tard dans la nuit (baptou)

y'a cette démarche maladroite, avec ses talons qui claquent d'une façon irrégulière, presque chaotique sur le sol. y'a ces rires qui s'échappent d'entre ses lèvres, sans aucune réelle raison si ce n'est les shots dégueulasses accumulés dans la soirée. sur le chemin, y'a sa main qui attrape celle de baptiste, automatiquement, elle espère obtenir un peu plus de stabilité, parce qu'évidemment, elle s'en rend bien compte, qu'elle marche mal, qu'elle risque de s'échouer par terre à chaque seconde. "je sais pas comment je vais aller en cours demain matin, je suis morte" elle lance, conscience qu'elle enchaîne les mauvaises décisions et les plans foireux. et ils arrivent devant la porte. et thelma tente d'agripper son sac, pour chercher les clés, dedans, mais, problème de gravité, le sac tombe à terre. "merde, j'suis trop conne" elle lance spontanément, dépitée de sa maladresse. elle s'abaisse, fouille dans le sac par terre. "je crois que j'ai pas mes... mes clés" elle fronce les sourcils, fouille un peu mieux dans son bric-à-brac, et elle s'énerve, la gamine, parce qu'elle se connait, et qu'elle est tête-en-l'air, et qu'elle finit toujours par tout perdre, et elle s'en veut, déjà. "putain baptiste je les ai pas" elle se rassure quand même en touchant son portable et son porte-monnaie dans le sac, des choses qu'elle n'aura pas égaré ce soir. et la pluie qui dégringole, elle abdique, thelma. "t'as les tiennes?"

il a l'impression qu'un lion est entrain de rugir dans sa tête, Baptiste. ça résonne dans les cavités, ça vient troubler son équilibre et ses capacités mentales. puis y'a les rires de Thelma qui ponctuent ses pas désordonnés et ça le fait sourire le gosse, il aime savoir qu'elle est là avec lui, qu'elle se raccroche à sa main pour ne pas tomber, même s'il n'est pas beaucoup plus stable qu'elle. il la serre fort le brun, il a envie qu'elle reste avec lui, comme ça, toujours. c'est un petit plaisir dérobé, s'il ne peut agir de cette façon devant son meilleur ami, il profite de son absence pour se rapprocher de sa nana. ils se sont enfilés un petit mètre de shoots à deux, sous les yeux de Bastien qui bossait ce soir. il a gardé ses distances, en bon ami qui se respecte, mais les résolutions finissent toujours par retomber. "tsais j'le saurai quand tu seras morte, toute la rue le saura." qu'il la vanne, c'est gratuit, c'est sympa, mais c'est vrai qu'elle est bruyante, Thelma et qu'ses talons qui martèlent les pavés, ça lui embrouille la tête. Thelma fait tomber son sac par terre et Baptiste, il peut pas s'empêcher d'éclater de rire en la voyant aussi atteinte. enfin, jusqu'à ce qu'elle lâche sa main et recommence à se dévaloriser, ça a le don de le rendre triste Baptiste, il a envie de lui dire à quel point elle est merveilleuse, à chaque fois que ça arrive, mais il peut pas, il peut pas faire des avances à la meuf de son meilleur pote, alors il se tait et tente d'ignorer la fraîcheur qui s’abat sur sa main et la regarde, impuissant, entrer dans un état de panique. Thelma se retrouve par terre à fouiller dans son sac, elle le retourne dans tous les sens pour en venir à la conclusion qu'elle a pas de quoi ouvrir la porte. c'est à ce moment-là qu'il réalise, le brun, qu'ils sont déjà arrivés. "attends." la pluie se met à tomber, de plus en plus fort, et tout ce que Baptiste trouve à faire, c'est de se marrer, en secouant son popotin, comme s'il faisait l’hélico devant une assemblée de nonnes. parce que le brun il est prévoyant voyez. le voilà qui commence à déboutonner l'unique bouton de son jean, sauf que c'est compliqué avec les shots qu'il s'est enfilé alors ça prend du temps. et puis il se marre tout seul, parce qu'il imagine la gueule que doit tirer Thelma. hop, il tire le zip et passe la main dans son boxer oklm, pour ressortir victorieux le précieux trousseau de clés qui avait côtoyé son engin toute la soirée. prévoyant j'vous disais. "putain, ça m'as fait une marque cette connerie." qu'il grogne, parce que ça lui a fait moitié mal quand il l'a décollé. puis il relève la tête en direction de Thelma qui s'est relevée, avec son sourire de gamin. "heureusement que j'suis là, hein." qu'il lache tout fier. voilà qu'une idée germe dans son esprit alcoolisé, il en trépigne presque. "dis le, que tu serais perdue et que tu pourrais rien faire sans moi. et j'ouvre la porte." le chantage est lancé, petit sourire en coin, avec l'étincelle dans les yeux. il secoue les clés à côté de sa tête le gosse, comme pour la narguer, le pantalon toujours dé-zippé. il est tellement content de lui que la commissure de ses lèvres n'est pas loin de craquer. "Baptiste, mon héro." qu'il s'écrie théâtralement avec une voix de fillette, battement de cils inclut.

la panique qui la gagne rapidement, parce que cette carapace qu'elle maintient en permanence, pour paraître grande et forte, digne des cartier, elle s'évapore aussi rapidement que ça avec quelques verres, et il reste que thelma, thelma et ses pensées un peu sombres, qu'elle a plus peur d'partager. elle s'imagine déjà devoir appeler bastien pour qu'ils viennent à leur secours, ou déranger louise ou paul, ce genre de choses.
et baptiste parle, et thelma saisit pas franchement ce qu'il fait, ni ce qu'elle doit attendre, et elle comprend encore moins quand il se déboutonne son jean. elle se demande, un instant, si c'est une avance un peu tordue de baptiste. encore plus quand sa main rentre dans son boxer. "qu'est-ce que tu fous?" c'est le seul truc qu'elle est capable de dire, là, et le pire, c'est qu'elle garde les yeux fixés sur lui, par curiosité, un peu. putain de baptiste, elle se dit. ça n'en finira jamais, avec lui. et il sort les clés. et thelma éclate de rire. putain de baptiste. elle reprend son sac, se relève, prête à rentrer, mais, évidemment, rien n'est aussi simple. elle fronce les sourcils, tente d'assimiler les mots qu'il dit, parce que, la phrase commence à être assez longue, et les capacités attentionnelles de thelma relativement restreintes dans cet état. le paradoxe le plus totale, thelma, qui a une piètre opinion d'elle-même, a quand même cette foutue fierté qui fait qu'elle ne se soumettra pas à baptiste. "t'es pas crédible baptiste" elle s'avance un peu, sourire aux lèvres, l'innocence incarnée alors que ses mains frôlent son pantalon. "je propose qu'on ne perde pas de temps" elle lance, yeux dans les yeux, parce que, mine de rien, ça lui a toujours plu de jouer avec baptiste. ses doigts agrippent les bouts de son jean pour le reboutonner. "tu sais très bien que j'vais pas le dire" et honnêtement, l'idée de dormir sous la pluie la dérange pas plus que ça, dans cet état-là. elle remonte le zip, travail fini. "t'es déjà plus crédible comme ça" elle rigole, un peu. et ses doigts dévalent le bras de baptiste, et elle ne le quitte pas des yeux. elle aimerait bien que ça se passe comme dans ces films-là, qu'elle ait un pouvoir de séduction si immense qu'il lâche les clés, comme ça, dans sa main parce qu'elle plante son regard dans le sien, qu'il se retrouve incapable de parler, ce genre de choses. ce genre de choses qui n'arrivent sans doute que dans les films. mais l'alcool augmente la confiance en soi, parfois, et elle se dit, pourquoi pas. même si ça reste assez maladroit, parce qu'elle tangue un peu à gauche, un peu à droite, mais peu importe, y'a son regard planté, qui n'attend que la soumission de baptiste. "donne moi les clés et on rentre" elle souffle, doucement.