une nuit perdue sous les étoiles. (camille)

C'est un jour comme un autre. La plupart des jeunes sont sortis en boîte de nuit parce que c'est ce qu'on fait toujours le jeudi. Les étudiants rigolent un peu trop fort dans les rues de Bordeaux. Certains complètement ivres t'interpellent et tu te contentes de lever les yeux au ciel en fouillant dans ton téléphone portable à la recherche d'un nouveau son sur lequel balancer la tête. T'es pas du genre trouillarde et heureusement parce qu'à une heure aussi avancée de la nuit, on en croise des tarés. Tu les vois ceux qui ont trop bu, ils titubent et tu resserres la mâchoire dans l'espoir qu'ils ne se cassent pas la gueule devant toi. T'as pas envie de jouer au bon samaritain cette nuit. Tu serais prête à les laisser crever sur le bord du trottoir s'il le fallait. C'est nul et un peu égoïste de ta part mais, tu te dis qu'au bout d'un moment, ça sera chacun pour sa peau et ces pauvres vieux, faudra bien qu'ils apprennent à s'en sortir par leurs propres moyens. Toi, t'as grandi trop vite. C'est vrai que tu t'amuses de temps en temps. Oui, tu aimes danser au beau milieu de la piste après avoir bu une petite bière au comptoir. Cela n'empêche que toi, tu sais te tenir et en particulier sur la voie publique. Les écouteurs dans les oreilles, la clope entre les doigts, tu presses la marche parce que le froid commence à se faire ressentir. Tu ne sais pas encore si tu vas rentrer dormir ou errer dans un coin jusqu'à ce que le petit matin se lève. La question reste encore en suspens et tu te contentes de te laisser guider par tes pas qui te conduisent loin de tout ce monde de débauche.

Je suis parti tôt de la discothèque. Cette fameuse boîte de nuit qu'on appelle La Plage, je me demande pourquoi d'ailleurs. En tout cas, c'est la plus grande boîte d'Aquitaine et j'y suis devenu un habitué à force d'y aller chaque soir. A côté de ça, il y a des dizaines et des dizaines de pub. Mais, ce soir, je n'ai pas forcément l'envie de boire de l'alcool. Je préfère fumer, fumer et encore fumer. C'est pourquoi je suis sorti de la discothèque, marchant sur la voie publique, me frayant un chemin à travers les morts-ivres. Je me pose sur une marche d'escalier, roulant mon petit joint tranquillement. Celui-ci roulé, je le file dans ma bouche et l'allume. Mes yeux vont de droite à gauche, de gauche à droite, la rue n'est pas déserte mais je vois cette fille. Une jolie blonde qui marche d'un pas décidé, elle est loin de tout ces alcooliques. La femme parfaite à embêter pour moi qui m'ennuie totalement. Je tire une grosse latte à mon pétard, me dirigeant vers cette fameuse personne. Hey, hey... Bon, c'est vrai que comme ça, j'ai l'air d'être un drogué. Ce que je ne suis pas, je suis plutôt bien habillé. Normal, je sors d'une boîte de nuit. C'est dangereux de traîner seul ici la nuit... Et, j'ai pas tort. Combien y'a-t-il eu d'agressions dans ce style-là ?

Ce n'est pas que tu aimes la solitude. C'est loin d'être le cas d'ailleurs. C'est juste que parfois les gens, tu les trouves un peu lourd. Ces mecs-là qui te dévisagent de haut en bas comme si tu n'étais qu'un simple bout de viande, t'as juste envie de leur donner une patate en pleine tête. Tu te retiens parce que ton père t'a pas élevé comme ça. D'ailleurs, il a beau être boxeur et t'as beau avoir pris beaucoup de cours, c'est pas pour autant que tu règles tout avec la violence. Papa dit que la plupart du temps, les mots ont plus d'impact sur l'être humain parce que les coups, c'est bien beau mais ça fait mal sur le coup, ça s'estompe. Les mots une fois qu'ils sont sortis, il font mal à vie. Bref, tout ça pour dire que même si tu adores avoir une présence humaine à tes côtés, tu peux t'en passer pour ce soir. Pourtant, y a un gars qui t'interpelle. Comme toute fille normalement constituée, tu devrais tracer ton chemin, augmenter la musique et faire comme si de rien était. Toi, tu te tournes sans pour autant arrêter ta course. Tu marches à l'inverse, tu souris faiblement en retirant un écouteur. Hey, hey ?! Tu le questionnes du regard. Tu te demandes ce qu'il veut. Tu tires une nouvelle fois sur ta clope et tu fixes la sienne. Tu sais qu'y a pas que du tabac là-dedans, non seulement ça se voit mais ça se sent surtout. Il te fait une remarque par rapport au fait que tu sois seule et toi, tu hausses les épaules comme si de rien était. Oh, je vois... Et, c'est pas ce que tu es en train de faire actuellement ? Tu rigoles légèrement. C'est vrai après tout !

Et cette taffe qui me rend fou, me fait presque perdre les pédales. Je dois réellement arrêter. Tout. Toutes les drogues, même le cannabis. Ma santé et mon mental en pâtissent, je ne sais plus vraiment mes priorités à l'heure d'aujourd'hui. Peu importe, ce soir, j'ai l'envie d'être seul. Enfin, seul quelques minutes, jusqu'à ce que je vois cette magnifique blonde, clope au bec qui marche non loin de moi. Mon esprit de prédateur se met rapidement en route, je l'interpelle. Elle ne s'arrête pas, mais me regarde. J'aime ce genre de femmes qui sait se faire désirer et qui ne se donne pas immédiatement au premier venu. J'aime le genre de femmes qui pense pouvoir me résister, ça ne dure pas bien longtemps. Elle s'arrête, me regarde. Elle est belle, mes yeux brillent. Brillent-ils devant cette magnifique créature ou parce que je fume ? Je lui souris, sa répartie me plaît. C'est vrai, enfin je suis un garçon, c'est différent et puis maintenant, je ne suis plus seul. Parce que je sais parler aux femmes, je sais m'y prendre. Je ne suis pas le genre de mec qui drague lourdement. Enfin, je suis sûr que tu sais te défendre. Mais, je m'en voudrai de te laisser rentrer seule, si tu rentres. Je peux t'accompagner pour un bout de chemin... Une question laissée en suspend, qui attend une réponse. Positive, je l'espère. Une nouvelle taffe sur mon joint, je crache la fumée grisâtre en l'air.

Tu te promènes sans réel but, sans objectif précis. T'aimes bien faire ça de temps en temps. Ça te permet de te concentrer uniquement sur les petits détails de la nature. Tu fais abstraction à tous ces connards et ces inconnus, parce que ne stigmatisons pas pour les habitants de ce quartier, et tu te laisses guider par tes pas. Généralement ils sont seuls. Ce soir ils sont rejoins par une paire de jambe inconnue. Le type a l'air un petit peu défoncé et il ne fume pas que du tabac. Tu pourrais le regarder de haut en bas et lui demander où il veut réellement en venir. Tu pourrais l'envoyer sur les roses mais c'est clairement pas ton genre. Déjà, tu souris parce qu'à toi aussi ça t'arrives de fumer cette merde. Et puis, tu décides de le provoquer pour voir ce qu'il a à dire pour sa défense. Le stéréotype parfait de la petite blonde, fragile et innocente. C'est vrai que t'es pas une garce de première et oui, c'est dangereux de se promener seule au beau milieu de la nuit. Seulement voilà, t'as pas peur toi et puis, tu sais te défendre. Tu rigoles légèrement en secouant la tête d'un air abasourdie. Les préjugés, je rêve ! En effet, je sais me défendre mais, c'est gentil de t'inquiéter pour moi. Tu hausses les épaules et tu continues ton chemin à ses côtés tout en jetant ton mégot un peu plus loin après avoir tiré une dernière fois sur ta nicotine. Je m'appelle Anaïs. Autant que tu le saches si on doit faire un bout de chemin ensemble. Autrement dit, tu acceptes sa compagnie. Tu ne sais pas vraiment où tu vas ni même si tu comptes rentrer un jour mais, faire un bout de chemin avec ce gars là ne te parait pas une mauvaise idée pour le moment. T'es plutôt sociable au cas où se serait nécessaire de le rappeler. Et puis, il est pas mal, t'es curieuse d'en savoir davantage à son sujet.