des vieux neons // lorenzo

comme à ton habitude, tu erres dans les rues de bordeaux. tu essayes d'observer le monde qui t'entoure alors que tu fouilles dans ton sac pour en extirper plusieurs cachets que tu avales sans même boire. sans doute l'habitude, après tant d'années à avaler ces fichues pilules qui te maintiennent précairement en vie. enfin, il parait, même si ça te bouffe plus de l'intérieur qu'autre chose. mais tu n'as pas le choix. tu passes une main sur ton visage alors que tu réajustes ton sac sur tes épaules, marchant au hasard dans la rue. parfois, tu t'arrêtes et tu observes la vie autour de toi, les gens qui ne te voient pas, ceux qui sont pressés, en retard, accompagné d'enfants. un ou plusieurs. tu fronces les sourcils un moment, t'attardant sur un couple non loin de toi. tu restes immobile quand tu croises le regard de la jeune femme. tu te pinces les lèvres et tournes la tête un moment, te concentrant sur un enfant qui t'observes au bout de la rue. tu lui offres un sourire avant de te retourner et de marcher dans la rue, toujours au hasard. de toute manière, tu n'as que ça à faire. marcher. errer dans la rue. sans savoir ou aller. tu n'as pas de maison ou tu rentreras ce soir, de toute manière. tu viens t'appuyer à l'ombre d'un porche quelconque. tu passes tes doigts sur ton visage et, inconsciemment, tu viens vérifier que ton cœur bat toujours dans ta poitrine, parce que c'est vital. tu retiens un soupir de soulagement, alors que ton regard croise celui d'un illustre inconnu, bien plus âgé que toi. tu ne penses pas l'avoir déjà vu. tu te pinces les lèvres et détournes la tête silencieusement, une sensation inconnu serpentant le long de a colonne vertébrale.

Un cachet, deux cachets, trois cachets... Hop, tu les avales avec un grand verre d'eau. Là ça va carrément mieux, hein. Tu fermes les yeux en levant la tête vers le plafond, un sourire se dessine sur ton visage, en rouvrant tes yeux cernés. C'est plus des poches que t'as sous les yeux Lorenz, c'est carrément des valises bientôt. Tu as une vie de merde, mais t'es quand même heureux, c'est ça qui compte non ? Personne ne t’enlèveras l'idée que dans ce monde, y'a des gens qui ont des vies encore plus merdiques que la tienne.

« La tienne aussi est merdique, Lorenzo Vivone ! »

« Ta gueule, toi !! » Que tu réponds à la voix dans ta tête, en grognant.

Tu vas pas te laisser faire aujourd'hui, ça non ! Tes médicaments sont pris, il y a aucune raison pour que quelque chose aille de travers. Il faut rester positif ! Après une bonne douche chaude et tes vêtements enfilés, tu files dehors, dans l’espoir de prendre un bon petit déjeuner.

Une fois dehors, tu profites de l'air frais sur ton visage et tes cheveux. Comme ça fait du bien. Qu'est-ce que c'est bon d'être enfin libre, après toutes ses années de prison et d’hôpital psychiatrique. Ça te réussit pas d’être enfermé, comme ça. En fait, t'as l'impression d’être encore plus dingue et malade quand t'es enfermé, que quand tu es libre. La nature est un traitement vraiment puissant sur toi. La nature et les animaux. D'ailleurs, tu passerais bien au refuge distribuer quelques câlins et quelques promenades cet après-midi.

Tu croises plusieurs genres de personnes différentes dans la rue, des jeunes, des vieux, des maigres, des gros. Mais y'en a un qui attire ton attention, c'est le petit gars. Le petit gars qui croise ton regard et qui tourne la tête de suite après. Il a l'air mal à l'aise. Mais il à l'air surtout complètement paumé dans sa vie. Tu t'approches de lui, t'as des sortes de pulsions qui te viennes, tu lui sauterais bien dessus comme ça là, devant les gens, pour le prendre contre le mur, mais tu serres légèrement le poing et ça passe.

« Hey, salut. » Que tu lui dis, en t'approchant doucement de lui.

A la fin de ta phrase, tu fais un petit sourire gentil . Enfin, ce que toi t'appelle sourire gentil, ça à plus l'air d'un petit sourire en coin de pervers qu'à autre chose, mais enfin bon. Faut bien essayer de sociabiliser dans la vie Tu essayes de capter son regard, de plonger tes yeux dans les siens, pour voir. Pour voir quoi, Lorenz ? Ça t'en sais rien, mais pour voir. C'est un petit peu ta façon de cerner les gens, les regarder dans les yeux. Parce que les yeux, ça raconte beaucoup de choses. Les yeux, c'est le reflet de l’âme, quand tu parles pas, tes yeux parle pour toi, en silence. C'est ton psy qui t'avais dit ça un jour. Tu te racles légèrement la gorge en te rendant compte que fixer ce petit homme comme ça, pourrait le mettre mal à l''aise et le gêner. fortement Alors tu lui dis plutôt :

« Euh, je m'appelle Lorenz. Et toi ? C'est comment ton nom ? »

T'as toujours ce petit accent italien hein, ça fait plusieurs années que t'es en France et que tu parles français, mais tes origines de rital s'accrochent à toi dur comme fer, c’est pas croyable, ça.

c'est une jour comme les autres. longues. banales. ennuyeuse. moroses malgré les quelques rayons de soleil timide en ce mois de septembre. tu sais pas trop quoi faire, t'aurais presque envie d'aller squatter chez louis ou chez alan, mais non, tu veux pas avoir cette étiquette. tu sais te démerder, ça fait presque cinq ans que tu te démerdes tout seul, alors, non, t'as pas besoin d'eux. ni de personne. t'as beau les kiffer, c'est tes potes et t'as b'soin de les voir assez souvent, mais t'as pas besoin de leurs pitiés ou quoi que ce soit d'autre. tu t'amuses à observer les gens, t'as rien d'autre à faire de toute façon. la batterie de ton téléphone minable est complètement déchargée et il faudrait que tu trouves un endroit calmer pour te poser, mais c'est l'heure de pointe dans les rues et, clairement, t'as pas ta place dans les bars un peu bobo-chics du centre. tu soupires doucement et t'adosse sous un porche. t'observes les gens, ton regard passe d'inconnu en inconnu, de sourires discrets à des jugements et du dégoût. tu pousses un soupire et éloigne la mèche de cheveux qui tombe sur ton front. hey, salut. tu sursautes presque, ton cœur manque un battement et tu tournes la tête pour croiser le regard de ce mec que t'as aperçu il y a pas plus de cinq minutes. voir mêmes trois minutes. salut. tu souffles en enfonçant tes mains au fond des poches de ton sweat gris. tu détournes légèrement le regard au bout de quelques secondes, tes doigts jouant avec le tissu de ton vêtement à l'intérieur des poches. tu te mords l'intérieur de la joue. t'es pas mal perplexe et que tu sais pas vraiment comment réagir, en réalité. une furieuse envie de t'enfuir te prend, mais une autre part de toi trouve ça intéressant que de rester planter la comme un idiot, silencieux. et pourtant t'es pas muet, tu sais ouvrir ta bouche quand il le faut. et sans mauvaises pensées. euh, je m'appelle lorenz. et toi ? c'est comment ton nom ? maé. tu réponds en une seule syllabe. en même temps, tes parents n'ont pas fait bien compliqué quand il s'agit de ton prénom. tu retiens un léger soupir, inspirant une longue goulée d'air. tu n'as pas manqué le léger accent italien sur les lèvres de l'inconnu, dont tu suspectes le prénom complet être totalement italien. désolé de pas trop causer. ma mère m'a toujours dit d'pas parler aux inconnus. tu lances, piquant, alors que t'es totalement partagé. tu fermes les yeux quelques secondes et laisses tes doigts passer une nouvelle fois dans tes cheveux, alors que tu sais pertinemment que cette foutue mèche brune retombera sur ton front au moindre mouvement de ta tête. qu'est-ce que vous voulez ? tu te tournes d'un bloc en direction de l'homme à tes côtés, les sourcils légèrement froncés. t'as autre chose à faire de ta journée en fait. t'aimes pas tellement faire la manche, mais y'a des jours ou t'as pas l'choix et aujourd'hui, il ne fait pas trop froid, alors t'aurais p'être pu rester statique sur le sol pendant plusieurs heures. t'sais pas trop. enfin, soudainement, t'as plein de trucs plus ou moins intéressants à faire qui te viennent à l'esprit.