kangoo juniors (dreux).

tu ne tiens plus en place, tu étais la première aujourd'hui à revenir dans la maison familiale pour tout préparer. c'était un grand jour aujourd'hui. ta famille allait être rassemblée dans la maison autour de ta mère dreux pour accueillir une des tiens. tu n'es pas du genre à te lever tôt mais, tu avais fait une exception. et pourtant, tu n'arrivais pas à décrire ce sentiment qui t'envahissait. de la joie, de la colère, de la déception, t'étais perdue entre tous. tu étais heureuse de la revoir, astrée, ta soeur, ton double mais, en même temps, tu lui en voulais d'être partie, de t'avoir laisser comme ça et d'être partie à l'autre bout du monde. mais, bon dieu, elle t'avait manqué. c'était une partie de ta chair qui s'en était allée vers d'autres horizons. t'avais préparé des gâteaux de retrouvailles la veille et tu mettais les petits plats dans les grands. oui, enfin t'avais sorti la vaisselle en plastique, loin de la vaisselle en porcelaine qui te faisait rêver. ce que tu aimais le plus là-dedans, c'était de faire la fête. t'étais de bonne humeur et t'avais prévu plein de petites conneries pour faire le spectacle. « c'est l'histoiiiiiiire de la viiiiiie, du cycle éterneeeeeeeel » un souci lorsque tu étais de bonne humeur, tu enchaînais tout le répertoire de disney. et chanter à tue-tête était loin d'être ton meilleur talent. t'étais prête à sauter sur la première personne qui passait le pas de la porte du salon tellement tu voulais exprimer ta joie. bon, à l'exception du nouveau prétendant de ta mère s'il y en avait eu un ce soir.

aujourd'hui, c'est le retour d'astrée à ce qu'on t'a dit. tu ne te souviens même pas qu'elle est partie à l'autre bout du monde pour... tu ne sais même pas la raison de son départ. toi, tu es perdu dans cette vie qui est pourtant la tienne. il y a des gens dont tu ne te rappelles plus et qui te sont pourtant très important visiblement. et il y en a d'autres dont tu te souviens mais avec qui tu as oublié plusieurs années. plusieurs années de souvenirs et de complicités. ta famille par exemple. tu ne fais qu'y penser tous les jours, toutes les minutes. ça t'envahit l'esprit à longueur de temps. tu as comme l'impression de devenir fou parfois. c'est déstabilisant et compliqué tous les jours. pourtant tu essaies de faire de ton mieux, de te souvenir de cette vie que tu n'as pas l'impression d'avoir vécu. tu te sens coupable quand tu déçois les personnes qui t'entourent aussi. surtout roxane et ely. tu as l'impression que ce sont elles qui souffrent le plus. et tu t'en veux terriblement. tu passes la porte de la maison de ta mère. tu te souviens que quand tu étais parti de la maison il y a quelques années, tu t'étais fâché avec elle. tu espères ne pas lui reparler de nouveau, tu ne t'en souviens pas. tu entres dans la maison et arrives jusqu'au salon, là où tu entendais du bruit. ely est là, ta petite sœur. elle chante ce qui doit être le roi lion. tu n'es pas très disney à vrai dire, tu ne saurais en être certain. visiblement, je suis le premier arrivé. tu ris un peu et t'approches pour la prendre dans tes bras. même si tu as oublié plusieurs points importants de votre relation, c'est ta petite sœur et tu t'es toujours montré protecteur et aimant envers elle. tu as besoin d'aide pour quelque chose ? une réunion de famille, ce n'était pas forcément quelque chose qui te faisait envie actuellement, surtout dans ta situation. mais tu voulais faire plaisir. et peut-être qu'entouré d'eux, ta mémoire referait surface.

Il déambule dans les sillons de la ville, le cœur égaré, l’âme en peine, les poings serrés, les aspirations incertaines. Et le talonnent ses peurs et ses rancœurs, ses doutes le filoutent, la longue route qu’il redoute. Le retour d’Astrée, la sœur aînée qui avait manqué à l’intégralité de la fratrie. Prodigieux comeback qu’ils espèrent tous célébrer, dans un semblant de famille reconstituée. Basile est en colère, dans une rage folle, à faire du surplace contrairement à eux tous. Elle est partie en Australie, entretemps, lui était resté chez maman. Et ça le dégoûte, qu’il soit ainsi piégé, bloqué, privé de la liberté tant rêvée. C’est une mauvaise humeur qu’il traîne avec lui comme un boulet enchaîné à ses pieds, dont il n’arrive pas à se débarrasser. C’est le masque de la joie qu’il doit enfiler pour cacher toute sa frustration, pour faire croire que tout va bien, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Ça le rend malade de l’intérieur, ça le bousille, c’est une affliction qui atteint tous ses organes. Pourtant, il se doit de faire avec, de faire semblant. Parce qu’il est hors de question qu’il soit le rabat-joie. Le bouffon habituel se doit de maintenir son rôle. Et c’est pour ça que quand il rentre, c’est avec un grand sourire sur la face, qui ne laisse pas la place à la méfiance. Il n’est que joie de vivre habituelle, qu’on retrouve chez l’un des plus jeunes. Non, elle a pas besoin d’aide, elle a dit qu’elle s’occupait de tout qu’il répond à la place d’Ely, avec un rictus moqueur. Il part s’installer sur le canapé, s’emparant en passage d’un coussin qu’il serre contre sa poitrine. Comment ça va, Dorian ? Tu t’es rappelé à quel point je suis chiant, ou t’as encore du mal ? Si les autres membres de la famille s’entêtent à traiter Dorian comme s’il était un vase de porcelaine, Basile aime bien mettre les pieds dans le plat. Qui sait ce que ça pourrait provoquer chez lui.