forever young. ≈ côme

ce soir, t'as envie de te retrouver avec ton meilleur ami; de le retrouver un peu sans avoir d'autres gens autour. un brin égoïste non? tu trouves juste que depuis les dernier temps, tu ne passes plus autant de temps avec lui et t'as l'impression d'avoir zappé un tas de trucs. côme et toi, ça date d'assez longtemps, tu sais qu'il peut être lourd et chiant par moment; tu sais aussi qu'il est un être impulsif, qu'il ne se gêne pas à dire ce qu'il pense et c'est ce que tu aimes chez lui. de ton côté, tu ne te gênes pas pour le remettre à sa place quand tu juges qu'il a dépassé les bornes; il se veut protecteur à ton égard et même si cela à le don de t'agacer par moment, parce que tu n'es quand même plus une enfant; t'apprécies cela, mais bon jamais tu ne lui avouera ouvertement. bref ce soir elle prend l'initiative de lui envoyer un sms pour lui proposer de sortir; tu sais qu'il ne refusera jamais une telle proposition, tu sais comment l'attirer et jamais ô grand jamais il ne refuse une bière. tu lui proposes donc, qu'il te rejoigne au bar vers 21h30; ouais bon c'est peut-être tôt, mais en même temps tu te fais un peu chier actuellement alors autant sortir. tu prends soin de te préparer, toujours avec le strict minimum, t'es pas le type de demoiselle qu'on remarque à cause de sa tenue flamboyante; tu déteste que l'attention soit rivé sur toi, plutôt étonnant pour une femme militante; mais lorsque tu milites c'est un contexte complètement différent; comme si tu devenais un peu une autre personne. t'empruntes un taxi pour te rendre là-bas et t'entres dans le fameux bar où l'ambiance règne déjà, tu t'avances et te demandes si côme n'est pas déjà sur place, mais tu sembles ne pas le voir pour le moment. tu t'avances donc au comptoir prenant place sur l'un tes tabourets, tu discutes un peu avec le barman jetant parfois des regards vers la porte, mon dieu comme si ça faisait des siècles que tu ne l'avais pas vue. finalement, tu le vois arrivé côme avec son air nonchalant, tes yeux couleur océans s'ancrent dans les siens de couleur de braise et t'as ce petit sourire au coin des lèvres qui se dessinent, t'es heureuse de le retrouver. « j'espère que t'as l'estomac solide, ça promet d'être une dure soirée.» voilà comment tu annonces la couleur, tu affiches un sourire plus franc; en vrai, tu dis n'importe quoi puisque tu ne prévois jamais la tournure de tes soirées à l'avance.

bien trop borné pour donner raison à qui que ce soit aujourd'hui. tu t'es tapé le rayonnage dans ce hangar trop grand, écoutant tes collègues se plaindre de la fraicheur du lieu. les oreilles à moitié fermé pour mieux se concentrer. puni de transport cet après-midi malheureusement, ton camion de service au garage, tes pieds collés au sol pour cette fois. malgré le speed de ce taff de misère, t'es bien content de ne pas avoir ton boss sur le dos toute la journée comme maintenant. tu ne veux parler à personne ni entendre la moindre plainte, pas ton truc de jouer les mecs compatissants. c'est finalement la sonnerie de ton téléphone qui va te rendre le peu de sourire qui te manque. un message de Suzy pour te faire sortir du quotidien encore une fois, elle arrive toujours au bon moment. t'as l'impression que ça fait trop longtemps que vous ne vous êtes pas vu et tu t'en veux que ce soit elle qui y ai pensé avant. c'est la meilleure chose qui pouvait t'arriver ce soir, ou si peut-être un show dénudée de keiki, mais on verra ça demain. trop terre-à-terre pour imaginer ce qui va vous arriver ce soir, tu remballes tes affaires rapidement après avoir terminé pour filer la retrouver. tu regardes l'heure tardive en te disant qu'ce taff te prend bien trop de ton temps personnel. la salaire dérisoire qui va avec. tu entres dans le bar sans attendre pour chercher ta petite tête brune, et comme un appel, elle tourne la tête à ce moment là. tes pensées s'échappent alors, tandis que tu avances dans sa direction en regardant son air enfantin qui te toise. ton bras entoure sa nuque lorsque tu déposes rapidement tes lèvres contre son front. bonjour personnel et polie, avant de t'asseoir à ses côtés. elle a l'air en forme, c'est le principal. « c'est à moi que tu dis ça ? c'est ton corps entier qu'est pas solide, j'vais encore devoir te porter pour te ramener » ces paroles annoncent la couleur et ça te fait sourire. tu fais signe au barman, « deux bières s'il te plait » puis tu reposes tes yeux sur la gamine à côté, enfin gamine, elle est bien la seule à avoir ton âge entre toutes les femmes que tu côtoies en ce moment. « comment tu vas ? quoi de nouveau depuis la dernière fois ? »

Elle minaude en te voyant l’attaquer, tu vois ses yeux qui se lèvent et son nez qui se retrousse devant tes arguments et ton sourire. Quel agréable surprise que de retrouver les traits de Suzy dont tu connais bien toutes les facettes maintenant, elle est peut-être la seule à te faire rire autant. C’est l’apaisement qui se diffuse autour de toi lorsque tu la rejoins et c’est ce dont tu as le plus besoin en ce moment. « ça va, j'me suis encore fait chopé par les flics après une manif qui a mal tournée.» pourquoi ça ne t’étonne pas ? Au-delà d’être au courant des manifestations auxquelles elle participe régulièrement, tu sais qu’elle a toujours pris soin d’être une personne engagée envers les causes qu’elle défend, mais aussi envers ses amis. Tu souris en regardant un peu autour de toi, la main tapotant sur le comptoir en attendant vos breuvages, ce soir est pour vous deux, comme au bon vieux temps. « j'suis à veille d'avoir ma cellule avec mon prénom d'inscrit dessus.» bien que tu aies tenté plusieurs fois d’assagir ses pulsions déterminées, aujourd’hui tu as pris ton partie. Tu n’oses plus lui dire quoique ce soit qui aille contre ses décisions. « j’te le dis comme ça hein, mais y’a pas de bière en prison » la plaisanterie au visage, tu mimes un léger applaudissement à la fin de ta phrase en haussant les épaules. « Promis je viendrais te voir » légère pause, puis tu tournes ton siège un peu plus vers elle, l’air désabusé. « Enfin, si j’ai le temps » c’est vrai que t’as un emploi du temps de ministre Côme, c’est bien connu.
Le liquide coule et la sensation est plus vivifiante que jamais, c’est agréable de lâcher prise après une journée aussi harassante. Ta question est vite poussée dans le ravin, objectant ses galères d’étudiante d’un revers de main pour mieux te retourner la question. Tu lèves les yeux au ciel en buvant encore un coup, retardant au plus le moment où il faudra parler de toi et de ta vie en ce moment. Non pas qu’elle soit désagréable à vivre au contraire, mais pour te tirer les vers du nez, habituellement faut y aller. Et comme par hasard, elle met les pieds dans le plat en parlant de te colocataire. C’est quoi ce sixième sens pour deviner en un rien de temps les sujets intéressants à aborder ? Tu sais qu’elle connait Keiki depuis peu, elles se sont rencontrées à l’appartement il y a peu. Pourtant, tu ne sais toujours pas ce qu’elle en pense, non pas que son avis régisse tes actes, mais il parait quand même important. « Parle-moi de ta vie d’étudiante nulle plutôt » tu voudrais changer de sujet, mais tu n’y arriveras pas c’est évident. Son regard te le dit et même si le tiens tente une volte-face, tu finis par souffler en buvant une gorgée du breuvage. « ok, non on ne s’est pas encore entretué, c’est même plutôt l’inverse » ça ne veut rien dire, mais c’est tout ce qu’elle obtiendra pour le moment.