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Empty pockets, empty hearts ღ Louis

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MessageSujet: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptySam 16 Sep - 21:49


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Louis & Marianne


D'un petit signe de main, Marianne salue une dernière fois ses collègues et resserre sa veste en jean autour de son corps malingre. A quelques jours de l'automne, il fait déjà relativement froid à cette heure plutôt tardive et la jeune femme souffle sur ses doigts pour les réchauffer. Déjà frileuse en temps normal, la faim et la fatigue ne l'aident pas vraiment à se sentir au mieux de sa forme. Les bras en croix sous sa poitrine, elle rase les murs, jette des regards inquiets autour d'elle chaque fois qu'un bruit, n'importe lequel, lui parvient aux oreilles. Les rires d'un groupe d'amis installé quelque part en terrasse pour refaire le monde, le bruit d'une portière qui claque, le klaxon lointain d'un chauffeur pressé. Elle a beau mener cette vie depuis de longs mois déjà, Marianne n'arrive pas à se faire à l'idée qu'elle puisse être en sécurité seule dans la rue à une heure pareille. Elle regrette amèrement le temps où pour rentrer chez elle après avoir passé la soirée à danser et boire plutôt qu'à travailler, il lui suffisait d'appeler un taxi ou de commander un Uber pour se faire déposer aux pieds de la maison familiale. Avec un soupir, elle continue d'avancer et sursaute quand un grand type sort de chez lui et manque de lui rentrer dedans sans même s'excuser. Elle peste contre lui intérieurement mais ne dit rien. Elle n'est pourtant pas du genre à avoir sa langue dans sa poche, mais elle n'est pas stupide non plus. Elle sait qui aurait le dessus dans cette histoire, et ça n'est certainement pas elle. Alors agacée, les dents serrées elle reprend son chemin, ruminant toute sorte d'insultes à l'égard de cet étranger qui lui l'a probablement déjà oubliée.

Pour ne rien arranger, son estomac se met à protester quelques mètres plus loin, alléché par l'odeur sucrée des crêpes et de la pâte à tartiner chaude. Instantanément, l'eau lui monte à la bouche et la faim qu'elle avait réussi à ignorer jusqu'ici la tiraille. Elle s'arrête un instant et les yeux fermés, inspire à plein poumons les effluves qui se dégagent d'un food-truck garé un peu plus loin sur la place. Fut un temps, elle ne se serait jamais approché d'une telle installation, pleine de préjugée contre les vendeurs ambulants et leur hygiène déplorable. Seulement ce soir, la faim et la gourmandise l'emportent sur ses principes. Elle a bien mérité un peu de réconfort après une longue journée. Et puis, sa mère ne l'aura probablement pas attendu pour manger, à condition bien sur qu'elle ait ingurgité autre chose qu'un cubi de vin bon marché. Alors pourquoi pas?

Un rapide coup d'oeil à gauche et à droite avant de traverser, et la voilà qui se dirige vers le camion, un léger sourire planté sur les lèvres à la seule idée de manger, enfin. Elle s'approche du stand et se plante devant l'ouverture d'où elle peu apercevoir le vendeur qui lui tourne le dos. Il ne semble pas l'avoir entendu arriver, elle n'a rien fait pour à vrai dire. Elle ne se signale pas immédiatement pour autant. Se mordant l'intérieur de la joue, Marianne attend quelques secondes qu'il remarque enfin sa présence. Quelques secondes qui s'étirent et au terme desquelles elle se décide enfin à chasser le chat qui s'est installé dans sa gorge. "Bonsoir, je vais vous prendre une crêpe au nutella s'il vous plait..." qu'elle lance en plongeant la main dans la poche de son jean pour en sortir de quoi payer. Son regard passe du vendeur à qui elle adresse un sourire très bref, presque pincé, à sa main pleine de monnaie qu'elle compte mentalement. Elle n'a pas reconnu l'ancien vagabond qui lui fait face. Probablement parce qu'elle n'a jamais prêté suffisamment attention à lui, trop occupée à le juger pour faire attention à autre chose que ses vêtements sales et sa mine crasseuse. Trop occupée à faire attention à sa seule petite personne pour se soucier des autres...
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyDim 17 Sep - 2:39


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Il décline, à l’horizon. Ses pâles rayons caressent le haut des immeubles, transpercent les dernières fenêtres qui se dressent vers le ciel sans jamais le toucher.  Louis, il balaye des yeux ce voile flamboyant qui s’étend sur la ville. Brasier vif et rougeâtre qui se mêle et s’entremêle au bleu azur. Des milliers de nuances qui pétillent au-dessus du monde. Il prenait le temps le garçon, chaque soir, d’observer cet étrange ballet. Les couleurs qui s’embrassent, parfois à la vue de tous, parfois dissimulés derrière ces moutons qui s’agglutinent en une couverture douce et duveteuse. Il laisse ses pupilles se perdre sur ce tableau en constante évolution. Les éléments qui vont et viennent, s’ajoutent, se retirent et se transforment. Oeuvre d'art éphémère trop souvent ignorée. Et, quand cette sphère incandescente ne perce plus l’horizon, s’installe, l’espace de quelques heures à peine, sa sœur, bien plus pâle et plus étrange, éveillant des milliards de petites billes qui, dans l’obscurité, vivent et survivent. La nuit, bien souvent, amène les hommes et les animaux à se côtoyer. Les rues deviennent le théâtre de sombres activités et, les immeubles, dressés comme les monstres d’enfants apeurés, tristes témoins de tragédies nocturnes, gardent les traces des luttes acharnées. Il a l’habitude, Louis, des querelles, des crachats, des éclats de voix qui se perdent, résonnent entre les murs et transpirent la détresse. II n’y prête plus vraiment attention, depuis le temps qu’il erre sur ces trottoirs, ces routes et ces artères. Il a vu la beauté d’oiseaux de nuits qui s’embrassent et s’enlacent, la chaleur des corps qui respirent le bonheur bien souvent brisé par des gueules amochées qui apparaissent furtivement sous les halos artificiel des lampadaires. Pâles lueurs qui marquent les traits et les ecchymoses. Tout est plus accentué, une fois la nuit tombée. Alors, le garçon, il garde son nez dans son destrier de ferrailles. Il s’affaire, à gauche, à droite, quelques banalités échanger, les crocs qui scintillent et les cœurs qui s’apaisent. Les noctambules s’échouent jusqu’à son navire, attiré pas les douces effluves qui glissent jusqu’aux narines des plus affamés, et se laissent tenter par les mille et une saveurs qu’offrent ses délicieux mets. Les âmes se font discrètes, dans ces rues lugubres et peu rassurantes. On y vient à plusieurs. Les corps sont, bien souvent, imbibés d’un peu d’alcool et d’autre substances récréatives. On y rit. On y parle. Les brises, froides et sournoises ne percent plus la chaleur du lieu, d’une rencontre impromptue, de cette douceur que dégage la carcasse de taule et d’huile. Il est seul, Louis. Il n’attend rien. Il n’attend personne. Les minutes courent, les heures suivent et, avec elles, la fermeture qui pointe lentement. Il le sait, le garçon, que les noctambules se meuvent sur les pistes de danse, les terrasses et autres soirées qui font battre le cœur de la ville. Les affamés ne viendront que tôt dans la matinée, ramperont jusqu’au premier fast food, la langue pendante, la gueule grande ouverte, chien galleux assommés par l’ivresse. Le garçon, il s’active dans ces quelques mètres carré. Ranger. Se préparer à disparaître de ces lieux, se fondre dans l’obscurité pour n’y revenir que le lendemain. Et, finalement, des éclats de voix qui se perdent jusqu’à lui. Il hausse un sourcil et pose ses deux pupilles pétillantes sur la silhouette qui se dessine au pied de son navire. Ses lèvres se tordent dans un rictus amer. Il reconnait les traits finement sculptés de ce visage qu’il a croisé un millier de fois, un millier de trop. Et cette voix. Et ces mots. « J’vous pensais plus restaurant étoilé que froodtruck. » Il a presque envie, Louis, de l’envoyer se faire dévorer par les chiens qui rôdent dans les ruelles adjacentes. « Vous cherchez un peu d’exotisme, c’est ça ? » Il est acide, le garçon. Il aimerait pouvoir l’ignorer, et ça le tue, et ça le ronge. Mais il se contente de sourire. Il se contente d’obéir. De s’agiter derrière cette barrière qui le sépare du monde avant d’y glisser le délicieux met de sa cliente, laissant résonner le prix de cette douceur tellement convoitée. « Ça f’ra deux euros. » C’est rude. C’est froid. Pas de politesse. Pas avec elle.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyDim 17 Sep - 10:47


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Louis & Marianne


L’estomac qui grogne, la bile acide qui lui brûle l’œsophage et menace de surgir à la moindre occasion, la faiblesse. Marianne n’avais jamais connu ça avant. S’il lui est arrivé de s’affamer pour mieux rentrer dans tel ou tel vêtement, pour telle ou telle soirée, elle n’avait jamais connu réellement la faim,  avant de se retrouver quasiment à la rue, sans le sous. Elle savait, chaque fois qu’il lui prenait l’envie de faire payer quelque chose à ses parents en boudant un repas, chaque fois qu’elle renonçait à manger pour ne pas paraitre ballonnée sur les photos, que dès qu’elle en aurait envie, elle trouverait de quoi manger et pourrait dévorer tout ce qui lui tomberait sous la main jusqu’à se sentir pleine, rassasiée. Ce n’est plus le cas désormais. Les occasions de faire de vrais repas se font plus rares. Manque de temps, d’argent, de volonté… Les mains crispées sur le jean élimé de sa veste, elle tente de faire taire les protestations de son corps qui redoublent d’intensité chaque fois qu’elle prend une inspiration et que l’odeur sucrée des crêpes se dépose sur ses papilles. Elle meurt de faim. Pas littéralement, mais presque, et la seule perspective de mordre dans plusieurs couches de sucre et de gras la réjouit d’avance.

Concentrée sur sa monnaie, dix, vingt, vingt-cinq, vingt-sept, Marianne esquisse un sourire pour elle-même lorsque les paroles du garçon lui parviennent aux oreilles, sourire qu’elle accompagne d’un petit rire désabusé à peine plus audible qu’un souffle. « Ouais, moi aussi… » marmonne-t-elle à voix basse en haussant brièvement les sourcils avant de les froncer cette fois lorsque le jeune homme reprend la parole. Perturbée dans ses comptes et dans ses pensées, elle marque un temps d’arrêt avant de relever les yeux vers lui, le regard interrogateur. Pas un de ces petits regards curieux qu’on accompagne parfois d’un sourire. Non, un regard plus soupçonneux, interloqué. « Est-ce qu’on se connait ? ». Une grimace sur le visage, probablement similaire à toutes celles qui ont déjà déformé ses traits les quelques fois où leurs chemins se sont déjà croisés, elle l’observe avec une pointe de méfiance tandis qu’il s’affaire à lui préparer sa commande. Elle ne le quitte pas des yeux tandis qu’il étale la pâte sur la plaque chaude qui grésille légèrement au contact du liquide froid. Elle l’étudie du regard, cherche où elle a déjà bien pu croiser ce type qui lui parle comme si il la connaissait. Ou plutôt, comme s’il connaissait celle qu’elle était avant. Elle n’a pas beaucoup changé pourtant. Bad habits die hard, n’est-ce pas ? En témoigne l’air pincé qu’elle a depuis quelques minutes, le nez retroussé comme s’il la dégoutait alors qu’au fond, elle n’est pas beaucoup mieux que lui désormais. Pas mieux que lui du tout.

Il lui annonce la douloureuse et elle concentre à nouveau son attention sur sa monnaie, repart dans ses calculs mentaux. Cinquante, soixante-dix, un euro, quarante, deux, quatre… Mâchoire serrée, elle ferme les yeux et referme le poing sur sa monnaie, pousse un soupir d’agacement. Elle voit déjà le petit sourire satisfait s’étaler sur le visage de ce type et l’envie violente de le lui ôter grimper en elle. Elle sent le rouge cuisant de la honte lui monter aux joues et lui piquer les yeux, tellement qu’elle détourne le visage pour confesser sa pauvreté, incapable d’affronter le regard du marchand. Dégoutée par la pitié qu’elle s’inspire à elle-même. Pauvre fille. « Il me manque soixante-six centimes… » Marmonne-t-elle en fixant un point invisible quelques centimètres à droite du garçon.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyMar 19 Sep - 0:09


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Les traits de son visage se dessinent dans la pénombre, légèrement accentués par les lueurs artificielles qui se mêlent au pâle halo de cette sphère argentée qui brille et pétille bien au-dessus d'eux. Louis, il a cette amertume qui lui chatouille la gorge, cette pression qui l'empêcherait presque de respirer. Elle est là, la haine. Elle se secoue au creux de son estomac et n'attend que de courir le long de ses veines. Elle n'attend que ses poings pour les écraser contre ces joues qu'il a vu un millier de fois. Il se souvient, le garçon, n'avoir posé ses deux billes scintillantes sur cette vipère qu'à de très rares occasions. Il pouvait presque l'entendre, la fourbe, glisser sur le bitume, s'approcher dangereusement de sa carcasse avant de le mordre sauvagement. Elle était bien au-dessus de lui, elle le savait, elle en profitait. Alors, quand il aperçoit sa silhouette se mouvoir sous son nez, quand enfin son regard se pose sur son corps frêle et fragile, le gamin, il laisse échapper quelques propos acides. Des phrases comme des balles lancées à vive allure qui déchirent les chairs et laissent des traces qui ne s'effaceront jamais réellement. Il s'agite, Louis, il s'agite pour lui obéir, brave clébard qui se plie aux exigences des vipères qui se pavanent sous ses yeux, les poches pleines à l'image de leurs estomacs. Il s'arracherait à son destrier de fer, s'il le pouvait. Mais il ne peut pas, le gamin, il se doit de courber l'échine, de coller un sourire constant, un sourire forcé, et de ravaler ses mots. Question d'respect qu'ils disent. Question d'survie probablement. Des éclats de voix résonnent, une question qui se perd, ne trouve pas sa réponse, s’éloigne dans la pénombre. Il ne la relève pas, il ne l’écoute pas, comme avant, comme maintenant. Il se contente de serrer la mâchoire, ses crocs qui manquent de voler en éclat sous la pression. Il bout, à l’intérieur. Il bout de la voir le narguer, encore une fois, de se pointer, de parler, d’exister. Il bout de la voir évoluer, déambuler au milieu du monde, d’en faire partie quand, lui, n’y entrera jamais vraiment. Il bout de la voir, serpent, ramper au milieu des passants, quand lui, rat d’égout, se devait de se planquer, de baisser les yeux, d’accepter les mots, de survivre aux maux. Alors, quand elle se met à compter lentement chaque rondelle au creu de ses paumes, chaque petite pièce, quand enfin sa voix résonne à nouveau pour laisser entendre que, finalement, il ne lui manquait que soixante centimes, il explose de rire. Des éclats amers qui se heurtent aux murs et aux âmes. Des éclats qui font mal, qui puent la haine et transpirent le dégoût. « Pardon ? » Il rit. Il rit à gorge déployée. Et elles perlent aux coins de ses yeux. De petites billes humides qui cherchent à s’échapper, à rouler sur ses joues. Cachées toutes ces années, elles se montraient au grand jour, parfaits produits issus d’un entremêlement de frustration, d’un ras-le-bol général, d’une haine refoulée. « C’est une blague c’est ça ? » Ses canines, elles scintillent, elles n’attendent qu’un morceau de chair où se planter pour blesser, pour meurtrir, torturer. « Non sérieusement, j’veux dire, vous vous pointez là, avec vos grands airs alors que j’termine ma journée, je vous fais à bouffer sans broncher, et vous me dites quoi ? Qu’il vous manque soixante centimes ? » Elle tremble, sa voix, elle vacille en même temps que son esprit. « Vous en avez rien à foutre des gens, hein ? Vous ne vous souvenez même pas de ma gueule, vous ne vous souvenez même pas de toutes les horreurs que vous avez pu cracher, des mots, des paroles, des regards, de cette haine alors que moi, il me manquait bien plus que soixante centimes. » Il inspire, lève les yeux au ciel, une pause, rien qu’une pause, quelques secondes pour ne pas flancher, pour ne pas glisser, pour ne pas les laisser courir sur ses joues. « Vous savez quoi ? Je m’en fiche de vos soixante centimes, prenez votre commande et barrez-vous. Et quand vous les trouverez ces pièces, faites-moi une faveur, donnez les à quelqu’un qui crève la dalle plutôt que de vous acheter la dernière paire de chaussure ou une autre connerie du genre. » Il se tourne, Louis, il se tourne et inspire profondément, balayant les quelques fugitives d’un revers de la main avant de se reprendre. Il ne veut pas se noyer, le garçon, il ne veut pas se laisser submerger par cette houle dangereuse qui tangue en lui, océan d’émotion qui s’agite et cherche à l’engloutir.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyMar 19 Sep - 20:28


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Louis & Marianne



C’est son rire qui fait le plus mal. Comme une gifle sèchement abattue sur sa joue froide. Ca pique, ça brûle. C’est pourtant la honte qui laisse une empreinte rougeâtre sur ses joues, s’étend comme un masque sur son visage habituellement si pâle. Dents serrées, gorge nouée, elle déglutit avec peine et évite avec précaution de regarder trop directement le garçon qui perché dans son camion fumant, se moque ouvertement d’elle. C’est une blague c’est ça ? Elle aimerait mieux. Marianne ne souhaiterait rien d’autre que de pouvoir rire avec lui de la situation, crier Surprise ! J’t’ai bien eu hein ? Mais non. Ca n’a rien d’une blague, pas même une de mauvais goût. Elle n’a même pas les moyens de s’offrir une foutue crêpe dans un foutu food-truck.
 
Le rire du garçon semble raisonner tout autour d’elle et à leur tour, ses yeux s’embuent. Deux grosses larmes perlent au coin de chacun de ses yeux qu’elle retient en prenant soin de garder ses prunelles mobiles, les posant partout, n’importe où, sauf sur lui. Il l’engueule ouvertement et Marianne sent la colère monter en elle. Elle serre les dents tellement fort que sa mâchoire en devient douloureuse. Soixante-six pense-t-elle, il me manque soixante-six centimes connard. Elle aimerait le reprendre, juste pour le plaisir tout en sachant que ça n’arrangerait rien. Au contraire, ça ne pourrait qu’empirer les choses, augmenter sa dette, sa honte et le plaisir malsain que ce sale type semble prendre à se foutre de sa gueule. La petite brune ouvre la bouche pour protester, lui donner de grands airs s’il tient vraiment à en voir mais il ne lui laisse pas le temps de répliquer. Il enchaine et Marianne a du mal à le suivre, au début tout du moins. Elle a du mal à saisir en quel honneur elle devrait se souvenir de lui jusqu’à ce qu’elle pose son regard plus franchement sur le vendeur et finisse par le reconnaitre. Son souvenir la frappe avec autant de puissance qu’un uppercut dans l’estomac, l’air semble s’échapper de ses poumons sans parvenir à trouver le moyen d’y retourner. Le souffle coupé, lèvres légèrement entre ouvertes, elle l’observe comme on observe un fantôme du passé, un squelette sortit tout droit du placard sans qu’on l’y ait invité. Elle se revoit le regarder comme lui la regarde ce soir, avec ce dégoût caractéristique dans le fond de l’iris, lui cracher son venin au visage. Qu’est-ce que tu regardes ? Trouves toi un job, branleur… 
 
Est-ce qu’on se connait ? Marianne se sent affreusement stupide d’avoir osé poser la question. Lui semble bien la connaitre, bien plus qu’elle ne semble se connaitre elle-même. Il lui offre une image de sa propre personne à laquelle elle n’a jamais été confrontée. Parce qu’elle n’a jamais vu le mal dans son comportement. Jamais, jusqu’à aujourd’hui. Elle ne s’excuse pas pour autant. Peut-être le devrait-elle, mieux vaux-tard que jamais n’est-ce pas ? Pourtant, c’est la colère qui prend le dessus sur la honte lorsqu’il lui tourne le dos, pas le repentir. « Est-ce que j’ai l’air d’être sur le point d’acheter quoi que ce soit pauvre connard ? » Balance-t-elle tout en lui jetant sa monnaie dans le dos en espérant qu’une seule, rien qu’une seule de ces foutues pièces l’atteindra aussi férocement que les paroles du garçon l’ont atteinte, elle. « Tu te crois meilleurs que moi parce que t’as réussi à te payer ce fourbi sur roulettes ? Tu veux quoi, une médaille ? Qui juge qui maintenant espèce d’enfoiré ? hein ? » Demande-t-elle en donnant un coup de poing rageur dans la carcasse de métal qui ne proteste même pas alors qu’il lui semble entendre ses propres doigts émettre un craquement plutôt inquiétant. Des larmes de douleur lui montent aux yeux et elle se mord violemment la langue pour ne pas gémir de douleur. Le goût métallique du sang excite ses papilles tandis qu’elle plaque sa main endolorie contre son ventre. « Garde la ta crêpe sale con. Et surtout étouffe toi avec… »
 
 

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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyMar 19 Sep - 23:49


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Elle les observe, de là-haut. Elle les observe accrochée à son voile noir, entourée d’un millier de petites bulles. Les râles se perdent jusqu’à elle, ils résonnent entre les murs et s’élèvent bien plus haut que le ciel. Triste témoin de chiens qui se mordent le bout du nez sans même voir, qu’au fond, rien ne les sépare vraiment. Ils se traînent, chaque jour, ils trimbalent leurs carcasses, leurs déboires et, parfois même, leurs espoirs, quand ils ne sont pas un tas de poussière soufflé par le vent, soufflé par la vie. Ils se déchirent les flancs avec des mots comme de parfaits petits poignards qui viennent se loger dans leurs corps et leurs cœurs. Ils se blessent, ils se mettent à terre, à qui sera le plus fort, à qui sera le plus agressif. Louis, il répand son venin comme une traînée de lave, destructrice. Il se laisse aller à des propos crus, des propos qui heurtent et marquent, il devient mauvais le garçon, il devient comme elle, le garçon, l’exacte image de la vipère par excellence, perfide, sournoise et violente. Alors, avant qu’il n’aille bien trop loin, avant que sa carcasse ne se mette à répondre d’elle-même par des coups de phalanges, il lui tourne le dos, déclarerait presque forfait. Et il tente de reprendre son souffle. Et il inspire difficilement. Le gamin, il balaye des yeux son territoire, son petit monde qui ne tient que dans quelques mètres carré à peine, son tout. Il l’observe attentivement. Il s’attarde sur les détails alors qu’elle s’agite, derrière lui, ses mots comme des balles qui le plombent, les pièces qui lui frôlent le dos et le tire de ses rêveries. Il se tourne, rapidement, ses deux billes noires et scintillantes qui la fusillent tandis qu’elle continue de cracher, de baver des phrases qui l’atteignent sauvagement. Il se sent mal. Il se sent ballotté, vulgaire poupée de chiffon secouée par la houle de sentiments qui l’habitent et l’animent. Il y a la haine, la haine qui se heurte violemment, qui lui court dans les veines, il y a l’incompréhension, celle qui l’empêche de frapper vite, de frapper fort, qui le retient et lui secoue l’esprit, il y a un tout qui lui arrache des haut-le-cœur, lui retourne l’estomac et lui ferait presque vomir ses tripes tant les traits de son visage, l’éclat de sa voix, son entièreté le dégoûte. Un millier d’yeux peuvent les observer, un milliard de bouches peuvent pester, Louis, il s’en fiche pas mal que ses mots se cognent aux murs, aux habitations et aux âmes qui y vivent. Louis, il se laisse emporter par les vagues qui le submergent. Il attrape vivement un petit paquet de fruits congelés et descend, il se met à sa hauteur, à son niveau, comme elle ne l’avait jamais fait, comme elle ne le fera peut-être jamais. Il s’approche dangereusement, silencieusement avant de s’arrêter à quelques mètres seulement. Il peut presque sentir la chaleur de son corps, presque. « Est-ce que j’avais l’air de ne pas vouloir trouver de boulot ? » Une balle. « Est-ce que j’avais l’air de ne pas vouloir ta vie ? » Et de deux. « Est-ce que j’avais l’air, moi aussi, de ne pas vouloir être heureux ? » Et de trois. Il se pince les lèvres nerveusement. « Je ne me crois mieux que personne, sombre conne, étant donné que j’ai l’enfer au cul. » Il inspire. Sa voix tremble, se briserait presque. « Je rame toujours, sauf que cette fois, j’ai pas à subir les regards de gens comme toi, qui se pensent au-dessus du monde parce qu’ils ont un toit, parce qu’ils ont de l’argent qu’ils gardent précieusement » Louis, il est terriblement instable. Ses éclats de voix s'intensifient, se calment et reprennent de la puissance. Vagues qui vont et viennent, se perdent et se jettent avec violence. Ses pupilles ne balayent pas l’horizon, elles restent fixent, elles restent droites, sur elle, sur sa silhouette meurtrie, frêle et fragile. « Je ne veux pas être de ces gens-là, je ne veux pas être comme t’es, ou comme t’étais, je te l’offre, parce que je sais ce que c’est de ne pas avoir soixante centimes. » Le garçon, il lui tend le petit paquet de fruits congelés avec lequel il jouait nerveusement depuis quelques minutes maintenant. «  Et contrairement à toi, j’te souhaite pas d’avoir la main pétée. » Il aurait pu, Louis, lui attraper ses phalanges meurtries et les écraser, il aurait pu la mettre à terre, elle aussi, la voir à genoux, l’entendre hurler, le supplier, il aurait pu, il n’a pas pu. Il a tiqué, le gamin, sur ces quelques mots. Est-ce que j’ai l’air d’être sur le point d’acheter quoi que ce soit pauvre connard ? Elle est sauvage. Elle est gênée. Elle n’a pas assez. Il reconnait les regards qui filent, les joues qui rougissent, la honte qui court sur la chair comme de petites flammes qui teintent la plus pâle des peaux.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyMer 20 Sep - 21:13


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Louis & Marianne


Dos au camion, les yeux brillants presque aussi intensément de la lune, témoin silencieux de leur altercation, Marianne respire par petits à coups, sa main douloureuse ramenée vers son corps frêle comme pour la protéger de toute nouvelle agression. Elle n’ose pas bouger ses doigts de peur d’amplifier la douleur qui tambourine déjà férocement dans ses phalanges. S’il fallait encore une preuve du fait que sa cage thoracique renferme bel et bien un cœur, aussi égoïste soit-il, la voilà faite. Elle peut le sentir pulser dans chacun des petits vaisseaux qui courent le long de son membre endoloris jusqu’aux extrémités. Malgré l’envie féroce de verser quelques larmes qui la tiraille, la jeune fille résiste, par fierté. Les dents fermement plantées, d’abord dans sa langue, puis dans sa lèvre inférieure qui blanchit rapidement sous la pression de ses incisives, elle inspire et expire de plus en plus profondément jusqu’à ce qu’elle entende derrière elle, la porte du camion s’ouvrir. Immobile, interdite, elle écoute les pas rapides du garçon qui se répercutent sur le bitume, se rapprochent. Par réflexe, elle ferme les yeux et attend le choc. Un coup, une bousculade, n’importe quoi. Un choc qui ne vient finalement pas. A la place, ce sont ses mots qui la frappent à nouveau, elle en vacillerait presque. Silencieuse, elle l’écoute lui hurler dessus sans parvenir à relever les yeux vers lui, incapable de l’affronter. A plusieurs reprises, ses paupières se ferment à nouveau. Chaque fois qu’il hausse le ton, Marianne a l’impression qu’il va la gifler comme pour mieux faire entrer chaque leçon qu’il cherche à lui faire entendre plus durement dans son crâne. Mais il ne le fait pas. Non. Ce qu’il fait est presque pire, plus douloureux. Ca l’atteint bien plus violemment que n’importe quel coup, meurtrit sa chair bien plus profondément. Il la touche en plein cœur avec ses mots criants de vérité. Une vérité qui blesse.
 
Ses yeux clairs fuyant toujours ceux du vendeur, fixement posés sur le sol, elle renifle bruyamment lorsqu’il cesse de parler quelques secondes, sans doute pour reprendre son souffle. Ses yeux embués semblent n’être plus qu’un lac agité et une unique larme s’échappe de l’un d’eux pour venir s’écraser mollement sur la pointe en caoutchouc blanc de sa chaussure lorsqu’il reprend la parole pour lui expliquer la raison pour laquelle il tient à lui offrir cette crêpe, parce qu’il sait ce que c’est. Sans doute ne le sait-il même que trop bien. Elle renifle à nouveau, comme pour mettre au défit la moindre autre larme de suivre la première dans sa chute et porte une main rageuse à ses yeux pour essuyer ses larmes d’un revers de manche. « Je veux pas de ta pitié, putain… » Grogne-t-elle en repoussant de sa main invalide le sachet de fruits congelés qu’il lui tend, geste qui lui arrache une grimace de douleur. Foutue fierté. « J’en ai eu aucune pour toi, j’t’ai traité comme de la merde, alors pourquoi t’en fais pas autant hein ? » Qu’elle demande la voix brisée alors que cette fois les larmes trop longtemps contenues se mettent à ruisseler sur son visage émacié. Elle lui en veut. Elle lui en veut de se montrer aussi gentil avec elle, de vouloir soigner cette main qu’elle a abimé d’elle-même, de chercher à la nourrir alors qu’elle ne lui a jamais donné ne serait-ce qu’une petite pièce, pas même un sourire d’encouragement. Elle lui en veut de la faire sentir si mal, de lui jeter sa propre méchanceté au visage. Elle aurait probablement préféré qu’il la frappe à s’en briser les phalanges lui aussi. Elle aurait pu tout encaisser, son venin, ses coups, sa colère et sa rancœur. Tout mais pas ça.  « Tu devrais être content non ? Que la petite princesse soit tombée de son piédestal. Parce qu’à ta place, moi je le serais. » C’est peut-être ça le pire, savoir qu’à sa place à lui, elle aurait simplement pris plaisir à le voir retomber les deux pieds sur terre. Sans jamais songer à lui tendre la main. Le rat c’est pas lui, c’est elle.
 
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyMer 20 Sep - 23:43


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Ils sont seuls, ce soir. Deux âmes qui se percutent au milieu des avenues, entre ces géants qui se dressent, immeubles comme d’immenses remparts où vivent et s’enferment les familles, les amis, les amants. Ils tirent les rideaux et les fenêtres pour ne pas voir les animaux qui s’agitent aux pieds de leurs royaumes, pour ne pas entendre les hurlements de bêtes qui se déchirent et se mettent à terre. Ils sont bien, là-haut. L’illusion de frôler la voute céleste du bout des doigts, d’être bien plus proche du ciel que du sol. Ils sont bêtes. Ils sont aveugles. Louis, il a bien vu les rapaces se brûler les plumes, atterrir difficilement sur le bitume, les ailes coupées, les rêves balayés. Alors, le garçon, il tangue sur son navire. Il oscille entre l’envie de donner à ses phalanges, la liberté de s’exprimer à sa place, s’abandonner, quitte à briser quelques os, quitte à briser quelques vies. Mais il ne peut pas, il ne veut pas, le gamin, laisser les traits de son visage, les éclats de sa voix, le perdre, devenir ce qu’il n’est pas, celui qu’il refusé d’être. Alors, il se contente de jouer avec le petit sachet en plastique glacé. Il lui brûle les doigts, il lui brûle les mains, il ne le sent pas. Louis, il laisse baver quelques propos qui font mal, qui se heurtent à sa frêle silhouette en espérant, quelque part, l’atteindre profondément. Il veut qu’elle sache qu’il n’est pas son pâle reflet, qu’il n’est pas son image, sa copie presque conforme. Son esprit vacille, ballotté, secoué dans cet océan qui se déchaine, à l’intérieur de lui, qui lui broie l’estomac, lui serre la gorge et le cœur, des mots qui accentuent les maux, des plaies béantes qui ne cicatriseront jamais réellement. Et elle refuse, la vipère, encore une fois, de s’avouer vaincue. Il lève les yeux au ciel, Louis, deux billes pétillantes qui balayent le voile noir qui s’étend, endort les corps et les cœurs. Elle résonne sa voix, elle se perd et se heurte aux murs, elle attire peut-être les petits curieux, les rapaces qui se cachent derrière leurs parfaits petits rideaux et observent, bien haut dans leurs châteaux, les oiseaux nocturnes s’arracher les plumes. Elle aussi, elle se noie, lentement, elle se laisse glisser dans le même océan qui semble tanguer en elle. Il peut les voir perler, rouler sur ses joues, petite rivière qui ruisselle et se meurent sur le béton. Louis, il lui jette à ses pieds, le petit paquet qui lui rongeait les doigts. « Combien de fois je vais devoir te dire que c’est pas de la pitié ? Merde, prends ta bouffe et le paquet ou fourre-les dans une poubelle. » Il se recul de quelques pas. Il hésite, le garçon, à laisser la vipère agoniser entre ces murs, sous les regards indiscrets qui fusent à gauche, à droite. Mais il reste planté là, à quelques mètres de sa silhouette, les bras ballants, les traits du visage tendus. Elle court encore le long de ses bras, la haine. Il peut la sentir battre dans ses veines, dans ses tempes, dans son cœur. « Il y a que les gens qui ont peur qui s’amusent du malheur des autres, les gens qui sont effrayés à l’idée que leur bonheur puisse disparaître, qu’ils peuvent être soufflés à leur tour, alors ils parlent, ils hurlent sur ceux qui galèrent, qui sont déjà tombés, ils brassent de l’air pour ne pas sentir le vent tourner en leur défaveur. » Il pouffe de rire, un éclat qui transpire le dégoût. « Je suis déjà passé par là, j’ai plus rien à perdre, je peux que retourner à la case départ. » Il inspire. Il fuit la silhouette féminine du regard, observe les alentours, les yeux qui brillent ici et là, derrière les voiles aux fenêtres. Il revient finalement sur son interlocutrice. « Tu continues d’agir comme si t’étais au-dessus de tout le monde, comme si l’univers était responsable de ce que t’es devenu, mais ma pauvre fille, plus personne ne t’aidera, plus personne ne voudra te tendre la main pour t’aider à te relever si tu continues de cracher comme ça. » Il se mord la lèvre inférieure, recul d’un, deux, trois pas et lancent des mots comme de petites bouteilles à la mer pour qui voudra les entendre, pour qui voudra les comprendre. « C’est pas un coup foireux que je te fais, c’est pas de la pitié, c’est de l’aide, c’est un peu de chaleur parce qu’il est tard, que t’as l’air crevée, t’en fais ce que tu veux, de mon aide. Tu peux crier autant que tu veux que t’es assez grande pour t’en sortir, que tu t’en fiche, que tout ce qui t’arrive, tu le mérite, t’aura besoin, un jour, d’une ou deux personnes pour t’épauler quand ça ira pas, alors faudrait peut-être penser à ravaler ta fierté. » Louis, il s’appuie sur son navire, son dos contre la carcasse froide. Il tire un bout de mort d’un petit paquet déchiqueté qu’il porte à ses lèvres avant de l’embraser d’une flamme vive, seule source de chaleur dans ces rues vides.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyJeu 21 Sep - 19:41


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Louis & Marianne



La vision troublée par les larmes qui ruissellent sur ses joues, Marianne est soulagée de constater que malgré la douleur lancinante qui irradie dans tout son poignet droit, elle est encore capable de le mouvoir. Rien ne semble s’être brisé dans la collision, si ce n’est sa fierté. Il y a bien longtemps qu’elle n’a pas pleuré en public même si celui devant lequel se joue cette tragi-comédie ce soir est bien restreint. Il n’y a qu’elle, que lui. C’est pourtant bien assez suffisant, elle n’a besoin de personne d’autre pour se sentir honteuse, minable. Pathétique.
 
Il jette le sachet de fruits congelés à ses pieds et la petite brune l’observe à travers les perles d’eau salée qui ondulent devant ses iris clairs. Elle ne fait pourtant pas le moindre geste pour le ramasser. Elle se contente de l’observer sans sortir de son mutisme, ne brisant le silence que pour renifler bruyamment chaque fois qu’une nouvelle crise de larmes menace. L’eau continue de s’écouler lentement de ses yeux, mais elle ne sanglote pas, aucun soubresaut, aucun frisson ne vient secouer sa silhouette décharnée. Elle se contente d’écouter le vendeur lui donner une nouvelle leçon. Les gens qui ont peur. Elle secoue la tête négativement mais ne prononce pas un mot. Elle n’avait pas peur de finir comme lui chaque fois qu’elle se gaussait de son malheur. Elle n’avait pas peur parce qu’elle se croyait intouchable, à l’abri dans sa tour d’ivoire. C’est quand tout s’est effondré que la peur est venue, celle du regard des autres, du rejet, de l’abandon. Non. La seule chose qui motivait son comportement envers lui, c’était la méchanceté, l’illusion qu’elle avait d’être mieux que lui, que rien de tout ça ne lui arriverait jamais. Elle s’était bien trompée. L’idiote.
 
Le garçon s’éloigne d’elle et Marianne relève lentement la tête pour l’observer tandis qu’il recule progressivement en direction du camion. Sans qu’elle s’en soit rendu compte, les larmes se sont taries, ne laissant derrière eux que des sillons asséchés sur sa peau pâle qui semble presque luminescente sous la lumière de l’astre nocturne. Pas encore totalement vaincue, encore trop têtue, trop fière, elle hausse les épaules et renifle à nouveau lorsqu’il lui fait savoir qu’en continuant d’agir comme ça, bientôt, plus personne ne voudra lui venir en aide. Elle essuie à nouveau ses yeux et son nez d’un revers de manche et sent finalement toute sa colère la quitter pour laisser place au poids de la fatigue lorsqu’il lui fait remarquer qu’il l’aide seulement parce qu’elle a l’air épuisée, affamée et morte de froid. Elle sait parfaitement qu’il a raison. Elle a seulement du mal à accepter que l’aide vienne de lui, parce qu’elle ne la mérite pas. Pas après l’avoir traité comme un moins que rien, s’être moqué de lui, lui avoir craché son venin au visage pour le seul plaisir de se sentir toute puissante. Une nouvelle vague de honte la submerge et elle détourne le regard de la silhouette du vendeur. Elle cherche un autre regard à croiser, quelqu’un d’autre à qui se raccrocher, n’importe qui pourvu que ce ne soit pas lui. Mais la petite place est déserte et elle est vite obligée de se rendre à l’évidence. Son regard bleu nuit se pose à nouveau sur le garçon et ses paroles raisonnent dans son esprit. T’auras besoin d’une ou deux personnes pour t’épauler quand ça ira pas. Justement, ça ne va pas. Rien ne va plus, et jusqu’ici, il est la seule main tendue. Elle s’accroupit finalement et récupère le sac de fruits congelés qui commence déjà à suinter pour le placer sur ses doigts endoloris. Le contact du froid contre ses phalanges douloureuses la fait grimacer et elle laisse échapper un léger gémissement les yeux mi-clos tandis qu’elle se redresse sur ses jambes. Avec un léger coup d’œil fuyant en direction du grand brun, elle marmonne un : « Merci… » à peine audible, juste assez pour qu’il puisse l’entendre tout même s’il lui est difficile à prononcer. Avec un soupir, elle l’observe allumer sa cigarette, son poing abimé toujours fermement plongé dans le sac de fruits qui commence à anesthésier ses chairs meurtries, et s’avance dans sa direction, prudemment. Elle craint qu’il ne finisse par changer d’avis et ne se jette sur elle pour la repousser comme elle-même l’a repoussé chaque fois qu’il a eu la malheur de se trouver sur son chemin. Il ne bouge pas pourtant alors qu’elle s’avance vers le camion pour y récupérer la crêpe tiède qui l’attend sur le comptoir. Prudemment, précieusement, elle porte la pâtisserie à ses lèvres et en arrache un morceau. Le chocolat encore fondu lui coule dans la gorge et une sensation de bien être s’empare d’elle, faisant redoubler les hurlements de son estomac qui non content d’être enfin nourri, en réclame d’avantage. « J’te les rendrais, les soixante centimes… » Souffle-t-elle tandis qu’elle mâchonne, la bouche encore pleine, en coulant un regard timide dans sa direction. C’est sa façon à elle de lui dire qu’elle est désolée. Désolée de l’avoir si mal traité. « Je veux pas te devoir quoi que ce soit » Ajoute-t-elle malgré tout, incapable de mettre totalement sa fierté de côté, incapable d'accepter le fait qu'un étranger avec lequel elle s'est montré si mauvaise, puisse se montrer plus prévenant que n'importe lequel de celle et ceux qu'elle avait pour habitude d'appeler ses amis.


 
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptyVen 22 Sep - 0:13


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Il ne sait pas, Louis, depuis combien de temps leurs éclats de voix chatouillent les étoiles. Une heure. Dix peut-être. Vingt minutes. Vingt secondes. Ils sont hors du temps, hors de tout. Il n’y a qu’eux et leurs crocs qui scintillent, leurs grognements qui déchirent la nuit, et cette sphère, cette sphère argentée qui ne cesse de les observer, témoin direct d’une prise de bec qui s’éternise et s’étire aux heures les plus avancées. Le garçon, il pourrait s’enfermer dans son navire, avaler le bitume bien planqué dans son destrier de taule et laisser la vipère entre ces murs se mordre la queue jusqu’à épuisement. Mais il ne peut pas, il ne veut pas, l’envie de tenir tête peut-être, celle de mettre les choses au clair, sûrement. Il s’est toujours imaginé, le gamin, laisser baver son venin sur ses fringues hors de prix, lui cracher à la gueule les mots qu’il gardait pour lui, qu’il gardait enfouis. Il se voyait se dresser devant elle comme un rempart qu’elle ne pourrait fuir, qu’elle ne pourrait contourner, la forcer à faire face, la forcer à se regarder, une fois, une unique fois, dans la glace, et y apercevoir son répugnant reflet. Ca le brûlait, Louis, ça le démangeait d’attraper sa crinière et la plaquer contre le sol, l’écraser sur les routes crasseuses qu’elle s’amusait à piétiner chaque jour de son idyllique vie. Et lui devant elle. Et elle devant lui. Ils se lancent des mots à la figure, de parfaites petites armes qui ratent leur cible, parfois, les déchirent, souvent. Ils se répondent, s’anéantissent, douloureux ouragan qui s’abat autour d’eux et ne touche que leurs petites âmes. Il y a les pauses. Il y a les bourrasques. Il y a les claques qui se perdent et les poings qui résonnent. Il y a le vent. Il y a le calme après la tempête. Ils n’ont plus rien à cracher, plus de salive à user, plus de maux à panser, alors, Louis, il s’éloigne d’elle, quelques pas à peine. Des éclats de voix qui résonnent comme les dernières brises. Et, enfin, les dégâts qui se dessinent. La fatigue qui plane, les phalanges meurtries et cette crêpe, délicieuse responsable de cette nuit, des esprits échauffés. Louis, il sourit, finalement, un léger rictus qui détend les traits de son visage et l’illuminerait presque. Premier pas. Premier mot qui n’est pas acide, qui n’est pas amer, qui résonne agréablement à l’oreille. Le garçon, il se laisse glisser le long de son navire, cigarette pincée entre ses lèvres, la fumée s’élève et rejoint doucement leurs hurlements. Elle s’approche, quelques pas à peine, avec la prudence d’une proie facile. Elle l’attrape, finalement, le combustible qui, plus tôt, embrasait les deux âmes sous les regards indiscrets, avides d’action dans leurs vies bien trop mornes. Et elle plante ses crocs. Et Louis laisse discrètement scintiller les siens. Elle résonne à nouveau, sa voix. Le garçon, il s’attend à des mots crus, des propos qui le heurteraient une nouvelle fois, de petites bombes lancées furtivement et qui lui exploseraient au visage. Alors, il l’observe, le visage froid, l’air grave, il s’apprête à, lui aussi, ressortir les armes. Mais il balise et laisse échapper un rire, léger, de ceux qui respirent la surprise. « Oui, ouais, comme tu veux, c’est pas soixante-six centimes qui vont faire une grande différence à mon salaire. » Il tourne la tête, hausse un sourcil et sourit à nouveau. « Quoique, tu peux t’acheter un peu d’eau, peut-être une baguette bien dégueu, voir un paquet de chips ou une connerie du genre. » Il tire sur son bout de mort. Ses yeux balayent l’horizon terriblement vide avant de revenir rapidement sur son interlocutrice. « Elle doit pas être terrible, elles sont meilleures chaudes. » C’est plus agréable, plus doux, un peu de chaleur qui se diffuse et réchauffe les cœurs. Louis, il écrase son mégot à ses pieds, abandonnant les restes de son rouleau comme une vieille maîtresse. Et il s’approche doucement de la silhouette féminine, quelques pas, prudemment, il lui fait face, son souffle l’atteignant presque. « Ça va mieux, ta main ? » Elles brillent ses pupilles. Les traits de son visage se détendent dans un air presque doux, rassurant. « Je veux juste récupérer le paquet, si t’en as plus besoin, que je puisse le remettre à sa place. » Il sait, le garçon, qu’au moindre geste, qu’au moindre mouvement un peu trop brusque, la vipère pourrait prendre la fuite, détaler, crier au scandale et mordre à nouveau. Alors, il reste sur ses gardes, il reste prudent, quelques centimètres à peine les séparent, assez pour ne pas blesser, inquiéter, raviver le brasier qui s’étouffe lentement.
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MessageSujet: Re: Empty pockets, empty hearts ღ Louis Empty pockets, empty hearts ღ Louis EmptySam 23 Sep - 11:13


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Louis & Marianne




La chaleur de la crêpe et la fraicheur du sachet de fruits surgelés se disputent leurs droits sur le corps de Marianne. Elle frissonne. Mélange de plaisir, parce qu’enfin elle comble le vide de son estomac, et de réaction au froid. Sa carcasse frêle toute entière est secouée d’un soubresaut qu’elle tente de contenir sans succès. Elle est trop fatiguée, son corps trop las de cette journée qui s’éternise et risque encore de se poursuivre jusqu’aux petites heures de la nuit, quand trop fatiguée pour continuer à réviser ses cours de droit pénal, elle finira par s’endormir sur le canapé d’occasion qu’elle a déniché sur internet malgré les ressorts qui lui rentrent dans les côtes et le dos. Elle prend son temps pourtant pour déguster sa crêpe qu’elle se promet mentalement de rembourser jusqu’au dernier centime. Soixante-six exactement. Une précision qui lui arrache un petit rire à peine plus audible qu’un soupir, lorsqu’elle sort de la bouche du garçon qui lui assure ne pas faire grand cas d’une si petite somme. Une somme qui pourtant, comme il le fait remarquer à juste titre ensuite, pourrait lui permettre d’acheter quelques produits courants dans un petit magasin de quartier, des produits bas de gamme, mais suffisants. « Un paquet de petits écoliers…Marque distributeur. » Elle ajoute avec un demi-sourire tandis qu’elle l’observe aspirer la nicotine entre ses lèvres et l’expirer. C’est un regard différent qu’elle coule sur lui, plus doux, plus curieux mais toujours pas assuré. Elle détourne d’ailleurs bien vite les yeux au moment où lui-même tourne à nouveau la tête vers elle. Les joues légèrement rosies, Marianne fait mine d’être accaparée par sa crêpe dans laquelle elle mord une nouvelle fois, une bouchée suffisamment grosse pour lui remplir les joues et l’empêcher brièvement de parler. Elle secoue d’abord négativement la tête lorsqu’il reprend la parole et s’applique à avaler le contenu de sa bouche avant de l’ouvrir à nouveau. « Probablement qu’elles sont meilleures chaudes, mais elle est déjà délicieuse » souffle-t-elle en relevant les yeux vers lui qui s’approche d’elle petit à petit. Intimidée malgré elle, Marianne l’observe approcher à pas feutrés et retient son souffle, ses yeux et son menton pointant progressivement vers le sol. Elle peut presque sentir son souffle chaud s’écraser sur sa peau, la chaleur de son corps rayonner jusqu’à elle et la petite brune se mords l’intérieur de la joue tout en évitant soigneusement son regard. Il la met mal à l’aise, l’intimide. Elle ne le connait pas assez –pas du tout d’ailleurs- pour prévoir sa prochaine réaction et même s’il lui semble moins menaçant à présent, elle ne peut s’empêcher d’être un peu tendue. Tellement qu’un soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres fines lorsqu’il finit par prendre des nouvelles de sa main le plus naturellement du monde, comme s’ils n’avaient pas passé les dernières minutes à s’envoyer le plus d’horreurs au visage. « Oh… euh… Ouais, ça va mieux… » Elle relève les yeux vers lui, prudemment et esquisse un maigre sourire tandis que ses joues prennent encore une fois une teinte plus foncée, à la fois gênée d’avoir pu penser qu’il pourrait à nouveau se montrer désagréable, violent, et à la fois troublée par ce soudain revirement de situation, la douceur dans sa voix, sur son visage. Un visage qu’elle étudie à nouveau avec un semblant de discrétion, trop peu sans doute, et qui malgré tous ses efforts, ne lui inspire plus autant de haine. « Oui, oui… Tiens… ! » Ajoute-t-elle en lui tendant le petit paquet de fruits rendu légèrement humide par la fonte de la glace. Sa main est encore un peu douloureuse, mais moins qu’avant, elle devrait s’en sortir sans trop de dommage mais en ayant appris une bonne leçon. Quand on se bat avec un camion, on en sort rarement vainqueur… Elle le suit du regard tandis qu’il remonte à bord du camion pour y ranger les fruits et laisse échapper un petit soupir avant de jeter un regard à la montre en plastique qui orne son poignet. Il est déjà tard, trop pour qu’elle espère avoir le temps de réellement travailler sur ses cours en rentrant, pas assez pour qu’elle puisse rentrer en étant sure que sa mère sera couchée, trop avinée pour garder les yeux ouverts. Elle décide pourtant de ne pas s’attarder plus longtemps, de profiter de l’éloignement du garçon pour prendre la poudre d’escampette, clore cette rencontre sur une note positive avant que leurs caractères respectifs ne heurtent à nouveau l’un à l’autre. « Je vais y aller… » Lance-t-elle sans lui laisser le temps de descendre de son camion. Elle fait quelques pas rapides en direction de chez elle avant de se retourner vers le camion où elle peut l’apercevoir, son visage trop dévoré par l’obscurité pour qu’elle puisse deviner l’expression qui l’anime. « Merci encore… Monsieur crêpe… » Ajoute-t-elle lorsqu’elle réalise qu’elle ne connait toujours pas son prénom. Elle se retourne pour reprendre sa route et un sourire s’étire sur son visage fatigué. A bientôt.

 
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