir un côté de la vie qu'elle ne connaissait pas. Elle était confortable avec lui, assez pour être elle-même. C'est quand elle revient sur terre qu'elle eut le frouille et piétina son coeur et jeta le sien à la mer. Elle est devenu tranquillement la carcasse vide qu'elle était avant qu'il pose le regard sur elle. Elle se fiche de se que l'avenir lui réserve. Elle espère en silence que cette avenir est court. Elle se fiche de ce qu'elle deviendra, puisque rien de ce qu'elle est l'intéresse. Elle marche dans un chemin déjà tracé pour elle. Parfois elle pense que sa mère avait déjà tout planifier avant sa naissance.  

Le silence s'était installé dans le tramway, comme si on attendait la réplique entre les deux jeunes qui se lançaient des regards haineux, mais qui avaient longtemps été attirés l'un vers l'autre. Annabelle l'était encore et si elle pouvait faire pause et oublié les sept derniers mois, elle le ferait. Jamais, elle ne l'admettrait, mais elle le ferait. Perdu dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué que des minutes s'était écoulés. Son regard était vers lui, mais sa tête était ailleurs. Ailleurs avec lui, dans une passé qui aurait pu être différent. Encore une fois, les freins de l'engin la ramera sur terre. Elle espérait que la porte s'ouvrirait rapidement, qu'elle aille mourir quelque heure dans un coin, avant de retourner à sa vie interminable. Je suis désolé. Ces mots sortirent doucement de sa bouche, sa voix était presqu'éteinte. Il avait probablement rien compris, il aurait surement pas voulu de ses excuses de toute façon. Puis le véhicule reprit de la vitesse au lieu de s'arrêter. Merde. Elle ne connait pas la trajectoire, elle ne sait même pas où elle s'en va. Désespérée, elle osa lui demander quelque chose, comme s'il allait vraiment l'aider. Peux-tu me dire c'est quand le prochain stop? Honnêtement, elle n'avait plus la force de lui faire face dans cette état. Une autre journée, elle aurait surement criée, alors qu'elle avait aucun droit. Il est celui qui devrait le faire, il pourrait même plus cracher au visage, elle ne lui en voudrait pas, mais voir la haine dans son regard l'enflamme et lui donne la permission de crier contre toute la haine qu'elle accumule en elle pour le reste du monde.

Il s'est foutu dans un beau pétrin le gamin lorsqu'il a décidé d'entamer une relation avec elle ce jour là. Il se rappelle parfaitement de l'instant où son regard s'est posé sur elle. Elle portait une robe bleu roi, ces yeux noisettes dans le vide, comme si elle tentait de s'échapper de la situation dans laquelle elle se trouvait. Lui, il n'a pas hésité une seconde avant de la secourir avec toute la lourdeur dont il sait parfois faire preuve. Il l'avait fait rire ce jour là, il l'avait mise dans son lit aussi. Après ça, il n'a pas réussi à se détacher d'elle. Il a bien essayé mais elle lui revenait toujours, alors il a finit par se rendre à l'évidence. Il lui a même dit qu'il l'aimait. Elle est peut être là son erreur. L'aimer. Elle n'est pas le genre de fille qui aime en retour. Elle utilise. Elle jette. Elle n'aime pas. Il est cinglant et un silence empli d'amertume s'installe à l'intérieur du wagon. C'est elle qui finit par le briser, lui qui ferme sa gueule pour ne pas porter plus de paroles indignes à son égard. Elle mérite même pas qu'il s’intéresse à elle une seule seconde. Je suis désolé. Il s'en fout de ses excuses. Il en veut pas. C'est trop facile. Pas après sept mois. C'est le jour où il l'a vu l'autre là, poser ses mains sur son corps comme si elle lui appartenait qu'elle aurait du lui faire ses foutues excuses. Parce qu'il l'aurait pardonné en plus. Il aussi laissé couler. Trop accroc, trop endigué dans la relation pour parvenir à en sortir.

Il dit rien. Il n'y arrive pas. Pourtant, il en aurait un bon paquets de mots, tous négatifs. Elle l'a aidé un plongé un peu plus vers le fond du gouffre. Sans doutes qu'elle n'a pas supporté le bonheur, ce qu'il a pu lui apporter. C'était trop dur pour elle d'admettre qu'elle pouvait être heureuse. Peux-tu me dire c'est quand le prochain stop? Il buffle. Elle a qu'a la poser à quelqu'un d'autre sa question pourrie. Il a plus envie de lui parler putain. Il s'était promis de faire preuve de l'indifférence la plus totale en le voyant. Incapable d'y parvenir. Une putain de larve, voilà ce qu'il est. Il s'en veut, il lui en veut à elle. J'en sais rien moi. Tu soules avec tes questions. Il baisse la tête sur ses pompes. Salope. Suceuse de queue discount. Raaaah, il aurait presque envie de l'étrangler mais au lieu de ça, le voilà qui dit : Pour rentrer chez toi, tu devrais t'arrêter dans deux arrêts et prendre la ligne B. Il l'aide. Il sait même pas pourquoi, parce qu'il ne devrait être que haine et connerie envers elle. Merde. Et le voilà en train de lui bouffer dans la main comme un clébard. Il s'apprête à prendre ses écouteurs et reprend : Et me dit pas que t'es désolé va, je sais bien que t'en a rien à branlé. C'pas grave, j'men care de ta gueule de toutes façons va. J't'ai vite oublié. T'es pas la seule suceuse de Bordeaux. A côté de lui, une petite vieille s'indigne et lui lance un regard noir. Il lui répond d'un large sourire, c'est pas à cause d'elle qu'il va mâcher ses mots.

Aucune parole pourrait calmer la haine qu'il éprouvait contre. Des excuses bidons n'excuserait pas le trou qu'elle a causé, la blessure qu'elle a ouverte. Annabelle ne connait pas la pitié. Jamais  dans sa vie on a eu pitié d'elle. Jamais sa famille démontrait de la compassion. Le coeur des Gentil est froid et même si elle les déteste, elle devient exactement comme eux. Elle qui ne prend pas sa vie en main, elle qui choisit le chemin facile et elle qui choisit de plaire à ses parents. Cette façade, elle l'a choisit et cette façade la sécurise. Le dégoût dans le regard de son ancienne moitié, elle le mérite, elle se regardait surement de façon similaire dans le miroir. Il n'est malheureusement pas le seul à qui elle a fait du mal. Elle continuera de faire du mal à ceux qui croiseront son chemin tant qu'elle ne s'ouvrira pas les yeux.

À ce moment, elle agissait en victime, les passagers qui ne connaissent pas le contexte de leur haine, ils sont tous probablement pitier d'elle. Ils voudraient tous qu'Alix et sa langue salle déguerpissent, même si en réalité, elle mériterait d'être poussé hors du train. Elle n'est jamais responsable de ses gestes, elle blâme sa famille, elle blâme sa vie à la con qui n'a aucune signification. Elle est en contrôle et pourrait tout changer, personne ne devrait la prendre par pitier. Un passager devrait se lever et lui secouer les épaules, la ramener sur terre. Avec sa cuillère en or dans la bouche, elle ne peut pas s'étouffer.  

Elle n'avait aucune idée de où était la ligne B ou s'il lui inventait n'importe quoi pour se venger, mais elle lui souri en guise de merci. La tête basse, par peur de sa réaction. Elle le connaissait bien, leur relation était enflammer même alors qu'il l'aimait. Dans la haine, un rien pourrait lui faire  sauter à son cou et elle le savait. Un partie d'elle voudrait qu'il le fasse. Sentir ses mains sur son corps une dernière fois, même si c'était dans la violence, elle le voudrait. Il semble être le seul à lui donner envie de vivre ou de ressentir quelque chose.Je suis peut-être pas la seule suceuses ici, mais t'es assez crétin pour t'accrocher deux ans. Connard. Elle avait répliquer sans même réfléchir. Elle aurait mieux digéré la violence physique que les mots qu'il venait de lui cracher au visage. Elle le savait capable de ce genre d'horreur, mais ce qui était dur à accepter c'est qu'il disait vrai. Après tout, elle ne pourrait même pas dire le nom du mec avec qui elle s'est réveillée ce matin. Elle essayait d'avoir des manières et ne ne pas être trop impoli pour les passager, mais elle n'allait pas se laisser cracher dessus bien longtemps. Elle restait tout de même fière. Salope, mais fière.

C'est terrible cette capacité trop abstraite que l'on a à aimer. Lui, il pensait pas être fait pour ça avant de la rencontrer. Puis elle est entré dans sa vie un peu craignos pour y foutre encore plus le bordel. Quand elle est parti, il a eu le sentiment de crever. Un affreux sentiment de solitude. Une détresse qu'il ne pouvait quantifier parce que chaque jour passait et il avait l'impression de s'enfoncer plus profondément dans ce tunnel noir qu'elle a su creuser. Ne pas en parler. Faire comme si elle n'avait jamais exister. C'est ce que le gamin s’évertue à faire depuis ses longs mois sans elle. Sauf que quand elle est là, en face de lui, c'est dur de jouer l'indifférence. Je suis peut-être pas la seule suceuses ici, mais t'es assez crétin pour t'accrocher deux ans. Connard. Crétin, ça on peut dire qu'il l'avait été sur ce coup là. Assez débile pour croire que l'on pouvait l'aimer, lui et tous ces beaux défauts. Assez stupide pour penser que malgré les fêlures, elle avait vu en lui quelqu'un de bien. Et qu'elle l'aimait en fait, pour ce qu'il était, parce qu'avec elle, pas de mauvaises excuses, il était lui. Il l'a toujours été. C'est peut être ça qui a posé un réel problème. Un échec de plus dans sa vie de merde. Elle. La douleur qui lui étreint la poitrine quand ses yeux rejoignent les siens. Il déglutit trop difficilement. Putain.

Un silence s'installe. Elle a raison. Ces mots ne sont que stricte vérité. Sauf que lui, il veut pas lui donner cette satisfaction. Il veut pas la laisser croire qu'elle à gagné. oh oui ça. Il ricane. Jaune. toi hein. C'est toujours à propos de toi. Il secoue la tête et détourne le regard. Ce dont il aurait besoin, ce serait de juste l'oublier, ne plus l'aimer, ne plus la détester, juste ressentir l'indifférence la plus totale pour elle mais il n'y parvient pas. ça t'amuse, n'est ce pas ? Sauf que t'as raté ton coup gamine. Le crétin ne s'est pas accrocher autant que tu aimerais le croire. T'étais une proie facile va. Puis, je me suis dit, pourquoi pas continuer, après tout, t'as un beau cul. Mais tu crois quand même pas qu'j'étais sincère quand je te disais que j't'aimais. Tu crois quand même pas que j'touchais qu'ton cul. Sauf que t'es trop égocentrique pour remarquer que tout ne tourne pas autour de ton nombril. Tu m'as facilité les choses en couchant avec l'autre abruti là. Ca m'a donné une raison pour t'sortir de ma vie. Il s'approche d'elle et vient attraper son visage dans sa main. t'es qu'une pauv' fille qui offre son cul au premier mec qui passe. Personne peut t'aimer. Même tes propres parents n'en ont rien à battre. T'es toute seule et tu seras toujours toute seule. Derrière lui, y'a ce type qui vient lui attraper le bras, ordonnant de la lâcher. Et dans le cerveau d'Alix, y'a un truc qui vrille. ta gueule ! Sauf qu'il la ferme pas. Il continu de jouer les sauveurs de ses dames. Il sait pas lui. Il connait pas l'histoire. Il a pas toutes les infos sinon il l'aiderait sans doutes à achever Annabelle. Il le pousse. Alix rétorque vivement d'un coup dans la mâchoire et les choses dégénèrent avant qu'il ne soit viré du tramway. Super, maintenant, il va être très en retard. Tant pis. Il changera de job. Encore une fois.

Il n'a eu rien à ajouter. Enfin si, mais les mots n'arrivaient pas à la douche d'Annabelle. Tout c'était passé rapidement. Pour mettre une image sur ses mots, Annabelle ne savait pas ce que c'était d'avaler du verre cassé, mais connaît pire aujourd'hui. Il avait toujours été le seul à lui parler aussi froidement. Ce froid, cette haine était allumé par les mêmes émotions qu'ils avaient lorsqu'ils était ensemble. Elle avait toujours été présente dans leurs relations. L'amour et la haine ne sont pas très diffèrent sur certain aspect. L'amour donnait l'attention qu'elle recherchait durant deux ans attachés à lui. Aujourd'hui, la haine lui donne de l'attention qu'elle recherche désespérément.

Aujourd'hui, l'aime-t-elle?  Peut-être qu'elle aime simplement les sensations qu'il réveille en elle. Peut-être qu'elle ne s'est toujours pas aimé. Peut-être qu'elle n'a jamais arrêté de penser à lui avec tous les autres mecs qui l'ont touché. La seule chose qui est certaine, c'est que ça faisait des lunes qu'elle n'avait pas eu un sourire aussi vrai au visage. Les passagers du tramway la regardent comme une folle. Elle devrait être ébranlée par ses mots. Elle devrait être troublée par la violence physique. Elle semble si fragile qu'ils murmuraient. Elle aurait pu cracher au visage de l'homme qui voulait la secourir. Alix avait posé sa main sur elle. Il avait beau lui crier les pires vérités que personne ne veut entendre, il pouvait lui dire ce qu'il voulait, elle savait qu'elle importait. Il ne voudra plus jamais l'admettre probablement, mais l'idée qu'elle soit toujours dans lui, sous sa peau, à le rendre fou ou à lui donner envie de tuer, voulait dire qu'il l'avait aimé. Ils sont probablement les deux personnes les plus dysfonctionnelles, mais il l'a aimé du mieux qu'il ne pourra probablement jamais faire, comme elle l'a aimé de la façon qu'elle connaissait l'amour. Mal, je l'avoue, mais elle l'a aimé. Seule dans le tramway, elle aurait tant aimé qu'on la vire elle aussi du tramway. Elle regarda la silhouette d'Alix devenir petite alors que le véhicule avançait, sa main encore imprimée sur son visage blanc et rêvassait déjà à leur prochaine rencontre.