what the fuck. (keiki)

ils t'ont invités à sortir boire un verre, t'as acceptée en disant que tu n'acceptais qu'un verre et on sait tous comment ça se termine ce type de soirée. tu t'es laissée emportée par l'ambiance du bar; les discussions coulaient à flot et l'alcool aussi, tu ne prenais même pas conscience que t'avais un nouveau verre; la soirée était bonne. tu t'es amusée sur le dancefloor à danser n'importe comment, t'as eu des discussions musclés, le type de discussion où tu peux débattre et donner ton point. la militante que tu es, prend doucement le dessus et ça amuse les gens qui sont avec toi. bientôt, tu sens ton petit corps qui tangue; tu as les idées un peu plus confuses et la parole décousu, les joues en feu dû à l'alcool qui coule dans tes veines. il est clair que tu n'es pas en état de conduire, c'est d'ailleurs l'un de tes potes qui t'offres de te payer un taxi pour rentrer à la maison. tu donnes une adresse qui n'est pas la tienne, tu ne rentres pas chez toi; tu ne sais pas pourquoi exactement tu n'as pas donnée ta propre adresse, tu te trouves probablement hyper marrante. c'est avec toute la misère du monde et dans des chuchotements qui ne sont pas des chuchotements, dans des rires étouffés que tu retrouves la clé soigneusement cachée pour réussir à déverrouiller la porte de l'appartement qui n'est pas le tien. tu remercies ton pote lui disant que tout ira bien à partir de maintenant, il te jette un dernier coup d'oeil pour s'assurer que tout va bien, puis tu entends ces pas s'éloigner alors que tu réussis à ouvrir la fameuse porte et t'engouffrer à l'intérieur.

il est fait noir comme chez le loup, évidemment tu manques de t'accrocher un peu partout; mais étonnamment ça ne fait pas de bruit et tu ne sembles pas réveiller personne. tu retires tes bottes manquant de te retrouver sur les fesses, mais tu réussis quand même. bon dieu, c'est à se demander comment tu peux faire alors que t'es complètement saoule. finalement débarrassée, tu ne te poses pas de question et tu te diriges vers la chambre de ton meilleure ami, n'ayant qu'une envie retrouver la chaleur de ces draps et retrouver les bras de morphé pour quelques heures. t'entres dans la chambre et tu n'as même pas la force de te dévêtir, tu ne fais que t'approcher du matelas que tu touches du bout des doigts essayant de ne pas te casser la gueule. mais bon, l'alcool ne semble pas t'empêcher de te la fermer complètement parce que tu chuchotes, du moins, tu crois que tu parles à voix basse; mais au final c'est pas totalement ça. tu ne cris pas, mais t'es pas discrète non plus. « coco bae, tu dors?» que tu demandes à ton meilleur ami alors que tu te glisses sous les couvertures, y'a un truc qui cloche dans l'équation; mais tu ne le réalises même pas, du moins pas encore.

endormis ensemble, collés, côme s'en va tôt, sans doute pour aller travailler, me laissant dans les draps qui perdent leur chaleur subitement. je change d'oreiller, attrape le sien, jette l'autre par terre, n'ayant plus d'importance tout à coup, et me rendors aussi rapidement après avoir tiré un peu plus la couverture sur moi. à moitié nue, en simple culotte, dans le lit de côme, à pouvoir dormir encore quelques heures avant que le réveil ne sonne. j'en viendrais presque à sourire dans mon sommeil.
le sommeil que je prévoyais long, calme, paisible, doux, et certainement pas perturbé par quoi que ce soit. mais encore une fois, l'imprévu fait son apparition. il en fait trop à mon goût, ces derniers temps. si ça me plait habituellement, ça me déplait fortement durant mon sommeil.
une voix me réveille subitement. clairement pas celle de côme, et côme est la seule personne qui vit ici avec moi, alors clairement pas celle que je devrais entendre.
j'ouvre les yeux brutalement, m'assieds en sursaut, alors que la personne se glisse sous les couvertures. couvertures restées contre elle, j'allume la lampe de chevet pour me retrouver dénudée sous son nez, sans gêne pour autant. suzy.
- qu'est-ce que tu fais là?
un peu soulagée, quand même, de voir qu'il ne s'agit que d'elle. j'attrape un t-shirt qui traine au sol et l'enfile rapidement. je baille, passe mes mains sur mon visage.
- côme est déjà parti. mais.. comment tu es rentrée?
j'ai sommeil, j'aimerais me rendormir, j'aurais aimé ne pas avoir été perturbée, mais surtout, j'aimerais comprendre ce qu'elle fait ici, et pourquoi elle vient se coucher dans le lit de côme si tôt le matin.

réveil en sursaut, réveil franchement désagréable. dérangée par la présence trop lourde et trop brusque de quelqu'un d'autre que côme dans son lit, une voix qui vient me déranger encore plus. le sommeil serait presque parti. presque. mais il ne s'agit que de suzy, alors aucune colère ne me monte, le sommeil commence à reprendre le dessus, je baille sans m'en rendre compte, je lutte contre mes paupières qui se font incroyablement lourdes.
elle me retourne la question, et je passe mes mains sur mon visage. comment ça, qu'est-ce que je fais là? j'habite ici, et de toute façon, j'ai bien le droit de dormir dans le lit de mon copain/colocataire, non? si.
- je dors ici, moi.
tout simplement. je n'ai pas vraiment d'explication supplémentaire à donner, certainement pas à cette heure si tôt le matin, non, ça non. côme n'aura qu'à lui dire, ou alors je lui expliquerais mieux plus tard. mais pas maintenant, ça non.
je l'écoute continuer de s'expliquer, sur justifier un peu, aussi, et je souris. elle n'a même pas besoin de se justifier. je vois bien qu'elle a trop bu, je vois bien qu'elle cherchait juste du réconfort, de la chaleur, un repère. j'avais la même sale habitude à hawaii, d'aller dormir dans le lit de mon meilleur ami, souvent avec lui, même.
je me lève, attrape un jogging et un t-shirt à côme pour lui donner, avant de me rallonger dans le lit.
- tu seras plus à l'aise avec ça. mais ne dors pas sur le canapé, il n'est pas vraiment confortable. tu peux rester dormir là.
si ça te dérange, je retournerais dormir dans mon lit. mais j'aimerais mieux finir ma nuit ici, quand même.
- et de toute façon, lou est déjà sur le canapé.. tu l'as pas réveillée, au moins?
elle est peut-être partie elle aussi, déjà. j'en sais trop rien, je dormais moi, de toute façon. je n'entends rien moi, quand je dors. sauf quand on me coupe mon sommeil. sinon, tout le monde peut entrer et sortir de l'appartement sans que ça ne me perturbe, tant qu'on ne s'approche pas du lit.

suzy incrustée dans le lit de côme, lit dans lequel j'ai élu domicile depuis le début de ma nuit et ce jusqu'à la fin, jusqu'à ce que mon réveille sonne, jusqu'à ce que je me décide à en sortir, jusqu'à ce que je n'en ai plus le choix. suzy s'est incrustée, sans demander la permission de qui que ce soit, habitude qu'elle a probablement depuis longtemps, bien longtemps, et c'est bien pour ça que je ne lui en tiendrais pas rigueur. je suis arrivée après, je n'ai pas à changer tout ça, je n'ai rien à dire, juste à faire en sorte qu'elle accepte que je puisse continuer de finir ma nuit ici.
je lui tends des vêtements à côme pour qu'elle se change, pour qu'elle soit plus à l'aise, qu'elle puisse dormir tranquillement sans se sentir serrée, oppressée dans ces vêtements dans lesquels elle a passé sa soirée. c'es tout drôle de la voir, de savoir que c'est ses vêtements à lui, qu'elle porte elle, vêtements que je ne me suis pas encore permise d'emprunter, que je ne ferais peut-être même jamais.
elle a beaucoup de difficulté à se changer, et j'irais bien l'aider, mais le temps que je me demande si je vais finir par le faire, elle y arrive enfin toute seule.
visiblement lou ne s'est pas faite réveiller. tant mieux.
allongée, suzy vient s'installer à mes côtés, je la regarde en souriant. situation plutôt inattendue, j'aurais même presque envie de rire. mais pourtant son état n'est pas drôle, état que je connais trop bien, état qui te fait tanguer, qui te donne le tournis, voire même envie de vomir.
je me relève, assise dans le lit.
- tu veux un verre d'eau, ou quelque chose? ou juste.. dormir?