(emma) - on ne peut pas plaire à tout le monde.

« mike on ferme dans cinq minutes », que tu cries en direction d’un petit jeune qui a pris pour habitude depuis un certain temps de venir squatter le garage après ses cours. à ce qu’il parait il voudrait par la suite bosser dans ce domaine quand il sera plus grand, alors il veut se familiariser un peu. ouais, ouais, qu’il te répond et tu sais que toi ou un autre gars devra insister pour qu’il se bouge les fesses pour sortir. bref, tu n’avais plus rien de spécial à faire, alors tu prends ton téléphone et tu hésites à envoyer un message à côme, pour lui demander s’il était possible que vous vous voyez. depuis la dernière fois chez lui, vous ne vous êtes parlé. tu préférais laisser du temps au temps. mais tu sais également qu’il ne faut pas trop en laisser pour ne pas laisser les rancœurs s’installer. t’étais tellement préoccupé par ce texto que tu ne sais pas comment écrire, que tu n’avais pas vu la demoiselle rentrer dans le garage. tu lèves la tête. techniquement, c’est fermé dans deux minutes, mais assez régulièrement vous restez un petit peu plus longtemps lorsqu’il y a du monde. tu t’apprêtais à lui demander ce qu’elle voulait, quand tu la reconnus, et instinctivement tu n’avais plus envie d’être aussi gentil et serviable que tu as l’habitude de l’être avec les clients. « on va fermer, il faudra revenir demain », que tu lui lances et tu te dis qu’heureusement que ton patron n’est pas derrière toi, car il t’aurait certainement fait un cours sur la courtoisie envers les clients. d’ordinaire tu l’es. tout le temps. mais il y a des personnes avec qui tu ne pas te forcer, avec qui tu ne peux faire semblant. et elle, elle en fait partie. tu ne l’as connait pas plus que ça au fond. en vrai tu ne la connais pas du tout, mais la première fois que tu l’as vu, elle défendait envers et contre tout son frère. un frère avec qui tu avais eu une embrouille, un truc pourris tu supposes car ça ne t’as pas franchement marqué. mais la frangine est intervenue, comme pour en rajouter. et depuis, tu peux plus te la voir, son caractère, son attitude, elle. et tu ne demandes comment ça se fait que tu croises toujours les personnes que tu n’as pas réellement envie de voir. comme si bordeaux n’était pas assez grand pour pouvoir éviter toutes les personnes que tu ne veux pas voir.