ANN - Baby Doll

○ Née en Irlande, elle était la cadette d’une famille de trois enfants. Fille du milieu, elle vivait aussi avec sa seule grand-mère encore en vie. Sa vie en Irlande était clairement une vie idéale. Papa était docteur à l’université de Belfast dans la cancérologie et Maman était la directrice des ressources humaines de la boite de sa famille. Et Dan et Glenn eux étaient des enfants un peu trop chouchoutés et ne bossaient pas encore puisqu’ils étaient tous les deux en étude médecine. Sa famille, elle l’aimait clairement, mais aujourd’hui elle n’en a plus.

○ Quand elle a eu dix-huit ans, un incendie s’est déclaré chez elle. Mais dormir chez une copine un samedi soir c’était normal. Si bien qu’elle a perdu l’intégralité de ses biens, de sa famille cette nuit-là. Et c’est bien parce qu’elle était majeure qu’elle a pu hériter de l’intégralité des biens de sa famille. Une fortune qui n’a pas trop d’égaux pour une gamine de son âge, quelques assurances vies où elle continue de placer du fric. Mais à ce moment-là, elle a fait tout ce qu’il fallait faire, les papiers, les enterrements, elle a pris ses clics, ses clacs et elle est partie commencer une nouvelle vie en France, ce qu’elle a oublié de faire, c’est son deuil.

○ Elle a d’abord posé ses valises à Paris pour commencer sa licence de psychologie dans les règles de l’art, mais Paris, ça l’a étouffée. Alors, elle est restée que deux ans avant de descendre sur bordeaux, pour les trois dernières années qui lui reste à faire. Alors, elle a rencontré les gens les plus fous, mais les plus adorables de la terre. Sans doute les plus bordéliques de tous. Chacun son petit caractère, elle est la maîtresse de maison en matière de ménage et de décoration, mais elle aime cette coloc et elle veut pas se l’avouer, mais y sont comme une famille pour elle. Et tant qui ne lui demande pas comment elle amène son fric pour payer ce qu’elle doit, c’est tant mieux.

○ Ann, elle a préféré s’inventer une vie plutôt que de raconter sa vraie histoire aux gens. Orpheline, elle a été adoptée petite par un couple de Franco-Irlandais, qui comme y étaient trop vieux sont décédés, donc elle est tout seul bla-bla, elle n’aime pas parler de sa vraie histoire et elle ne doute pas qu’on va lui en faire tout un plat quand ça va sortir des catacombes cette histoire d’incendie et de parents calcinés.

○ Elle aime se bouger et aller à gauche à droite, finalement elle n’est à la coloc que lors qu’elle a fait les courses ou bien qu’elle range ici et là le bordel des autres. Se promener c’est libérateur pour elle et le campus est un endroit où se poser pour lire à l’ombre ou d’autres conneries du genre. Elle n’est pas trop ciné, mais elle adore les activités d’extérieur et ce n’est pas rare de la trouver à la terrasse d’un café pour lire un truc sur la psycho ou bien un manga qu’elle vient d’acheter. Bref, depuis qu’elle a tout perdu, rester en place ce n’est pas trop son truc, elle n’a pas de limite, puisqu’elle n’a plus d’autorité pour lui imposer ses fameuses limites. Alors, elle fait ce qu’elle veut, quand elle veut, en tentant de rester normale, parce qu’elle sait qu’elle doit quand même avoir des valeurs à transmettre si un jour elle a sa propre famille. La première valeur, ça serait de ne plus mentir, mais ce n’est pas encore un pari réussi.

○ Elle est ce qu’on peut appeler une pute dans un langage fort peu fleuri. Pour Ann, un corps, ça reste un corps, et un service, un service. Évidemment, elle ne crie pas à gauche à droite qu’on peut lui passer dessus dans le plus grand des calmes, et elle met directement des limites. Oui, on couche, tu paies et on ne s’aime pas. Forcément y’ en a quelques-uns qui ont pas compris l’idée du on aime pas, mais Ann, elle a juste besoin d’un peu d’argent et elle a pas envie de sentir la frites ou de bosser le week-end, parce que Tinder c’est une app gratuite, après, elle a pas honte de ce qu’elle fait, parce qu’elle aime le sexe, mais avouez que ça se lit pas vraiment sur son visage ! Et puis, c’est toujours mieux de faire ça chez les autres de toute façon.

○ Elle a peur du feu, comme de juste. Même une bougie c’est compliqué pour elle a regardé. Alors pour faire la cuisine, elle fait en sorte de demander à quelqu’un de foutre une casserole sur le feu. Afin de ne pas voir la flamme s’allumer et l’étincelle se faire. C’est assez triste, alors qu’elle adore faire la cuisine. C’est donc pas très rares de la voire manger des salades ou des plats tout faits qui sortent du micro-onde, mais elle tente de faire des efforts et de sourire quand elle reçoit une yankee candle pour son anniversaire, puis la range très sagement dans une boite sous son lit. D’ailleurs, sa chambre, elle a la porte constamment ouverte, comme la fenêtre, elle est claire avec du vert, des fleurs, des meubles anciens mélangés au nouveau, pas mal de bibliothèques, un bureau rangé dans les règles de l’art, bref tout est tiré à quatre épingles, sinon ça la stress un peu de vivre dans un bordel ambulant. Et elle a un véritable problème avec la notion d’intimité puisqu’elle va partout, même quand les autres sont dans leurs chambres en hurlant : JOUR DE LESSIVE, donnez-moi vos fringues sales les gueux ! Ce qui arrive assez souvent au moins trois fois par semaine…

○ Après son master, elle compte bien aller jusqu’au doctorat en psychologie, parce qu’elle voudrait bien l’enseigner la psycho, mais elle sait que la recherche dans cette branche c’est pas facile et que les thèmes de thèses c’est comme l’or du roi Midas, c’est vite compliqué d’en trouver. Alors avec tout l’argent de ses assurances et un compte bien plein, elle pourrait tenter d’ouvrir un cabinet à Bordeaux. Ou bien de refaire un Master, parce que profession étudiant, ça claque un peu non ?