les mots baladeurs, le regard aguicheur. (VIC)

Début de soirée. Les pupilles dilatées, tu fixes l'écran de télévision avec émerveillement, alors que les images défilent rapidement sous tes iris bleutées. T'as les crocs. Tu t'fais chier et en plus de ça, t'as pas réussi à trouver un livre intéressant dans toutes les affaires de ton sauveur. C'pas comme si tu lisais beaucoup de base, de toute manière. T'as jamais trop aimé les bouquins. Des histoires à l'eau de rose, un ramassis de conneries mis sur papier. Enfin, y'a bien deux-trois romans qui t'ont marqués, mais t'as plutôt envie de dessiner. T'as l'impression d'être un animal en cage et pourtant, tu sais que t'as pas trop le choix. T'as accepté la main tendue de Vic, parce qu'il a une belle gueule, mais aussi parce que dans le fond, t'en as clairement ta claque de vivre dehors, l'hiver approche, alors fallait bien trouver une solution. Et ce mec, il t'a proposé de t'aider, après que tu te sois fait passer à tabac dans la rue, y'a quelques jours. Il a été gentil, Vic, mais il a l'air aussi assez autoritaire, notamment lorsque tu prends un peu trop tes aises sous son regard venimeux. « Bordel, mais il finit toujours aussi tard, ce con ? » T'es en rogne, Maloë. T'as l'impression qu'il est parti depuis dix jours, le pré-trentenaire et faut avouer que t'aimerais bien qu'il rentre, là, maintenant. Pour voir sa jolie gueule. Ses fesses rebondies et ses grandes mains que t'aimerais sentir parcourir ton corps avec sensualité.

Frissonnant soudainement, tu te redresses, crevant de chaud. Faut dire que si t'arrêtais d'avoir des pensées aussi perverses, t'aurais sûrement le corps moins bouillant. Tu grognes. Tu contractes la mâchoire alors que tes doigts se glissent jusqu'à ton slim pour faire sauter le bouton et glisser le zip avec rapidité. Tu laisses tomber le bout de tissu au sol, dans un bruit de froissement désagréable, avant de retirer ton débardeur, allant tout balancer dans la machine à laver. C'pas comme si Vic t'avais pas déjà vu dans cet état. T'essaies de l'aguicher depuis qu'il t'a proposé un toit. T'as pas toujours été comme ça, mais depuis que t'es parti de chez toi, en laissant tout derrière, t'apprécies le fait de pouvoir profiter de certaines choses que la vie t'offre. Le verrou saute soudainement et tu t'étales un peu plus dans le canapé, affalé, la tête rejetée vers l'arrière. C'est lui. Il est enfin là. « Aaaah. T'es enfin là Vic … J'voulais préparer l'repas, mais … Ta gazinière elle est trop bizarre pour moi. » Tu plisses les yeux, un rictus étirant tes lèves pulpeuses alors que ton regard cherche celui du beau garçon. T'attends simplement, p't'être qu'il va te proposer de te montrer et tu pourras te glisser contre lui, pour le titiller un peu, le con.