getting on your nerves #côki

impossible de comprendre ce qu'il vient de se passer à l'instant. c'est comme un clignement des yeux qui n'a duré qu'une seconde, un battement d'aile de l'oiseau effrayé. pas de description que de l'action. mais tout ça n'a rien à voir avec leur relation jusqu'à présent platonique, rien ne les prédestinaient à s'embrasser aujourd'hui, là maintenant. irréel. tu ne saurais décrire les murs qui ornent sa chambre, ni même la couleur de sa couverture, non. tout ce que tu vois ce sont ses cheveux qui ondulent et descendent sur sa poitrine, ses yeux d'un bleu indescriptible et ses lèvres que tu n'avais jamais envié autant que maintenant.
il la préfère comme ça keiki, moins foudroyante, plus douce et patiente.
ne chance pas non, pas maintenant.
tu t'es aventuré sur un chemin tortueux, sûrement pas de ton grade et sans parachute pour assurer la descente. sa réaction passe du chaud au froid, mais tu t'y attendais un peu, mais t'espérais mieux. l'espoir est rapide, trop peut-être. sa main qui se glisse dans ton cou, le baiser qu'elle accepte au début. trop beau pour être vrai, tu reviens vite à la réalité quand elle te pousse violemment.
étonné, les sourcils froncés instantanément, tu as du mal à comprendre, mais ça c'est pas nouveau. trop inaccessible pour toi, cette distance qu'elle instaure entre vous est un coup de massue de plus sur ton torse.
elle te parle, mais tu n'écoute même pas ce qu'elle te raconte, tu restes planter là sans rien dire, la regardant. les sentiments qui montent et descendent dans l'ascenseur émotionnel, prise de tête assuré dans les secondes à venir.
revirement de situation, au lieu de t'en coller une comme elle le devrait, tu sens sa main accrocher ton tee-shirt pour te rejoindre à nouveau, s'avancer encore plus pour que vos peaux s'embrasent encore, encore plus fort que la première fois. tu te laisses faire, il n'y a que tes mains qui osent bouger, trouver le chemin de sa nuque à son tour, et tout qui se transforme en feu ardent dans son corps, dans sa tête. enfin des flammes qu'il accepte sans broncher, un feu qu'il veut voir brûler encore et toujours.
néanmoins, tu tentes de garder le dessus, tu ne souhaites pas qu'elle s'éloigne encore une fois, parce qu'elle serait bien capable de te repousser encore, l'impression qu'elle pourrait partir en un claquement de doigt. tu gardes ton emprise car de toute façon ça passe inaperçu, vous êtes tous les deux trop sauvages pour que les murs ne se brisent pas sous votre passage, c'est grisant et tellement flippant à la fois.
tu ne quittes pas ses lèvres, trop envieux de les avoir enfin pour toi, le baiser se prolonge, laissant parfois vos souffles s'échapper à l'unisson. ta main droite glisse le long de son épaule pour descendre jusqu'à sa hanche, elle fait rejoindre vos deux corps d'une pression certaine, sans aucune permission. satisfaction parfaite. ce corps que tu viens de voir presque nue dans le salon, tu viens d'y prendre tes droits. enfin, jusqu'à quel point ?

élan de sauvagerie inattendu, passion ardente et feu brûlant qui me prend par les entrailles, qui embrase tout sur son passage. je suis prête à foutre le feu à tout ce que je vais toucher, tout brûler et côme au passage. qu'importe, du moment qu'on ne s'éloigne pas, qu'on ne se décroche pas l'un de l'autre et que nos lèvres ne se descellent plus. pas plus de quelques secondes, uniquement les quelques secondes autorisées et pas une de plus. pas une de plus sous peine de voir un autre feu brûler dans mes yeux, le feu ravageur. côme, ne me repousse pas. tu pourrais le regretter.
putain, keiki, qu'est-ce que tu fous? détache-toi, va-t'en. c'est pas côme qui va tout gâcher, t'es déjà en train de le faire toute seule, pas foutue de garder quelque chose d'intact auprès de toi sans vouloir le ruiner. putain, keiki, lâche-le, arrête ça. ça marche pas comme ça entre des colocataires.
ta gueule, cerveau.
ferme juste ta gueule et laisse mon coeur l'emporter pour une fois. je sais bien que je risque de tout gâcher toute seule, que je n'aurais qu'à m'en prendre à moi-même quand plus rien ne sera comme avant.
mais de toute façon, est-ce que c'était vraiment mieux, avant? non, j'crois pas, non.
l'étreinte ne cesse d'être plus forte, plus violente, plus virulente, et mes mains glissent contre son t-shirt, l'agrippent à hauteur de ses côtes cette fois. agrippent seulement son t-shirt, pas ses côtes en elles-même, de peur de le les lui briser par la force à laquelle je m'accroche. cette force qui l'empêchera, ou du moins j'ose l'espérer, de me repousser si l'envie venait à lui prendre.
mes pieds partent en arrière, le tirent à moi, mon dos qui vient se plaquer contre la commode qui tente tant bien que mal de ne pas s'écrouler par la violence du coup qu'elle se prend, mon dos qui se cambre pour lui, tenter tant bien que mal de ne pas se meurtrir contre l'angle du meuble, et le coeur qui s'emballe, qui n'arrive pas à reprendre son calme, qui n'arrive pas à me faire reprendre une respiration plus ou moins normale.
l'enfant sauvage ne reprend pas ses esprits, terrée dans un coin, prise de cours, incapable d'ouvrir sa gueule pour dire à côme d'aller voir ailleurs si j'y suis, à peine capable d'observer la scène depuis un coin de ma tête.
les frissons grimpent le long de mes bras, paralysent ma nuque et la chaleur m'envahit, me somme de retirer mon sweat-shirt le plus vite possible.
ne me fais pas regretter mon choix, côme.

ce silence qui surplombe la pièce tout à coup deviendrait presque oppressant, habituellement, vous trouvez toujours le moyen de faire du bruit dans cette appartement l'un sans l'autre, l'un pour énerver l'autre. pas cette fois, ce soir, vous êtes à l'unisson pour une fois et il se demande, pendant une fraction de seconde, si c'est pas une connerie qu'ils font là, maintenant.
sauf que vous réfléchirez à ça plus tard, probablement un jour autre, en tout cas là c'est plus le moment. à cet instant, il n'y a plus que sa peau qui frissonne sous la sienne qui a de l'importance. toutes les pensées se concentrent sur elle, sur tout ce qu'elle lui apporte tout de suite: une étreinte parfaite, une part de bonheur incommensurable, une attention qu'il vient seulement de retrouver depuis des mois. c'est la passion qui s'emballe et l'irréalité de la chose qui font de leur baiser, quelque chose d'incroyable, une pierre à graver.
plus envie de gueuler, le défoulement se transmet par les caresses, par l'ardeur de ses mains qui glissent le long de son dos. il peut s'attendre à tout de sa part, sentant les mains de keiki agripper le tissu de ses mains, l'emprise immédiate. arrêter l'évènement est maintenant impossible pour toi, les pulsions l'emportent, l'envie en première et cette passion qu'elle te transmet.
elle ne tremble plus entre tes bras, changement de comportement encore une fois, elle redevient le brasier qu'il a toujours connu, sauf que pour une fois, c'est lui qui veut danser dans les flammes.
les bassins se serrent au plus près, ses doigts profitent de sa cambrure pour passer sous les couches de vêtements qui n'existaient pas avant leur dispute. il se souvient de ce corps paré de dentelles se pavanant dans le salon, à la recherche d'un énième provocation. cette image le rend d'autant plus euphorique, souhaitant à tout prix qu'elle recommence, pour cette fois, en profiter comme il se doit. pourquoi avoir réagit ainsi ? l'aurais-tu embrasser si tu ne l'avais pas vu presque nue ? aucune idée, mais si tu ne l'avais pas fait côme, tu n'en serais pas là maintenant. cette pensée t'effleure pour mieux disparaitre, ce sont finalement tes gestes qui s'imposent, ne cachant pas que tu en veux plus.
il ne prête pas attention au meuble derrière son dos, elle t'entraine dans sa chute en la laissant faire, car tu n'as envie que de ça. les corps brûlent, se complètent tu veux la laisser faire, voir ce qu'elle attend réellement de lui.
dans l'excès toujours, ses mains se promènent allégrement sous le tissu pour mieux détailler chaque parcelle de sa peau. son propre tee-shirt est proche de lâché sous les ongles de sa partenaire. il rompt le baiser, enivré par son parfum et descend ses lèvres le long de sous cou pour mieux embraser son épiderme.

revirement de situation, changement d'atmosphère. plus de calme, plus de douceur, plus de tendresse malgré la sauvagerie toujours présente. la sauvagerie sous une autre forme, bien plus agréable, je ne peux clairement pas le nier. c'est bien mieux que de se crier dessus, que de s'insulter, que d'en être presque à en venir aux mains constamment. c'est largement mieux.
c'est largement mieux d'avoir ce genre de frissons qui me parcourent la colonne vertébrales, ceux qui vient du désir profond, de l'excitation, de l'interdit, un peu aussi, plutôt que ceux de la rage, de la hargne.
c'est largement mieux d'avoir les mains de côme sur moi, plutôt que dans les airs, d'avoir ce regard qu'il me porte plutôt que celui de dégout qu'il me lance habituellement. voir la braise au fond de ses yeux, celle qui veut me déshabiller quand d'habitude il veut que je me rhabille.
le baiser à s'en essouffler, à en faire imploser le coeur et la tête, à en faire vibrer toutes les parties de mon être, à en résonner contre mes côtes.
c'est une mauvaise idée, keiki. c'est beaucoup trop une mauvaise idée.
j'm'en fous. je m'en contrefous, c'est le dernier de mes soucis. vraiment le dernier. ça le sera peut-être moins demain, plus tard, les autres jours, quand je réaliserais enfin que c'était peut-être une mauvaise idée. peut-être. mais pas maintenant.
ses doigts contre ma peau, brûlants, sont beaucoup trop bons pour que je veuille réfléchir à l'après, pour que j'ai une quelconque envie de tout arrêter. ses lèvres qui glissent à mon cou n'aident en rien, non plus. mes doigts agrippent encore trop fort son t-shirt, un soupir s'échappe de mes lèvres, et je tire dessus, je le lui remonte. je veux lui enlever. je veux qu'il se laisse faire. je veux qu'on oublie le temps et tout ce qu'il s'est passé avant, juste quelques minutes. juste quelques minutes ailleurs, ailleurs que dans cet endroit pesant et lourd de ressentiments.
je lui retire. quelques secondes éloignés, le temps de retirer mon haut à moi aussi, quelques secondes de trop sans nos corps en contact et un syndrome de manque s'installerait presque. mes mains de retour à son cou, un nouveau baiser enflammé, et un cognement qui s'entend sur la porte d'entrée.
sérieusement?
tu vois, keiki, ça, ça s'appelle un signe. ne t'enfonce pas plus dans cette connerie.
quelques secondes. je souffle.
- ne bouge pas. je vais ouvrir.
je sors de la chambre, me retourne sur mon passage, un instant. les joues rouges, le palpitant encore tout excité, à moitié déshabillée, j'ouvre la porte d'entrée. sami. un léger sourire se dessine sur mes lèvres. je suis contente de la voir, elle est juste arrivée au mauvais moment.
- oh! comment tu vas? qu'est-ce que tu fais là?
on aurait pu se voir demain, tu sais. j'aurais eu plein de choses à te raconter.

la journée est bien trop longue, les minutes semblent s’étendrent infiniment sans qu’elle ne puisse savourer leur fin. c’est toujours les mêmes gestes, toujours les mêms mots qui s’échappent avec une langueur éreintante de sa bouche. la répétition d’un sourire dégoulinant de fausseté, attendre que les clients fassent leur choix en prétendant que l’attente ne lui crispe pas le corps,  changer de table, et ainsi de suite. probablement qu’elle n’est pas faite pour ça, sami. d’être enchaînée à des obligations qui lui font perdre la moindre once de retenue et de savoir-vivre qui traînait encore quelque part dans son organisme.
le temps semble s’être coincé dans le sablier, et à chaque regard qu’elle laisse échapper vers l’horloge qui orne le mur du bar, y’a comme cette impression que l’aiguille ne daigne plus avancer, et qu’elle la nargue. alors quand elle est finalement au bord de l’implosion après un énième regard écoeurant, et une remarque qui lui fait blanchir les phalanges contre le plateau, elle s’éclipse. juste comme ça, sans dire un seul mot, probablement quelques heures avant la fin de son service, certainement son dernier. mais y’a ses poumons à l’agonie d’un air moins intoxiqué à l’alcool bon marché et aux eaux de cologne nauséeuses.
et quand c’est enfin l’air moins surchargé qui s’immisce entre ses lèvres, elle sent la frustration s’évaporer progressivement, et un semblant d’allégresse qui remonte le cours de ses veines. avec le goût de sa liberté retrouvée, elle prend le chemin de l’appartement de keiki, sans daigner la prévenir à l’avance pour s’assurer qu’elle s’y trouve bien, ou qu’elle ne la dérange pas. l’idée de gaspiller un peu du temps qu’elle s’est sciemment offert avec elle lui semble bien plus plaisante que de s’enfermer chez elle.
rapidement elle se retrouve devant la porte, le doigt pressé contre la sonnette, l’impatience commençant à faire son apparition tandis qu’elle semble prendre un peu trop longtemps à lui ouvrir. mais quand elle le fait, c’est la surprise qui l’innonde, observant la jeune femme légèrement trop dénudée et mouvementée.
il me faut une excuse pour venir te voir? mais t’as l’air… regard qui glisse le long de son corps. occupée? sourcil arqué et léger rictus qui étire ses lèvres alors qu’elle pénètre sans réellement attendre d’invitation dans l’appartement. elle laisse ses pieds s’engouffrer dans le couloir, se dirigeant dans une direction aléatoire, un peu trop happée par l’observation de chaque détail de l’appartement.
et brusquement, comme le néant qui l’enveloppe. les entrailles qui se retournent alors qu’elle a l’impression de chuter dans le vide. c’est d’abord une silhouette, un peu trop familière. et puis, c’est des pupilles qui croisent les siennes.
et cette couleur qu’elles ont.
exactement la même que ses songes.
instinctivement, y’a le regard qui se dérobe, fuit, comme s’il lui avait brûlé la rétine, et qui s’échoue sur le reste de ce corps qu'elle connaissait à la perfection, bien trop peu recouvert lui aussi. dans un mélange brouillon de choses qui paraissent incompréhensibles, elle comprend brusquement. pourquoi elle avait l’air si heureuse, pourquoi aussi peu habillée. et pourquoi lui.
elle aimerait parler, s’extirper de ce mauvais rêve atrocement réel quand la réalisation la heurte aussi violemment. mais les mots se retrouvent bloquée dans sa trachée, comme une semblant de bégaiement à peine articulé, alors c’est son corps qui recule inconsciemment, cherche à s’échapper sans qu’elle sache où se trouve la sortie. à cet instant précis, y’a plus que la voix furieuse de son coeur qui résonne dans son esprit affolé.
barre toi, qu’il lui hurle.

C’est le choc de deux âmes à la recherche d’une entente, un bout de terrain déminé depuis le début de leur colocation. Il vous fallait peut-être juste vous toucher pour que l’harmonie soit trouvée ? à l’heure qu’il est, rien n’est lucide, tu sais juste que les battements de son coeur contre toi te permettent enfin de l’approcher. Ressentir se mélange d’émotion est incroyable, hypnotique puisque plus rien autour de vous n’a d’importance, le temps lui-même semble vous laisser tranquilles. Existe-t-il un code d’honneur pour les colocataires qui stipule que deux habitants ne doivent pas se toucher plus qu’une poignée de main ? -ça peut très bien être plus que deux d’ailleurs- au fond, tu n’en sais rien, juste qu’au départ, rien a été signalé entre vous la dessus. Ça paraissait tellement improbable, elle était tellement intouchable. Même si ces derniers temps, vous vous énerviez plus que d’habitude, même si ces dernières heures, l’envie de la regarder vicieusement se trimballer à poil t’avait effleuré l’esprit. Pour toi, une femme n’a pas a se dénudée pour que tu la trouves belle. Keiki est belle car elle vient d’ailleurs, car elle n’a pas les mêmes manières qu’une française et surtout parce que naturellement, elle n’a rien a envié a personne. Tu peux enfin regarder les traits de son visage de plus près, mais c’est surtout cette fougue dans son caractère qui tu vois renaitre entre tes doigts. Ses mains glissent son ton torse pour retirer ton tee-shirt avant de retirer le sien elle-même. Une lueur dans tes yeux et ta lèvre mordu, vous vous rejoignez à nouveau comme si l’attente avait été trop longue. Comme une injection qui envahit tes veines, les pulsions te surprennent, tout ton corps réagit à ses mouvements dans une danse précise et sauvage à la fois. Plus un mot, comme si le silence ne devait être brisé sous peine que tout retombe, que les disputes reprennent. Initialement peu bavard, ce sont tes doigts qui parlent pour toi maintenant, dictant tes envies pour mieux faire passer le message.
Mais tes sourcils se froncent en entendant une sonnerie de l’appartement, redondant bruit qui n’annonce rien de bon. Frustré, tu es prêt à faire semblant de jouer les absents pour que vos visiteurs partent. Ta partenaire en décide autrement, ton bras tente de la retenir par la taille, rien à faire. Tu la regardes s’éloigner dans le couloir en soupirant, maudissant la personne sur le pallier. Un de tes amis aurait bien évidemment appelé ou prévenu avant de passer, juste histoire de s’assurer que tu es présent. Impossible que ce soit un de tes collègues Chronopost, chacun se démerde avec son adresse. Tes mains frottent ton visage comme tenter de te réveiller, sauf que tu veux à tous prix te rendormir. Les voix au loin ne sont pas reconnaissable pour le moment, tu prends un peu de temps pour regarder autour de toi avant de te diriger nonchalamment vers le couloir pour sortir de sa chambre. Tu ne fais pas attention à ton tee-shirt resté dans la pièce, tu oublies dans la foulée que toi aussi tes joues ont rosies après l’étreinte que vous venez de vivre. Tu as du mal à réaliser ce qu’il vient de se passer, mais si il y a bien une chose à laquelle tu ne t’attendais pas, c’était bien à la voir ici. Capable de te frotter les yeux pour tenter d’effacer cette image qui apparait devant toi; aurais-tu peur de réaliser que la personne qui se trouve dans ce couloir est bien celle qui t’a abandonné l’an passé ? C’est l’effet chaud/froid, l’émotion qui redescend pour mieux se transformer, la gorge qui se serre et les membres bloqués. C’est bien elle, reconnaissable entre mille, elle qui vient de passer le pas de ta porte, elle qui ose se poster devant toi après tout ce temps. Trop de questions sans réponse, cette vision des moments passés jetés en déchet, une fin avec un impact t-elle, que tu as préféré faire le vide dans ta vie et ne plus côtoyer les gens qui vous entourait. Elle est belle, mais le goût de fer dans ta bouche reflète l’amer expérience de l’avoir eu pour moitié. Apparemment bien loin d’avoir tout réglé avec elle. Sauf que l’endroit n’a rien d’adéquat et que la situation ne pourrait pas être plus embarrassante. Tu finis par avancer grâce au souffle dans ton dos, une envie soudaine de l’affronter alors qu’elle recule, prête à se retourner.
- Bonsoir sami. Un fracas pour les tympans, le ton rauque tu détournes le regard vers keiki postée un peu plus loin. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Comme si elle avait la réponse imbécile, tu vois bien qu'elle a l’air aussi étonnée que toi.

tout s'arrête subitement, notre élan coupé par la sonnette de l'appartement qui fait en sorte qu'on ne puisse pas faire semblant de ne pas l'avoir entendue. je mets côme en arrêt sur image, le temps en pause, et je prie pour qu'il attende, pour que ce soit rapide, que ce soit une erreur, et qu'on puisse rapidement reprendre là où on s'est arrêtés.
mais non.
loin d'en être déçue, quoi qu'un peu quand même, je suis étonnée de voir sami sur le pas de la porte, qui s'invite et rentre dans l'appartement toute seule. j'avoue que j'en aurais fait de même à sa place. je deviens encore plus rouge quand elle remarque que j'étais probablement occupée, un plutôt grand sourire qui s'installe aux coins de mes lèvres, gênée quoique plutôt fière. j'aurais envie de la prendre à part de tout lui raconter, mais c'est franchement loin d'être le moment, maintenant. pourtant, je m'y vois déjà, j'ai la phrase en tête ; tu vois, mon coloc dont je te parlais, celui qui me gonflait constamment, qui gueulait, tout ça. bon, ben.. il se pourrait que.. voilà! suivi de rires, et de verres de vins qui n'en finissent pas.
j'imagine bien la scène, mais à l'instant où je vois sami qui s'avance dans le couloir, je commence à comprendre que ça ne se passera pas du tout comme ça. je la suis, un peu timidement.
- sami, c'est, hum.. côme, mon colocataire..
silence. gêne. énorme malaise. sami se met à reculer et côme la salue avec l'air de celui qui la connaît déjà, et le regard de sami confirme plutôt bien cette théorie.
je me fais peut-être des idées, mais je commence à très sérieusement regretter d'avoir ouvert la porte d'entrée quand je vois côme qui change à nouveau de comportement, qui a l'air de redevenir celui avec qui je vis habituellement. le côme sur la défensive.
- elle est venue me voir, c'est tout. pour qu'on passe la soirée ensemble, j'imagine.
comme des copines, puisqu'on est copines. je les abandonne trente secondes pour remettre mon t-shirt, pour le coup. loin d'être gênée habituellement, vu la situation et l'espèce de tension qui a l'air de se former, j'étais trop mal à l'aise pour rester en sous-vêtements.
- tu veux boire quelque chose, sami?
je l'approche et pose ma main sur son bras. la pauvre, qui a l'air complètement perdue, affolée.

tout devient flou, brusquement. les couleurs qui se mélangent en sublime bordel, les lumières qui subitement sont bien trop fortes pour ses yeux et qui lui brûle la rétine. les tympans qui bourdonnent furieusement. et plus que tout, les plaintes de son coeur qui lui détruit la poitrine de battements virulents. tout est trop fort, tout est trop insupportable. et elle se sent reculer, tituber jusqu’à ce que son dos rencontre le mur derrière elle. et la légère douleur qui se disperse derrière son crâne donne un aspect bien trop réel à la chose, comme si on l’avait pincée pour qu’elle se réveille d’un cauchemar qui n’en est pas un.
non, c’est bien lui, juste là devant elle, et il a presque des airs de mirage avec sa peau blafarde qui lui obstrue la vision. elle est probablement incapable de se rappeler depuis combien de temps elle avait pas posé les yeux sur lui, et peut-être même que pendant un moment elle avait même réussi à l’effacer de son esprit. mais il vient de réapparaître bien trop subitement pour elle pour qu’elle ne parvienne à garder sa contenance, les traits tirés par une surprise bien trop soudaine. et ce léger pincement qui lui déchire le coeur, toujours le même que la dernière fois qu’elle avait eu le goût de sa bouche contre la sienne.
et sa voix, qui vient effacer toute dernière trace de doute. c’est pas simplement une hallucination de son esprit trop étriqué, ni même un semblant de songe qui viendrait la torturer pour lui retourner le cerveau. et il a l’air atrocement calme, avec une retenue qu’elle lui envie atrocement. alors presque immédiatement, y’a son corps qui se redresse, son visage qui reprend un semblant d’impassibilité et son regard qui retrouve le sien.
tu parles d’un accueil chaleureux, j’avais oublié que j’avais tué ta mère. et elle est presque convaincante, sami. mais elle sait qu’il la connaît trop bien pour ne pas réussir à percer ce masque, et pour ne pas voir qu’elle est au bord de la fêlure.
rapidement, y’a keiki qui revient à leur niveau, et avec elle cette jalousie qui l’écoeure qui lui éclate sous la langue. cette sensation ignoble qui refait surface, la même qui les avait perdus tous les deux, alors qu’elle tente de le présenter. mais elle sent très bien cette hésitation dans sa voix, alors inconsciemment y’a ses sourcils qui se haussent, la bouche qui s’étire légèrement.
moi qui avait peur que tu réussisses pas à passer à autre chose, j’suis rassurée. elle devrait probablement pas, mais y’a toujours cette envie malsaine de lui faire mal aussi. parce que la réalisation qu’il l’a remplacée est bien trop dure à avaler, et elle sait plus si c’est parce qu’elle a pas réussi à en faire de même, ou simplement un égoïsme pur. peut-être les deux. et quand keiki s’éclipse pour se rhabiller, y’a aucun autre mot qui parvient à venir briser le silence, et son retour s’échoue sur elle comme un soulagement, en même temps que sa main contre son bras.
je t’en prie, pas besoin de te rhabiller, j’vais vous laisser finir ce que vous étiez en train de faire. mais elle bouge pas, chaque parcelle de son corps est comme engourdie, et son regard malgré elle irrémédiablement accroché à côme. alors qu’elle redécouvre presque ses traits, les détails qui parsèment son épiderme.

Elle attaque Sami, elle prend les armes à peine ta question terminée, au moment le plus tendu. Le sort semble s'acharner sur vous deux, comme si votre rupture n'avait pas été déjà assez douloureuse. Mais pourquoi penser à tout cela alors que vous vous êtes séparés depuis des mois ? Comme un film rembobiné, c'est ton esprit tout entier qui est happé pas les souvenirs, surtout celui de votre dernier baiser. Celui qui avait laissé un goût tellement amer, que le ciel avait semblé se briser au dessus de toi, écrasant toute ta vie au passage. Vous aviez consumé tellement de ressources en y repensant, tellement de moments à se tourmenter, que l'ultime solution de la rupture fut un passage obligé pour tenter de retrouver une vie. Finalement les premiers mois après la séparation ne furent qu'une survie pour toi, bien loin de tout ce que tu t'étais imaginé. C'est elle qui en avait décidé ainsi et au fond, ne le lui as-tu jamais pardonné ? l'épine reste encrée là, dans un coin de ton cœur et c'est en la voyant ici, se pointer dans ta nouvelle vie, qu'elle s'enfonce à nouveau. Comme le rescapé d'un ouragan, tu as refais ta vie sans essayer de comprendre, sans vouloir lui courir après, puisqu'après tout, c'est elle qui a donné le dernier coup.
Alors maintenant tu regardes Keiki profondément, afin de chercher une réponse qui est pourtant si logique. Une amitié qui s'est formée, des personnes qui se connaissent sans le savoir car ce sont des bouts de chemins qui se croisent et s'entrecroisent à nouveau. Elle n'y est pour rien, pas plus que Sami au final, sauf qu'à cet instant, tu regrettes de ne pas l'avoir retenu, de ne pas t'être imposé lorsqu'elle a glissé de tes bras pour allé ouvrir le porte. Elle ne le sait pas, mais c'est une nouvelle secousse qu'elle vient de faire entrer dans ta vie, parce que Sami tu ne l'as pas totalement oublié et c'est pas faute d'avoir essayé. Tu l'écoutes s'acharner après s'être arrêté dos au mur, elle répond à ton attaque détournée en lançant des mots tranchants. Tu la reconnais bien là, la femme aux répliques cinglantes, le caractère effrontée et sans limite. Elle se cache derrière ce regard pour mieux détourner l'attention de ses véritables impressions, Sami n'est pas plus joyeuse que toi à l'idée de te retrouver et pourtant, ou curieusement, elle reste. Comme un affront, tu campes sur tes positions, sans remettre ton teeshirt comme ta colocataire, sans te désarmer non plus. Tu penses à elle surtout, plantée là devant deux adversaires sans filtre l'un pour l'autre, sans savoir toute la vérité. Keiki ne semble pas vouloir connaître les raisons de ce début d'affrontement, et toi qui aimerait qu'elle ne lui propose pas quelque chose à boire. Sami rétorque sans moins de douceur dans le regard, ses yeux ne te quittent pas tandis que ton visage se marbre dans un silence avant de l'affronter à nouveau.
- inutile de jouer à ça sami, prends un verre vas-y, là je crois que ton arrivée à légèrement cassé l'ambiance.
le ton ne parvient pas vraiment à devenir ironique, mais tu veux faire face sans tomber dans le jeu de la défiance. Tu aimerais préserver Keiki de tout cela, sauf que les mots qui sortent ensuite ne s'arrêtent pas en chemin.
- je vois que tes entrées sont toujours aussi théâtrales, toi qui a toujours pris les décisions importantes, tu devrais t'en sortir avec celle-là.
Rester, ne pas rester, que va-t-elle faire de ça ? Sauf qu'à ce moment, tu vois quelque chose dans ses pupilles, son visage change et tu perds pied durant cette seconde de latence. Tu te perds dans ce regard brun dont tu reconnais toutes les nuances, c'est l'envie de retrouver son contact qui déborde tout à coup. Réveille-toi Côme. N'y pense pas, ne l'envisage plus. surtout pas maintenant que tu viens de faire tout juste, le premier pas envers une autre femme.

tout se passe très vite. sami dans l'appartement, côme encore à moitié dénudé et des regards électriques, presque noirs qui se jettent, une tension certaine qui monte dans la pièce. je commence à me sentir de trop.
si j'avais su ce qui allait se passer, je n'aurais jamais ouvert cette porte.
les mots qui se retrouvent jetés dans les airs comme des flèches, durs, sifflants, bruts, et il ne me faut pas plus de quelques secondes pour très bien comprendre ce qu'il se passe sans qu'on n'ait besoin de me l'expliquer.
côme et sami sont sortis ensemble.
j'ignore complètement le pourquoi du comment de la rupture, si elle était récente ou non et ce qu'il s'est passé, moi, tout ce que je vois, c'est ce que je m'apprêtais à faire avec l'ex de mon amie. ce que je vois, c'est la culpabilité qui se met à me ronger tout doucement, même si une petite voix dans ma tête me répète que je n'ai pas à m'en vouloir, que j'en savais rien, après tout.
j'aimerais m'éclipser, tout comme j'aimerais apaiser les tensions. j'aimerais prendre sami à part et m'expliquer, faire en sorte qu'elle ne m'en veuille pas, qu'elle ne s'énerve pas, et j'aimerais aussi faire en sorte que côme reste calme.
mais là encore, tout se passe très vite. les armes continuent d'être lancées, et ma bouche refuse de s'ouvrir, mes yeux sont à peine capables d'observer la scène. juste assez pour remarquer. remarquer les regards qui changent, qui semblent s'apaiser, les flammes qui ont l'air de ne plus vouloir danser, et là, vraiment, je me sens de trop.
- n'hésitez pas à me dire si je vous dérange, surtout.
ironique.
la sauvagerie qui reprend le dessus, une légère colère qui fait surface, surtout, face à la réaction de côme, qui n'arrive pas à lâcher sami du regard.
j'attrape mon paquet de cigarette, souffle, lève les yeux au ciel, et sors sur le balcon. non, en temps normal, j'aurais fumé à l'intérieur. mais là, non. là, je veux fuir avant de voir la suite, avant de m'énerver, avant d'être blessée. je veux fuir avant de voir côme peut-être tomber à nouveau pour sami comme il est tombé pour moi il y a quelques instants.
du moins, c'est ce que je crois. ce que je croyais. j'étais peut-être juste une façon de passer à autre chose avant que tout ne le rattrape.
je sors, je fume, je regarde la rue, et qu'ils s'entretuent s'ils le veulent, ou qu'ils baisent s'ils le veulent. je ne veux assister à rien.
jalouse.

Quand y'a cet écho d’une voix qu’elle avait oublié qui résonne, c'est brusquement comme si on lui avait ouvert les yeux. Sur l’ironie sublime de cette situation, mais surtout sur sa nature futile et ridicule. C'était comme si revoir son visage, et redécouvrir l'écho graveleux de sa voix l'avait ramenée sept mois en arrière, quand leurs coeurs étaient encore cousus l’un à l’autre et qu'elle les avait subitement déchirés. Probablement que ça avait été douloureux, autant pour lui que pour elle. Peut-être même plus, parce que lui n’avait pas été accablé par la décision d’en finir. Non, c’est elle qui avait porté le fardeau de cette séparation seule.
Et aujourd'hui encore c'était elle qui devait en assumer les répercussions et accepter qu'elle n'était plus là seule personne autorisée à partager sa vie. Elle n’y même plus autorisée elle même et c’est lorsque son regard redécouvre la silhouette de Keiki qu'elle réalise que son regard était resté accroché à Côme bien plus que nécessaire.
Et c’est quand elle accompagne ses paroles en s'éclipsant avec cette jalousie qui déborde des lèvres qu’elle réalise que ce n’est plus a elle d’avoir le cœur serré à l'idée que ses mains s'égarent contre la peau de quelqu'un d’autre. Presque comme un réflexe et sans abandonner un énième coup d'œil à Côme, elle lui emboite le pas pour la rejoindre sur le balcon.
Elle sait qu’elle lui doit des explications, qu’elle devrait essayer de lui offrir des réponses à la multitude de questions qui doit lui obscurcir l'esprit. Mais elle est probablement incapable de lui offrir la moindre réponse, encore moins de les formuler tout en restant crédible. Alors elle s’approche simplement, dépose ses mains contre ses hanches pour lui faire face.
J’suis désolée, je m’attendais pas à le voir et j’ai mal réagit. Je veux pas t'empêcher de faire quoique ce soit. Je m’en tape de ce type, c’est plus rien. Et à cet instant elle y croit presque. Y’a cette voix qui résonne dans son esprit, entêtante, qui cherche à la convaincre. C'est plus rien. C’est simplement de le voir réussir à trouver quelqu'un d’autre alors qu’elle a pas été capable d’en faire autant. Pur égoïsme. Léger sourire qui étire ses lèvres et l’effort semble surhumain pour un geste pourtant si simple. Mais elle veut y croire, pour Keiki, pour Côme. Et surtout pour elle-même.
Fais juste attention à toi, ok? Et pour une fois ça sonne atrocement sincère, parce que malgré le fait que l’idée de les voir ensemble lui déchire légèrement la poitrine, la perspective que Keiki connaisse la même sensation est encore plus insupportable. Ses lèvres viennent se déposer au coin des siennes furtivement avant qu’elle ne se retourne et reprenne la direction de l'intérieur de l’appartement, s'arrêtant simplement une dernière fois devant Côme.
Fais pas le con. Pas avec elle. Pas comme avec moi. Elle sait qu’il a saisit le sous entendu qui coule de sa phrase. Et sans attendre sa réponse, elle prend encore l'éternelle décision de partir. Cette fois c’est probablement la bonne.

vous devriez vous en foutre depuis le temps et c'est finalement la réaction de keiki qui arrive à vous mettre d'accord. vos vieux démons ressurgissent comme si vous aviez encore le droit de vous parler de la sorte, c'est toujours aussi usant, rien n'a changé. est-ce le destin qui vous permet une nouvelle fois de comprendre que la meilleure des solutions avait été la rupture ? ton cœur balance, mais la raison t'aide à pousser les barrières du vide que sa présence te procure. tu as honte d'avoir oublié pendant quelques secondes la satisfaction d'avoir posé tes mains sur la femme qui partage ton quotidien, celle qui te semblait tellement proche et pourtant si inaccessible. incapable de lui faire du mal, tu te calmes instantanément en la voyant s'éloigner, l'air résigné.
sami te barre le passage, déjà près à la rejoindre, ton pas s'arrête devant la brune, évitant un quelconque contact. tu les regardes de loin, suspicieux de connaitre les aveux qu'elle pourrait révéler en son absence. mais son visage s'est détendu, rien ne présage une nouvelle vague de tension, est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? c'est finalement sami qui revient avec la réponse. une phrase lourde de conséquence qu'elle te lance au visage encore une fois, ce détachement dont elle fait preuve à cet instant reflète toute l'ambiguïté de la situation. une deuxième fin, alors que rien n'a recommencé. un pincement au cœur, mais le sentiment d'un poids en moins au fond de tes poumons. ta respiration est lourde et le silence qui s'abat entre vous deux te démuni complètement. elle finit par te tourner le dos encore une fois, une dernière fois ? ta main prête à la retenir ne parvient pas à se lever, il ne l'empêchera pas de partir, ayant enfin l'opportunité de passer à autre chose sans savoir où tout ça le mènera.
la seule chose maintenant, est d'affronter la réaction de keiki sur ce face à face plus que déstabilisant. ton esprit tout entier se raccroche à elle, ton regard se porte sur sa silhouette à l'autre bout de la pièce. tes mains se portent derrière ton crâne ne cachant pas ton envie d'expulser les émotions qui se sont entrechoqués durant ces quelques minutes. il avance en direction du balcon pour se poser à ses côtés, fixant d'abord l'immeuble d'en face avant détourner tes yeux vers elle, ses coudes adossés à la rembarde.
- pardon. expression plus que sincère, tu aimerais racheter tout cela par n'importe quel moyen, mais en a-t-elle envie après avoir assisté à cet altercation ? tu veux savoir si elle t'en veux, si cela aurait une incidence sur votre relation.  
- elle et moi c'est du passé, j'veux pas revivre ça. tu ne sais pas si ces paroles auront un impact ou pas sur ce qu'elle pourrait te répondre, tu souhaites juste sincèrement lui faire passer le message, plus doucement.

installée au balcon, cigarette au bout des doigts, les yeux qui divaguent sur les immeubles dressés face à moi, sur les gens qui passent dans la rue, l'exaspération au bord des lèvres, le cœur rongé par cette espèce de jalousie qui s'installe, qui pousse tout le monde et prend sa place. j'attends presque impatiemment qu'ils fassent ce qu'ils ont à faire, peu importe ce que c'est. que la tension diminue, que tout s'apaise, que la pièce se vide et que je puisse retourner à l'intérieur tranquillement, me poser et passer à autre chose.
faire en sorte que la journée de demain arrive vite, que celle-là se termine.
la porte vitrée s'ouvre, j'ignore, jusqu'à ce que des mains se posent sur mes hanches. sami. je m'en tape, c'est plus rien. ses mots résonnent dans ma tête, mes yeux fixés au sol. j'ai envie de la croire, tout comme un doute s'installe légèrement. je relève la tête vers elle quand elle me dit de faire attention à moi, j'hoche légèrement la tête après son baiser.
j'ai envie de la retenir, j'ai envie de pouvoir parler longuement avec elle.
- je t'appellerais demain.
elle s'en va, je souffle. je souffle d'un léger soulagement et d'un pourtant plus grand poids qui s'installe. je me doute que c'est côme qui va venir, maintenant.
je me retourne à nouveau vers la rue, appuyée sur la rambarde.
j'ignore son arrivée, à lui aussi. j'ignore son pardon, j'ignore son regard que je sens sur moi. j'ignore tout ça alors que mon cœur bat la chamade, un peu heurté.
mais les mots suivants, je suis bien incapable de les ignorer.
je me tourne vers lui, après avoir écrasé ma cigarette, et croise mes bras.
- pourtant.. c'est pas ce que vos regards disaient..
nouveau soupir. je passe mes mains sur mon visage.
- j'vous crois, tu sais, sami m'a dit la même chose.. mais.. si tu penses encore à elle, j'ai pas envie de me retrouver au milieu.
j'mérite vraiment pas ça, moi. je veux pas qu'on se lance éventuellement dans quelque chose si tes pensées sont ailleurs.
des mots me brûlent les lèvres, meurent d'envie de sortir, pourtant j'suis pas certaine que ce soit une bonne idée de les dire. ça m'regarde tellement pas, mais j'aimerais tellement savoir pourquoi ils se sont séparés.
je m'assieds.
- sois juste honnête avec moi, sinon c'est pas la peine.

nos regards ? ils ont le goût du passé certes, mais elle l'a bien vu pourtant, cette animosité plus que présente entre eux. sami fait partie de ton passé, ce sont les souvenirs qui sont revenus et non pas de nouveaux sentiments, tu le sais, enfin tu le penses. la voir lui tourner le dos une nouvelle fois t'aide à dépasser toutes les pensées qui l'ont asséné pendant de longues minutes face à elle. tu notes une chose cependant, une sorte de rassurement de la part de keiki, des mots qui ont du sens, une interprétation qui le conforte dans la décision de ne pas avoir essayé de la rattraper.
vous n'êtes que colocataires pour le moment, et malgré ce moment hors du temps que vous veniez de passer, est-ce que cela change vraiment votre relation ? pourrait-on appeler sa réaction de jalousie ? le terme est sûrement trop fort pour le moment, mais tu ne peux t'empêcher de sourire en l'écoutant. tu te veux rassurant à ton tour, même si elle détourne le regard, son agacement se transmet dans ses gestes frénétiques. ses bras croisés et la mine renfrognée, elle te fait remarquer l'écho de vos deux discours.
- sami et moi avons eu une longue relation, mais elle fait partie de mon passé maintenant.
imagine toi, retrouver un amour perdu, celui dont tu ne voulais plus de nouvelles tant la douleur fut vive, imagine keiki, mets toi à ma place. le ton sûr et le regard qui ne baisse pas, tu la regardes s'asseoir en te tournant vers elle.
- si je n'avais pas été honnête, j'aurais sûrement fait semblant de ne pas la connaitre.
très compliqué à appliqué, mais fort possible. en savoir plus sur votre couple ne serait que remuer le couteau dans la plaie pour toi, comme pour elle. tout cela n'a plus d'importance et tu souhaites vraiment lui faire passer le message. les explications font place à l'envie de la réconforter, continuer malgré la tornade qui vient de s'abattre sur vous.
- je crois comprendre que je ne te laisse pas indifférent.
tes mains se posent sur les siennes, pour l'aider à se relever, postée à la même hauteur que toi. tu vas peut-être te prendre une veste, mais si il y a bien une chose que tu as apprise avec keiki, c'est de ne pas attendre plus longtemps et de te lancer. faites que l'ambiance s'apaise, qu'elle voit en toi celui que tu es au fond, un mec normal qui n'a qu'une vie et souhaite la partager avec elle. tes doigts s'entrelacent dans les siens alors que tu choisis ce moment pour te rapprocher à nouveau de son visage et l'embrasser.

ma réaction a probablement été trop vive, trop extrême, en les voyant tous les deux. mais c'est comme ça que je suis, moi. sauvage, entière. j'y suis pour rien, c'est vrai, j'le fais pas exprès. ça m'a fait quelque chose de les voir tous les deux, de voir qu'ils avaient partagé quelques choses, de voir que côme n'arrivait pas à baisser le regard face à sami, alors qu'on était en train de partager quelque chose de fort, de puissant. ça m'a fait quelque chose, un quelque chose que je tente de chasser, maintenant, que je tente d'évaporer dans les airs, dans mon flot d'émotions continu, au milieu de mon cœur qui bat la chamade et d'un sourire qui tente de faire sa place au milieu de mes lèvres, que je contrains à rester en arrière.
soulagée. c'est vraiment le terme qui me correspond à cet instant, en écoutant côme parler, en l'écoutant me dire qu'il a été clairement honnête. un poids qui se retire complètement de mes épaules et mon souffle qui reprend normalement, plus tranquillement. soulagée, ouais.
je reste assise, pourtant, et je l'écoute en rajouter une couche, joueur, charmeur. un fin sourire arrive à tirer un coin de mes lèvres, le droit seulement, et mes yeux se mettent à pétiller légèrement.
- quoi? non, je ne vois pas de quoi tu parles..
il attrape mes mains. frisson. je me relève, un peu plus souriante, serre ses mains quand il entrelace nos doigts et me laisse porter par le baiser, les yeux fermés, le cœur léger, les joues tirées, presque douloureuses. je lâche une de ses mains pour passer la mienne dans sa nuque et me coller contre lui.
quelques secondes de pause. je m'éloigne à peine.
- non, vraiment, j'vois absolument pas de quoi tu parles. j'suis complètement indifférente, ça se voit pourtant.
léger rire. j'tiens pas plus que ces quelques secondes. mes lèvres vont naturellement se plaquer à nouveau contre les siennes. un peu tendrement, peut-être trop tendrement.
la sauvagerie m'a passée, pour l'instant.