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en travers les néons (sinbad)

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MessageSujet: en travers les néons (sinbad) en travers les néons (sinbad) EmptyLun 18 Sep - 14:40

Dès qu'elle atterrit quelque part, à Roubaix comme à l'autre bout de la planète, c'est au bar que Lola échoue en premier. Mieux qu'un consulat, qu'une ambassade, c'est un refuge universel qui ne connaît ni les barrières de la langue ni les différences culturelles : n'importe où dans le monde, il y a l'effervescence d'une foule là pour s'amuser, un crachin musical pour accompagner la boisson et de quoi tout oublier jusqu'au lendemain. Lola, elle en connaît des bars, des pubs, des clubs, des aimants à bobos aux troquets glauques réservés à des habitués peu regardants, et à chaque fois qu'elle sent son moral en berne, c'est là-bas qu'elle se dirige. Dans un putain de bar, visant à putain de raccommoder son humeur jusqu'à retrouver la vraie. La pétillante, la survoltée, l'exaltée, celle qui vit (et rit) à gorge déployée, se fiche des regards et des convenances et boit jusqu'à danser toute la nuit et confier son existence entière à d'illustres inconnus. Ce soir ne fait pas exception à la règle. Lola a peint toute la putain de journée. Ou du moins, elle a essayé de peindre toute la journée, de sentir la magie opérer au bout de ses phalanges fébriles et de laisser son coeur saigner sur la toile jusqu'à ce que l'inspiration la prenne brutalement pour ne plus la relâcher jusqu'au lendemain.
Mais ça ne marche pas, et ça l'énerve.
C'est frustrant, de perdre ce qu'elle croyait acquis, facile, organique. Surtout sans ne rien avoir demandé. Lolita n'a jamais demandé à être une artiste cotée, à devoir vendre des tableaux et lire les critiques fucked up et dithyrambiques concoctées par une élite snob qui n'a manifestement rien compris à ses oeuvres. Elle n'a pas demandé à se coltiner les bourgeois ravis de l'inviter à leurs réceptions comme un soupçon d'exotisme et les entendre vanter les mérites de cette pauvre enfant de Roubaix, comme s'ils la titillaient on purpose juste assez pour la voir s'emporter dans le genre d'excentricités d'artiste qui anime une morne soirée. Lola, elle a toujours peint pour elle et seulement elle, comme une passion qui serait moins belle une fois monétisée mais il a fallu que princesse Arthur n'en fasse qu'à sa tête, estimant qu'un chagrin d'amour s'envolerait plus vite, chassé par le succès. Et maintenant, c'est sa putain de faute si son pinceau refuse de produire quoi que ce soit, si elle bouffe presque sa petite culotte de frustration et si elle passe son temps à repeindre les murs pour occuper des mains désœuvrées. Le pire ? C'est encore la faute d'Arthur qui, dans une de ses entreprises de diva, à décidé après quelques verres de Chardonnay qu'il lui fallait conquérir Jules à nouveau et qu'elle était manifestement de trop. Il lui a fait comprendre avec toute son absence de subtilité naturelle, dans une attitude singulière empruntée à ses deux idoles : la froideur tempétueuse de Catherine Deneuve et les caprices de star de Barbra Streisand. Elle a roulé des billes, Lola, terminé cul sec son verre de l'un des centaines de grand cru dont recèle cette cave supposée lui appartenir et cherché une forme de soutien dans le regard fuyant de Jules, manifestement trop ivre pour prendre parti. Bien. Son meilleur ami la vire d'un château à seize chambres au lieu de, juste, s'éclipser en bonne compagnie à l'étage. Très bien. En règle générale, Lola n'aurait pas cédé. Elle lui aurait balancé une politesse quelconque sans offrir le moindre centimètres de reddition mais étrangement ce soir, elle abandonne. Parce qu'Arthur la boude suffisamment comme un gosse de huit ans pour aggraver le délitement de leur relation qu'elle n'arrive pas à saisir, puisque ce qu'ils sont, ce qu'ils font, c'est ce qu'il a voulu. Ugh.
Elle se casse Lola, le sang déjà saturé d'alcool et le corps constellé de tâches de peinture jusqu'à ses fringues, cette immense chemise qui ne lui appartient pas, à moitié rentrée dans un jean étroit. Et c'est au bar qu'elle échoue, naturellement, toujours le même - par habitude - mais aussi parce qu'ici, elle ne connaît pas grand monde et qu'il serait temps de remédier à cette disette sociale. Lola enchaîne les verres et les discussions éphémères avec une foule qui l'est tout autant. Il y a ceux qui ont mieux à faire, un rendez-vous à honorer, ceux qui se barrent en réalisant qu'elle n'est pas décidée à les suivre hors d'ici avant de retrouver ce qu'elle a égaré et ceux qui restent jusqu'à ce que leurs amis débarquent bruyamment. Elle s'en fout, Lola, ça lui suffit de partager des rires et des mots, même pour quelques secondes, de trinquer, de sourire, de parler et d'écouter. Mais il y a toujours des moments de battement, dans l'euphorie des rencontres éphémères et elle est justement en train d'en vivre un : mais ça ne fait rien. Un sourire fluorescent barre ses lèvres pleines, l'alcool a teinté ses joues pâles d'un joli bois de rose qui se marie à merveille avec les teintes chaudes de peinture échouées ici et là et sérieusement, elle a presque mis la main sur sa joie de vivre envolée et s'apprête à se la cheviller au corps comme un Peter pan qui aurait grandi. Il serait peut-être temps de rompre le charme, de saisir à bras-le-corps l'inspiration qui lui fait défaut, aidée par les embruns alcoolisés pour rentrer et en découdre avec une énième toile gâchée. Mais le regard de l'homme derrière le comptoir accroche sa peau et c'en est fini d'elle : Lola est repartie pour un tour. Elle recherche le contact, ancre ses yeux lagons dans les siens et laisse agilement son verre vide glisser jusqu'à lui : "Tiens, surprends-moi." réclame la blonde de sa voix gourmande, l'âme par-dessus le corps et les paumes ouvertes.
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MessageSujet: Re: en travers les néons (sinbad) en travers les néons (sinbad) EmptyLun 18 Sep - 15:57

Il a les yeux fermés, Sinbad, et pourtant les lumières continuent de danser à travers ses paupières, décidément pas assez épaisses. Ou plutôt il a la sensation, l’illusion de lumières, Sinbad. Les lumières, il n’y en a pas. La seule source lumineuse qui pourrait potentiellement l’atteindre et le faible faisceau du rayon de soleil qui passe entre ces deux rideaux sombres pas collés l’un à l’autre à la perfection, et encore le reflet luminescent est bien trop faible, bien trop fin pour réellement le déranger. Si son monde est actuellement coloré, néons douteux phosphorescents aux couleurs criardes qui ne cessent de grésiller créant des formes abstraites que ses prunelles pensent apercevoir, c’est seulement à cause de ce cerveau malade, ce cerveau inhibé de toute logique, alors qu’il baigne encore dans l’éthanol. Cerveau malade qu’il rend encore plus malade. Nausée désabusée, mal de terre constant comme s’il était né sirène. Ses globes oculaires sautent et tressautent, faisant tressaillir la fine peau censée les recouvrir et les protéger, signe indéniable qu’il ne dort pas bien, le prince. Qu’il va se réveiller encore plus fatigué qu’il n’est allé se coucher. Sauf qu’il n’était absolument pas fatigué au moment où il s’est écroulé dans son lit, tout habillé, sur les draps et couvertures pas faits, même si Morphée s’est empressée de l’accueillir dans ses bras bien séduisants. Il est allé se coucher complètement déchaîné, hyperactivité exacerbée à cause de ses cinq sens presque aussi ivres que lui-même, hyperactivité non comblée pour la soirée, qui risque de laisser une certaine frustration sous la sensation d’une migraine importante. D’ailleurs, le fou se réveille. Le fou se réveille parce que cela n’a jamais cessé de marteler dans son esprit, comme si les conversations incessantes qui forment un brouhaha diffus, qui prend possession de votre conscience comme une bruine bretonne fine peut pénétrer chaque pore de votre peau et vous geler jusqu’au plus profond de vos os, l’avaient suivi jusqu’à chez lui, jusqu’à dans sa chambre. Mais cela aussi, comme ces néons fictifs d’une boîte de strip tease douteuse, c’est purement le fruit de son imagination sans limite. Il se réveille d’un coup, les paupières sautant pour révéler des opales bruns, couverts d’un épais brouillard à cause d’un sommeil brut et de l’alcool qui parcourt toujours ses veines, alors que cela résonne d’une manière assourdissante. Ce bruit inexistant en vérité mais bien véridique dans sa réalité le fait gémir. Il gémit et se redresse pour foutre sa tête dans ses mains, comme si cela allait pouvoir arranger quelque chose. Essai illusoire et désespéré d’un grand malade. Tout ce qu’il réussit à faire, c’est se donner la nausée. Alors il se lève. Il se lève douloureusement et descend les escaliers, sans se casser la tronche par le plus grand des miracles, qui mènent jusqu’à la cuisine. Il chope un verre d’eau et un comprimé, qu’il fout immédiatement dans sa bouche. Automatisme assuré d’un homme qui se met trop souvent dans tous ses états. Il n’a pas besoin de regarder autour de lui, Sinbad – et de toute manière il évite de faire des mouvements brusques –, pour savoir qu’il n’y a personne dans son grand appartement. Pas de Thomas, encore moins d’Astrée. Pas étonnant vu l’heure, ils sont allés bosser. En tout cas, il l’espère. Parce que même s’il fait confiance à ses employés, c’est toujours mieux lorsqu’il y a un des deux confrères présents dans la brasserie. Sinbad il gémit, il grogne une dernière fois, avant de faire hurler ses muscles et ses articulations.

Une douche, un coup de peigne, des fringues propres et nouvelles, de la malbouffe rapide, et Sinbad est reparti sur les rails. C’est presque frais qu’il débarque à la Soulacaise, l’air probablement un peu plus fatigué qu’il cache d’abord avec ses éternelles lunettes de soleil. L’immortel sourire plaqué sur les lèvres, mais sincère, alors qu’il est toujours aussi heureux de foutre les pieds dans le bar, dans son bar, dans ce bébé qu’il a construit de toutes pièces, mais avec l’argent de papa et maman, avec son meilleur ami. Le spacieux hangar retapé et méconnaissable est déjà grouillant de vie, et ce bruit vient le bercer, ne faire plus qu’un avec les coups de marteaux qui ont décidé à diminuer la puissance de leurs percussions. Il n’attend pas plus longtemps pour se mêler à la foule et commencer à faire ce boulot, qui lui semble plutôt être une passion de vie qu’un réel métier. Le temps passe, le temps s’écoule, et il ne s’emmerde pas un seul instant.
Il est derrière le bar lorsque la gamine arrive. Enfin, gamine qui peut très bien être plus âgée que lui, en réalité. Elle est jolie, Lola, qu’il croit qu’elle s’appelle. Elle est jolie, mais surtout elle l’intrigue légèrement. Elle vient s’égarer dans son antre régulièrement, elle ne refuse pas de se mêler aux autres, à la bonne humeur constante, et pourtant elle semble toujours un peu à part. Puis, Sinbad, petit prince qu’il est, il aime quand tout est propre et clean, il n’aime pas la crasse, celle qu’on peut trouver dans la rue par exemple, toutefois les tâches de peinture qui colorent l’image de la petite blonde ne le dégoûtent pas, au contraire elles attrapent et attachent son attention. Peut-être pose-t-il son regard plus longtemps que nécessaire sur cette palette de couleurs que ses vêtements représentent, sans compter le doux rose qui est venu teinter ses frêles pommettes, alors qu’il se perd dans ses pensées. Peut-être c’est pour cela qu’elle vient finalement lui adresser la parole, et il sourit, posant son verre qu’il était entrain d’essuyer. « Je pourrais te surprendre, en te servant de l’eau par exemple, mais tu ne risques pas d’apprécier. » Il la taquine, Sinbad. Il lui fait même un petit clin d’œil alors qu’il attrape son verre avec plaisir, et lui sert une autre bière, cette bière qu’ils ont inventé à coups de grosses gouttes avec Thomas et qui fait leur fierté, avant d’y foutre une paille et une brochette de bonbons dedans, souriant comme un con en espérant l’avoir surprise comme elle le voulait. Il attrape d’un geste expert les différents verres qui brillent maintenant de mille feux, pour se retrouver rapidement, les mettre sur leur étagère, et revenir vers la jolie Lolita. « T’es la descendance même d’un arc-en-ciel ? » Il vient pointer les différentes tâches évidentes qu’elle a partout, ressemblant presque à un mignon dalmatien qui est enfin sorti de son film en noir et blanc, et il ne perd pas un seul instant son sourire alors qu’il se sert lui-même une pinte, la première de la soirée, déjà pas très frais. Ou du moins aussi frais que la blonde devenue rosée pour la soirée.
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