shine (thomas)

Sinbad qui est dans son état naturel, Sinbad qui fait n’importe quoi, en d’autres termes plus précis et exacts. Journée hebdomadaire de fermeture de la Soulacaise, toutefois il y avait très peu de chances pour que le prince reste bien tranquille sur le canapé de son loft bien trop spacieux pour un petit con comme lui – bien que Thomas mérite plus, il faut le dire – à regarder des conneries à la télévision. C’est presque triste à avouer, cependant il serait tout à fait capable de regarder les Anges et rire seul comme un con. Mais non, rien de cela. Le prince est hyperactif, et il a besoin de se mêler au bas peuple. La soirée a commencé le plus normalement possible. Une sortie hasardeuse dans un bar au hasard avec le frère de cœur – comme s’ils n’en avaient pas assez avec leur brasserie –, et quelques verres. Rien de bien méchant. Rien de bien méchant, mais ils savent aussi bien l’un que l’autre que c’est toujours après que ça se barre en couilles. Et, malheureusement ou pas, il n’y a que peu d’exceptions à la règle.
Sinbad a disparu. Sinbad est parti sans prévenir, laissant son partenaire en crime vaquer à ses occupations. Mais ce n’est pas étonnant de la part du pirate. C’est un électron libre qui se laisse porter au gré des vagues, du vent et du courant. Cette fois-ci, il se retrouve chez une nana, belle comme un cœur, belle comme une pétasse. Le genre de nana qui lui tape sur les nerfs habituellement, mais actuellement il s’en bat les couilles. Il est bourré, et il a envie de baiser. Puis elle n’a pas besoin de parler, avec cette bouche qu’elle a jolie. Non, vraiment pas. Mais Sinbad, lui, il ne peut pas s’empêcher de parler. Et alors qu’ils sont au lit, qu’ils sont sur le point de passer aux choses sérieuses, il sort une blague, tout sourire, tout rire. Une blague de mauvais goût, probablement. Mais c’est Sinbad, ce n’est jamais bien méchant. Sauf que la nana, c’est vraiment une pétasse, et elle le prend mal. Alors elle le vire, elle le vire comme un malpropre, le jette dehors, lui jetant ses affaires à la figure, alors qu’il est seulement habillé de son caleçon. Dans un coin de sa tête, alors que les passants le regardent de travers en riant, il se dit qu’heureusement qu’il est plutôt fier de son cul. Assez hagard, complètement enivré par l’éthanol et la libido qui retombe instantanément, il chope son portable. Mec. Il m’est arrivé une histoire de ouf ! Tu peux venir me chercher stp ? Message envoyé à Thomas, bien évidemment. Et, toujours quasiment à poil, il sort une cigarette de sa poche de jean, et l’allume en attendant son meilleur ami. Bordel.

et des soirées comme ça, y en a des centaines, des centaines d'histoires à raconter, de soirées plus folles les unes que les autres. ça a peut-être commencé y a des années, mais ça ne s'est jamais arrêté. on a beau avoir notre propre brasserie, ça n'a changé en rien notre rituel d'aller se coller des murges n'importe quel soir de la semaine. l'alcool, on n'en a jamais assez.
bar au hasard accosté, bar qui ne sera jamais aussi bien que chez nous, mais toujours suffisant pour boire un verre, ou deux, ou dix. c'est pas qu'on aimerait pas, mais c'est qu'on peut pas se soûler à la soulacaise. non, vraiment, on aimerait. d'accord, des fois on le fait. mais on essaye de faire en sorte que ça n'arrive pas trop souvent, quand même. alors souvent, on va n'importe où, là où ça nous fait de l'oeil.
j'y vais pour décompresser, sinbad y va pour chasser. comme toujours.
quelques verres dans le nez, un pas plus trop assuré, je m'en vais pour pisser, et quand je ressors de là, le meilleur ami, le frère d'adoption, le tout, la moitié, a disparu. disparu pas seulement de ma vue trouble, disparu du bar aussi.
qu'importe. il a dû trouver quelque chose à se mettre sous la dent. j'vais trouver d'autres verres à boire.
l'alcool c'est de l'eau.
et un amusement de courte durée, finalement. j'éclate de rire au message que je reçois. putain de sinbad. il lui arrive toujours des histoires de ouf, il me fait toujours rire, comme ça.
quelques messages échangés, et maintenant que je sais où il est, je prends la voiture et m'en vais le rejoindre. ouais, ouais, boire ou conduire il faut choisir, mais moi, j'ai jamais rencontré de type qui s'appelait sam. tant pis.
j'arrive dans la rue, m'arrête au niveau de sinbad, quasiment à poil, le mec sans pression, ses fringues dans la main et sa clope au bec. j'ris encore, j'ris comme un con.
- putain mais t'as foutu quoi? habille-toi, au moins!
bouge ton cul, j'veux savoir qui t'a foutu à la porte, comme ça, moi.