(SAAD) TES YEUX NOIRS.

tu as commencé à flirter avec des garçons en arrivant à l'université. moins de pression sociable, moins de 'normes' à respecté pour ne pas être jugé des autres. au lycée, tu as eu quelques copines, mais rien de bien important. depuis quelques années ça t'arrives donc également d'avoir des copains, des relations qui ne durent jamais bien longtemps, au fond. sauf une. celle qui perdurait depuis presque une année déjà. tu as tout arrêté du jour au lendemain. // tu sais pas d'où tu viens, tu sais pas qui est ton père. enfin, si, depuis peu de temps. tu le sais. peillard. ce nom résonne dans ta tête, ça la fait tourner, t'essayes d'encaisser le coup. pourtant, t'as mère te l'a bien dit, que c'était pas une histoire facile, que toi t'étais juste le gosse illégitime. mais si seulement elle savait pourquoi t'as besoin de son identité. // tu as des soucis de santés. de gros soucis de santé, d'ailleurs, même si personne n'est encore au courant. officiellement, il ne s'agissait que d'une infection bactérienne remontée au niveau de tes reins, bien vite soignée et sans complications particulières. pour tout le monde, ça s'est arrêté là. rien de grave, en apparence. // ce qu'il y a de plus grave, c'est l'insuffisance rénale chronique dont tu souffres depuis quelque temps, qui a été diagnostiquée assez tardivement dans ton cas, au détour d'une prise de sang qui aurait du être sans conséquence, simplement parce que tu avais perdu un peu de poids sans trop de raisons, parce que tu étais fatigué, aussi, tout le temps. et te voilà embraqué dans une spirale infernale, celle des consultations à l'hôpital à répétitions. // tu commences à t'isoler, tu ne veux faire souffrir personne. tu ne comprends pas encore que ce n'est pas ce qu'il faut faire, mais tu es fixé dans ton idée que tu vas faire du mal autour de toi, et tu ne souhaites surtout pas faire du mal. à quiconque. encore moins à ta mère. encore moins aux personnes que tu aimes. // tu dois te faire greffer. tu le sais. les dialyses ne suffiront plus, d'ici quelque temps. ce ne sera plus gérable. ni pour toi, ni pour ton corps déjà trop affaiblit. ta mère est trop âgée pour ça. et ta seule chance, à l'heure actuelle, se résume à une fratrie que tu ne connais pas, qui ne va sans doute pas t’accueillir avec de et larges grands sourires.